Silence dans les champs, de Nicolas Legendre, éditions Arthaud.

Une claque.

On a beau ne pas être né de la dernière pluie, avoir lu sur le sujet, dont la BD Algues vertes d’Inès Léraud, vu le film de Pierre Jolivet qui en a été tiré, ce livre est une claque. Dès les premières pages.

Florilège:

– «On paye cher, nous les paysans bretons, pour que d’autres soient riches».

– «Ca fait 40 ans qu’on dit qu’il faut changer le système et que la FNSEA nous répond: Laissez-nous le temps».

– Des agriculteurs qui ont 4 millions d’euros de prêts sur le dos: les banques se frottent les mains.

– 15% de petites et moyennes fermes que le système pousse à faire faillite, pour être rachetées par les plus gros.

– Des paysans qui ne peuvent pas quitter la coopérative qui les exploite, sous peine de représailles.

– Des abattoirs qui pratiquent des conditions de travail indignes.

– Des menaces de tous ordres pour ceux qui osent dénoncer le système ou refusent de s’y plier: roues de voiture à moitié déboulonnées, campagnes de calomnies, vie privée attaquée, prêts bancaires refusés, antibiotiques déposées de nuit dans les tanks de lait pour les rendre impropre à la vente, animaux de compagnie trucidés, cheptel sciemment contaminé qui sera ensuite abattu…

Des méthodes de mafieux et en face, l’omerta, parce que la peur: l’agro-industrie en Bretagne fait des ravages et a créé un système féodal, avec d’un côté, les agriculteurs, de l’autre, les coopératives, les abattoirs, la FNSEA et les banques qui les tiennent sous leur coupe.

Pour mémoire, la Bretagne compte 3,3 millions d’habitants et produit chaque année de quoi nourrir 22 millions de personnes.

Journaliste au Monde et fils de paysan breton, Nicolas Legendre a reçu le prix Albert Londres 2023 pour son livre Silence dans les champs ( Arthaud), deux ans d’enquêtes sur le terrain, qui donnent froid dans le dos. Comme quoi tous les journalistes en sont pas des vendus.

Une lecture indispensable pour ne pas lâcher nos agriculteurs: on a besoin les uns des autres pour faire sauter ce système productiviste, toxique et mortifère.

Le livre:

Sophie Denis, en exclusivité pour le JDBN.

À propos de notre lectrice:

Sophie Denis.

Taureau ascendant Bélier.

Aime les chats, même moches, l’océan, même l’hiver, et les livres, quels que soient leur sujet.

Possède le même nom que la créatrice du JDBN, mais c’est un pur hasard. D’ailleurs, elle n’est pas voyante, plutôt myope comme une taupe.

Journaliste en tourisme et art de vivre, caresse l’espoir de publier un jour les histoires qu’elle aime raconter: à ce jour, un roman et cinq pièces de théâtre.

A rejoint l’équipe du JDBN car elle est convaincue qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien. Ca devrait même être obligatoire. Comme le rire, qui nous aide à nous libérer de nos peurs.

Ah, et puis tiens, comme elle est bavarde, elle a aussi un blog : https://www.laraconteusedhistoires.fr/

source: JDBN – crédits photos: capture – pixabay