Pourquoi la Saint-Valentin est-elle la fête des amoureux ? Cette tradition, qui remonte à l’Antiquité, s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui avec une foule de symboles.

 

Quelles sont les origines de la Saint-Valentin ? La fête des amoureux, célébrée le 14 février, est parfois perçue comme un événement commercial et superficiel. Pourtant, la tradition de la Saint-Valentin est bien ancrée en France puisque près de 60 % de nos concitoyens la célèbre chaque année. Ce jour n’est donc pas comme les autres pour les couples. Voici pourquoi le 14 février est devenu le jour des amoureux.

 

Pourquoi le 14 février ? Une fête remontant à l’Antiquité

La date à laquelle nous fêtons la Saint-Valentin est un héritage de la Rome Antique. Organisées tous les 15 février, les Lupercales célèbrent alors Faunus Lupercus, dieu de la fécondité, des bergers et des troupeaux. Rite de purification, organisé à la fin de l’année romaine (qui commence le 1er mars), cette fête païenne se déroule en trois étapes. Tout d’abord, les prêtres sacrifient un bouc dans la grotte du Lupercal (au flanc du Mont Palatin), où, selon la légende, la louve allaita les fondateurs de Rome Romulus et Rémus. Ils enduisent ensuite de jeunes gens issus de familles nobles du sang du sacrifice dans un cérémonial qui symbolise la purification des bergers.

 

S’ensuit la « course des luperques », pendant laquelle les prêtres et les jeunes gens, couverts de la peau des bêtes sacrifiées, courent dans les rues de la ville et fouettent les passants avec des lanières découpées dans la peau du même animal. Les femmes, en particulier, se placent sur leur trajet, dans l’espoir d’avoir une grossesse heureuse et un accouchement sans douleur. Enfin, les célébrations se terminent par un grand banquet, au cours duquel les jeunes hommes tirent au sort leur compagne pour la soirée. Une pratique qui entraîne parfois la formation de couples durables et conduit mène au mariage.

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Au coeur de la Saint-Valentin : la fertilité © Fotolia

Une commémoration chrétienne

La légende raconte que la Saint-Valentin n’a été instituée par l’Eglise que pour contrer les fêtes païennes. L’hypothèse n’est pourtant attestée par aucune source écrite de l’époque. Seul fait certain : à la fin du Ve siècle, les Lupercales sont l’un des derniers rites païens encore observés dans une Rome majoritairement chrétienne. Le pape Gélase Ier envoie alors une « lettre contre les Lupercales » au sénateur Andromaque, qui manifestait un certain attachement à cette fête traditionnelle. Dans cette lettre, il critique les comportements immoraux qui ont lieu pendant cette célébration, se moque des superstitions des chrétiens qui honorent les démons pour écarter le mauvais sort et souligne que ces célébrations n’ont pas empêché les épidémies vingt ans plus tôt. Cependant, contrairement aux idées reçues, le pape n’a pas interdit cette fête païenne : il s’est contenté de montrer la contradiction qu’il y a entre la foi chrétienne et la célébration des Lupercales. Gélase choisit de commémorer, le 14 février, Saint Valentin, qui devient le saint patron des amoureux.

 

Qui était Valentin ? Un prêtre romain du IIIe siècle ?

Les points de vue des historiens divergent quant à l’identité de Valentin. En effet, pas moins de sept saints répondent à ce nom et sont fêtés le 14 février. Voici trois d’entre eux.

La premier Valentin cité dans les martyrologes à la date du 14 février est un prêtre romain du IIIe siècle. Il vit sous le règne de Claude II le Gothique, empereur païen qui, pendant son court règne (268-270), est engagé dans de sanglantes campagnes militaires. En 268, sous prétexte de ménager les forces des hommes en âge de combattre, il leur interdit le mariage. Mais les jeunes gens continuent à recevoir en secret la bénédiction du mariage, grâce au prêtre Valentin. Ce dernier est bientôt démasqué et emprisonné. Alors qu’il est en captivité, Valentin fait la connaissance d’Augustine, la fille de son geôlier. La légende raconte qu’il redonne la vue à la jeune femme aveugle. Dès lors, elle prend soin de lui : reconnaissant, il lui envoie un message avant d’être exécuté, signé « Ton Valentin « . C’est de cette épisode que serait issue la coutume de s’envoyer des messages à l’occasion de la Saint-Valentin. Mort martyr, décapité à Rome vers 270, il est enterré sur la voie Flaminienne, où lui est par la suite rendu un culte. Considéré comme le saint patron des amoureux depuis le XVe siècle, ce personnage est souvent confondu avec l’évêque de Terni, qui connut le même sort.

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Qui était Saint Valentin ? © Fotolia

Valentin, un évêque de Terni ?

La deuxième possibilité concerne un personnage qui vécut à la même époque que le premier Valentin, avec qui il est souvent confondu. Consacré évêque de Terni, en Ombrie, en 203, le second Valentin est présenté comme un grand thaumaturge, un faiseur de miracles. Réputé pour ses dons de guérisseur, il est appelé à Rome par le philosophe païen Craton, dont le fils est atteint d’une maladie incurable. Valentin le guérit et obtient, en échange, la conversion de toute la famille au christianisme. La nouvelle de cette guérison miraculeuse entraîne de nombreuses autres conversions. Placide, le préfet de Rome, fait alors mettre à mort Valentin pour avoir mis ses pouvoirs au service des chrétiens et troublé le culte impérial. Ce dernier est décapité à Rome, vers 273. Il semblerait qu’une confusion entre différentes légendes du Moyen-Âge l’aurait fait devenir patron des amoureux.

 

Valentin, un missionnaire de Rhétie ?

Quant à Valentin de Rhétie, son association avec la fête des amoureux résulte d’une confusion avec ses homonymes. Evêque missionnaire qui vécut en Rhétie, dans les Alpes centrales, il est célébré en Allemagne tous les 14 février. D’abord moine dans un monastère, il fait bâtir une église à Maïs où il vit toute sa vie. Protecteur des épileptiques, il est généralement représenté avec un enfant épileptique étendu à ses pieds. Le lien avec la fête des amoureux provient, cette fois encore, d’une confusion qui remonte certainement au Moyen-Age.

 

Saint Valentin est représenté pour la première fois dans un livre du XVe siècle, « The Nuremberg Chronicle, the great picture book », ouvrage qui le présente comme le premier Valentin, mort sous le règne de Claude II. L’édition latine précise qu’il est fêté le 16 mars, contrairement à l’édition allemande, publiée postérieurement, qui date sa fête au 14 février.

 

La fête des amoureux : un Valentin tiré au sort 

L’association de la Saint-Valentin à la fête des amoureux est plus tardive : elle remonte au Moyen-Age. A cette époque, la tradition veut que les jeunes gens s’adonnent à une forme de « loterie de l’amour », pratique héritée des tirages au sort des Lupercales.

 

Au Moyen-Age, tous les 14 février, les jeunes gens tiraient au sort le nom de leur compagne et l’accrochaient à leur manche pendant la durée des fêtes (une semaine). Par la suite, le « Valentin » est devenu le cavalier qu’une jeune fille choisissait pour l’accompagner le premier dimanche de Carême, lors de la fête des « Brandons ». Cette fête consistait en une procession, pendant laquelle la foule parcourait la campagne et chassait, grâce à ses brandons (sorte de torche, faite de brins de pailles entortillés), les mulots, les taupes et les mauvaises herbes des champs et garantissaient de bonnes récoltes pour l’année suivante.

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Une tradition du Moyen-Âge © Fotolia

 

Valentine

La « Valentine » désignait, à l’origine, le message d’amour ou d’amitié que l’on s’envoyait à l’occasion de la Saint-Valentin, jour où, croyait-on, les oiseaux migraient. C’est en Angleterre, au XIVe siècle, que cette coutume est apparue. Elle est ainsi mentionnée par Geoffrey Chaucer dans ses écrits. En France, cette pratique a été ramenée au XVe siècle, par Charles d’Orléans. Ce dernier, à la suite de la défaite d’Azincourt, en 1415, avait été gardé prisonnier 25 ans en Angleterre. A son retour, il institue officiellement cette pratique à la Cour de France : il sera désormais d’usage, le jour de la Saint-Valentin, d’envoyer à sa bien-aimée un tendre message amoureux. Ce n’est qu’à la fin du XVe siècle (1496) que la Saint-Valentin est officiellement instituée fête des amoureux. Au XVIIIe siècle apparaissent les premières cartes décorées de cœurs et de cupidons. Un siècle plus tard, ce sont les Valentines imprimées de poèmes qui se répandent dans toute l’Europe.

 

Les symboles de la Saint-Valentin : Cupidon

Dans la mythologie romaine, Cupidon est l’équivalent du dieu grec de l’amour Eros. Désir amoureux personnifié, Cupidon (du latin cupido, le désir) est souvent représenté sous la forme d’un enfant, armé d’un arc et d’un carquois rempli de flèches, fidèle compagnon de sa mère Vénus, déesse de l’amour et de la beauté.

Il est également connu pour être le héros de la légende de Psyché. Selon ce mythe, Psyché est une princesse si belle que les habitants du royaume délaissent le culte de Vénus à son profit. Furieuse, la déesse décide de punir la jeune fille et ordonne à Cupidon de lui inspirer une passion pour l’être le plus laid qu’il peut trouver. Mais le jeune dieu s’éprend de la princesse et ne peut accepter ce que sa mère lui demande. Après avoir envoyé un oracle au roi, qui lui demande d’abandonner sa fille sur un rocher isolé, il fait enlever Psyché par la brise de Zéphyr qui l’emporte jusqu’à un palais somptueux, situé dans une vallée inconnue. Il la rejoint tous les soirs, pendant son sommeil, sous une apparence humaine, et lui fait promettre de ne jamais chercher à connaître son apparence. Malheureusement, sur l’injonction de ses sœurs, Psyché céde à la curiosité et éclaire le visage de son mari alors qu’il est endormi. Une goutte d’huile tombée sur son corps le réveille : il se lève et s’envole. Inconsolable, Psyché part à la recherche de son mari et doit surmonter une série d’épreuves imposées par Vénus. A leur issue, Cupidon, qui regrette sa femme, obtient de Jupiter la permission d’emmener Psyché jusqu’au mont Olympe, où elle devient immortelle et met au monde une fille du nom de « Volupté ».

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Cupidon, le dieu de l’amour © Fotolia

 

Les oiseaux

La mi-février marque le début de la saison des amours pour de nombreux oiseaux : la grive, la perdrix ou encore le merle. Au Moyen Age se répandit une croyance selon laquelle les oiseaux étaient non seulement les messagers du printemps mais ceux de l’amour. A cette époque, les jeunes filles s’en remettaient aux oiseaux pour connaître leur avenir amoureux. Un rouge-gorge présageait un mariage avec un marin, un moineau était synonyme de mariage heureux avec un homme peu fortuné tandis qu’un chardonneret était synonyme d’union avec un homme riche.

 

La croix

La tradition d’achever un billet en le signant de petites croix pour signifier mille baisers remonte aux débuts du catholicisme. Symbolisant la foi chrétienne, elles font référence au martyr Saint André, premier apôtre appelé par Jésus. Parti prêcher dans la Mésie (actuels Balkans), il a été crucifié à Patras, sur une croix en forme de X.

Au Moyen Age, la croix était également utilisée comme signature par les personnes ne sachant pas écrire. Après avoir signé, il fallait embrasser la croix devant témoins : une coutume qui avait valeur de serment solennel. Ainsi, de la croix, on passa au baiser…

 

La Saint-Valentin dans le monde 

En Europe :
La plupart des rites et cérémonies associés à la Saint-Valentin ayant disparu, cette fête est aujourd’hui essentiellement commerciale. Cette uniformisation n’empêche pas quelques traditions folkloriques de subsister. En Allemagne, on commémore le Saint Valentin de Réthie protecteur des épileptiques. En Italie, on s’offre des chocolats enrobés dans un message d’amour, appelés les « Baci Perugini ». En Autriche, les amoureux défilent dans les rues à l’occasion de la Saint Valentin tandis qu’en France, le petit village de Saint-Valentin (Indre) a instauré la fête nationale des Amoureux.

 

En Chine :
La Saint-Valentin « commerciale », fêtée, comme dans le reste du monde le 14 février, est arrivée en Chine dans les années 1980. Mais il existe également une fête traditionnelle commémorée le septième jour du septième mois lunaire du calendrier chinois (jour du double sept). Selon la légende, une fée aurait un jour épousé un mortel, malgré le désaccord de sa mère. Cette dernière l’obligea à regagner le ciel et sépara les amoureux par une rivière infinie, la Voie Lactée. Touchées par la sincérité de leur amour, des pies décidèrent de former une fois par an un pont à travers la Voie lactée afin que les deux jeunes gens puissent se rencontrer.

 

Au Japon :
Le jour de la Saint-Valentin, les japonaises offrent des chocolats aux hommes qu’elles aiment. Cette pratique s’est étendue au monde professionnel : aujourd’hui, elles doivent également en offrir à tous leurs collègues masculins (on parle d’ailleurs de « Giri Choco » ou chocolats d’obligation). Mais le Japon célèbre également la même fête que la Chine, en juillet ou en août, selon le calendrier lunaire. La fête des étoiles ou « Tanabata » célèbre la rencontre de Orihime (Véga) et Hikoboshi (Altaïr). On suspend alors des bambous décorés de grosses lanternes et de flammes de papier au dessus des rues.

 

source: http://www.linternaute.com/ – credit photo: capture

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