D’ aucuns diront que ce n’ est pas bien de cracher dans la soupe, de transgresser les règles de la famille royale d’Angleterre pour s’épancher sur ses malheurs, et qu’il y a beaucoup plus misérable que ce jeune homme né avec une cuillère en argent dans la bouche.

Néanmoins, j’ai eu envie de lire ce livre parce que j’ai une tendresse particulière pour ce jeune homme.

Ne serait-ce qu’en ayant ce souvenir ancré en chacun de nous : le voir marcher avec son frère derrière le cercueil de sa mère chérie. Il n’a alors que 13 ans… 

Tragédie dont, manifestement, il a du mal à se remettre même toutes ces années plus tard. 

Un manque intersidéral…

Harry commence son livre en parlant bien sûr de Diana et de sa phobie des paparrazzis qui vont lui pourrir la vie et la mèneront jusqu’à ce jour maudit d’aout 97, victime mortelle d’un accident à Paris sous le pont de l’ Alma. On ne va pas refaire l’histoire, tout le monde la connait !

Harry va donc parler sans détour de sa stupéfaction, de sa volonté à ne pas admettre le décès de sa maman pendant des années, de la froideur de son père même si il l’épargne en le citant souvent  s’adressant à lui par « mon cher enfant ». 

Plus tard, Il égratigne un peu au passage Camillia. Confirme leur souhait à son frère et à lui, que son père ne l’épouse pas. Cette demande ne sera pas entendue,  mais il accepte de voir son père enfin heureux. 

Ses blessures, ses dérapages, ses premières fois, ses petites amies, ses expériences, ses unes de journaux toutes plus scandaleuses les unes que les autres… Il reconnaît tout, s’en explique, et nous découvrons aussi une face plus cachée, celle de celui qui veut s’endurcir et partir à la guerre et pas n’importe laquelle. 

Harry a besoin de prouver que bien que « suppléant », il veut servir son pays, ne revendique aucun passe-droit et veut surtout passer inaperçu. 

Il s’imposera aussi des voyages de l’extrême (pôle Nord, pôle Sud) comme pour faire en sorte que ses souffrances physiques lui fassent oublier ses souffrances psychologiques.

Son frère Willy comme il le nomme ne lui manifeste pas vraiment d’interêt.  Déjà quand il le rejoint à Eton, fleuron des « public schools britanniques », il le prie de faire comme s’ils ne se connaissaient pas… 

Peut-être est-il déjà investi pleinement dans sa vie future.  William est l’ « Héritier »  lui !

Harry, n’est pas du tout envieux de ce statut, il est préparé depuis tout petit. Il ne veut que la paix et pouvoir vivre sans avoir une nuée de photographes aux basques quoi qu’il fasse. 

Il se réjouit toutefois de sa rencontre avec Kate sa belle soeur qu’il semble beaucoup apprécier, et reconnait qu’elle est parfaite pour son frère. 

Il sera vite déçu d’être écarté de leur cercle et de leur vie. 

Vient ensuite le chapître Megan. Les rencontres secrètes, les séparations douloureuses, les présentations à la Reine, à son père et Camillia, à son frère. 

Tout semble se passer comme dans un conte de fées… Si ce n’est l’acharnement de la presse qui commence à fouiller dans le passé de Megan et sa famille. Insupportable ! 

Que l’histoire se répète devient le problème pour Harry.

Megan nous apparait comme quelqu’un de sensible et sincère, prête à supporter tous les désagréments liés à la charge… Mais finalement les épreuves, plus violentes les unes que les autres vont la laisser désemparée et finalement très ébranlée. 

Harry n’aura de cesse d’essayer de la faire accepter par sa famille, sa Grand-mère (peut-être la plus indulgente), son père, son frère.

Dans leurs engagements à l’étranger, Megan semble faire l’unanimité, les gens adorent sa spontanéité, et sa modernité. 

Son aura va vite devenir une ombre pour Kate et William… Dès ce moment là,  rien ne leur sera plus épargné. 

On comprend mieux alors la décision d’ Harry de quitter et son Pays, et ses fonctions, dès lors qu’il se sent de plus en plus exclu de la sphère  de l’Institution… 

Je referme ce livre avec le même sentiment  de tendresse particulière pour ce jeune Prince déchu, qui aura tenté d’expliquer ce que fût sa vie au sein de la famille Royale.

Je lui souhaite tout le bonheur possible avec sa petite famille. 

Bien que signé par le Prince Harry, nous devons la qualité d’écriture à J.R Moehringer, (prix Pulitzer en 2000), son prête plume, déjà rompu  à l’exercice des Mémoires (Agassi), écrivain de l’ombre qui a su porter les mots du Prince Harry.

Ce livre imposant (plus de 500 pages) aurait dû l’être encore davantage, mais Harry a précisé lors d’une interview qu’il a finalement décidé de réduire le contenu de moitié afin d’épargner les membres de la famille royale. Ouf !

Une mention toute particulière pour l’image très poétique du dernier chapitre.  

Béatrice Denis, en exclusivité pour le JDBN

Le livre:

 

©JDBN

Lectrice depuis mon enfance, ma vie professionnelle intense, ne m’a pas laissé beaucoup de temps pour avaler tout ce que j’aurais voulu lire.

Restauratrice à Lyon,  j’ai tout au long de mon parcours, fait de fabuleuses rencontres, et cela a encore accentué cette soif de découvrir, d’apprendre et de partager.

Aujourd’hui entre 2 voyages, je rattrape le temps perdu à ne pas lire.   

C’est comme une frénésie : j’ai toujours une pile de « livres à lire » !
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