QUESTION :
ON ENTEND QUE GRÂCE À L’ALIMENTATION ET AU CONFORT MODERNE, ON VIT DE PLUS EN PLUS LONGTEMPS ? QU’EN PENSEZ-VOUS ?
CAROLINE. 42 ANS. EN COUPLE.
 
RÉPONSE :
Caroline, j’adore votre question.
Elle dénote l’incidence que peuvent avoir certaines allégations sur leurs authenticités. À force d’entendre parler de remarquable longévité, nous finissons par le croire et à nous féliciter du succès attribué à nos modes de vie “moderne”. Il est vrai qu’en 1900, la moyenne d’espérance de vie plafonnait à 45 ans et qu’elle a doublé aujourd’hui, mais la réalité est bien plus subtile et nuancée.
Vivre plus longtemps est une chose, mais en bonne santé en est une autre.
Plus que jamais la médecine fait face à un phénomène inédit. Les accidents de vie imputés à nos comportements (obésité, malbouffe, stress, addictions…) surviennent de plus en plus jeunes. Autrefois rares, les AVC chez les jeunes lycéens sont de plus en plus nombreux. Autrefois distinctif d’une tranche d’âge avancée, les assistances médicales interviennent de plus en plus tôt.
 
Retour sur un problème devenu fondamental dans le cadre d’une bonne désobéissance alimentaire.
Caroline, je ressors volontiers un article qui m’avait permis de traiter ce sujet. Il collera parfaitement à votre question.
 
ESPÉRANCE
En France, nous vivons de plus en plus vieux, certes, mais dans quel état ? Les maladies liées au stress et à l’alimentation touchent désormais des populations de plus en plus jeunes. Les centenaires d’Okinawa restent actifs et en bonne santé 97 % de leur vie. Un de leurs secrets est la pratique du Hara Hachi Bu, qui peut se traduire par “manger aux quatre cinquièmes de sa faim”. L’espérance de vie des Français frôle les 78 % pour les hommes et 74 % pour les femmes[1].
Une étude néerlandaise montre que la malbouffe a des effets irréversibles sur les cellules et le système immunitaire[2]. Il faut donc le savoir et y réfléchir à deux fois avant de se jeter sur n’importe quoi, car les conséquences de certains excès deviennent irréversibles, en d’autres termes les dommages demeurent à vie et cela même après un régime santé. Selon cette étude, la malbouffe changerait donc la façon dont les gênes fonctionnent – la méthylation de l’ADN. Le rédacteur en chef adjoint du Journal of Leucocytes Biology, le docteur E. John Werry, précise : “Nous savons depuis longtemps que le mode de vie et la nutrition affectent le fonctionnement du système immunitaire. La capacité de l’alimentation à affecter durablement les cellules immunitaires peut avoir des conséquences sur le traitement des maladies touchant au système immunitaire[3]”.
Les hommes, qui naissent aujourd’hui, ont une espérance de vie moyenne de 78,2 années et les femmes de 84,8 années. Il est vrai que le calcul est simple. En trente ans, les hommes ont une espérance de vie augmentée de 8 ans et les femmes de 6,5 ans et bien plus encore si l’on sait que l’espérance de vie était de 27 ans pour les hommes et 28 ans pour les femmes au XVIIIe siècle.
 
À VOTRE SANTÉ
Les médias l’ont tant répété, que nul n’ignore désormais que les championnes de l’espérance de vie, en Europe, restent à ce jour les Françaises.
Magnifique, dirons-nous, mais, il manque la mention “… en bonne santé”. Elle ne figure pas dans les statistiques et c’est vraiment dommageable à la perception que l’on se fait du record !
“Pour la France, l’indicateur européen Healthy Life Years (HLY) est de 62,4 années pour les hommes et de 64,2 années pour les femmes. Les Suédois, champions d’Europe, frôlent les 70 années de bonne santé. Il ne suffit manifestement pas seulement de guérir, ce que nous faisons plutôt bien, mais de prévenir, ce que nous faisons encore mal par rapport à nos plus sages voisins du nord.[4]”
L’espérance de vie… en bonne santé. N’est-ce pas cela qui nous intéresse le plus ?
Depuis dix ans, je me pose la question de savoir à qui profite le “crime”. À qui cela peut-il bien rendre service, de nier le fait que nous régressons sur la tenue de notre bonne santé. À l’industrie agroalimentaire des alicaments ? À l’industrie pharmaceutique ? À un lobby des maisons de retraite médicalisées ?
Je n’ai pas la réponse, mais une question : “Comment changer cette donne, comment recouvrer la longévité digne, et profiter d’une longue et bonne santé ?”
 
TRADITION ET LONGÉVITÉ FONT BON MÉNAGE !
Certains peuples vivent plus vieux que le reste de la population mondiale avec une propension à être en bonne santé une majeure partie du temps. Tout le monde a entendu parler des régimes crétois (méditerranéens) et okinawaïens (Okinawa – Japon). Ces peuples pratiquaient un régime basé sur l’équilibre alimentaire conformément à une observation de la nature et des éléments. Avec respect, observation et intelligence, ils ont su traverser les époques en bonne santé.
Toutefois, il n’y a pas que ces deux peuples, les plus connus, et ils ont tendance à nous faire oublier les autres.
L’Abkhazie est un ancien territoire de l’ex-URSS. Aujourd’hui autonome, ce pays se situe à l’ouest de la Géorgie, contre la mer noire. Le climat y est doux et subtropical, le décor est montagneux avec des plaines et des plages. Les Russes ont fait de ce pays du Caucase, à l’époque, leur “Monte-Carlo”, leur “Riviera russe”. Dans ce pays, outre les nombreux centenaires, ils y vivent en bonne santé.
Centenaires ou pas, ils passent presque 95 % de leur vie sans être malades, avec une santé physique et mentale débordante.
Rançon du succès, seulement 3 % des centenaires souffrent de la maladie de Parkinson. Pour la petite histoire, 80 % des centenaires abkhazes ne
se trouvent pas si vieux que cela.
Vivre vieux ne doit pas être un leitmotiv. En tous cas, ce n’est pas le mien. On a souvent tendance à me demander si ma façon de manger a un rapport avec la peur de la mort. Aucun. Je souhaite vivre en bonne santé le plus longtemps possible et vise la qualité sur la quantité.
 
LE MODE DE VIE ABKHAZE.
Il se résume en 5 points lors des repas :
– Frugalité
– Convivialité et sérénité.
– Tendance végétarienne et crudivore.
– Pauvre en gluten, produits laitiers et viande.
– Riche en fruits et légumes frais (et non traités) ; en acide gras essentiel mono et polyinsaturé ; en plantes sauvages.
et 2 points en dehors des repas :
– L’hygiène de vie, de façon générale.
– Le respect des Anciens.
 
LA CLEF D’UN SUCCÈS.
Identique au régime okinawaïen. Une des clefs du succès de ce régime reste la frugalité. De petites portions proposant une grande quantité d’aliments. On dit que pour rester en bonne santé, un être humain devrait maintenir une variété de 45 à 50 aliments. Il est facile de constater que certains modes alimentaires modernes plafonnent à seulement 20 aliments (sans parler de leurs qualités nutritionnelles).
Chez les Abkhazes, la nourriture est peu calorique et riche en éléments nutritifs. Une formule idéale qui leur confère des silhouettes minces et sèches et qui épargne les femmes de la cellulite (certainement lié à une alimentation frugale très pauvre en gluten).
 
L’INSTANT EST ROI.
Les repas se prennent dans le calme. Tout le monde est à table. La mastication est primordiale. En somme, tout le contraire de ce qui est pratiqué en Europe et aux États-Unis. Le plus troublant, reste que ces communautés ont un profond respect pour les Anciens, tout comme les okinawaïens. Nous savons aujourd’hui que les peuples qui respectent les personnes âgées sont en parfaite harmonie et profitent d’une santé mentale et d’un confort psychologique très utiles à l’épanouissement personnel. Proche de cette tradition, chez les Abkhazes, il n’est pas rare, par prestige, d’accueillir une personne âgée, étrangère et seule, au sein de sa famille et de la chérir comme l’un des siens.
Côté équilibre, ils sont adeptes de la marche (y compris avec une canne), s’épargnent de tout stress inutile, pratiquent une activité sexuelle tardive et active et ne rechignent pas devant des bains d’eau froide. Une seule priorité… la vie au calme.
Des tests ont démontré qu’ils ne souffrent pas d’anxiété et qu’ils possèdent une adaptabilité importante. Ils restent maîtres de leur vie et assument tout !
On est loin de nos modes de vie, recentrés sur l’individu, en quête de jeunesse éternelle et de tranquillisants.
 
PROCHE DE LA NATURE.
Très proches de la nature, ils consomment énormément de végétaux et de légumes (200 variétés environ), peu de viande et de poisson et pas de sucre (surtout le raffiné) : tout comme les hommes du paléolithique.
Donc, pour résumer :
Pas de sucre blanc raffiné, pas de pâtisseries à la crème ou de viennoiseries.
Peu de pain (même s’il est fait à la main), peu de viande et de poisson[5]
Fruits, légumes, aromates et herbes en abondances. Oignon, ail, persil, coriandre, persil…
Il faut savoir qu’un Abkhaze peut manger une demi-botte de basilic ou de coriandre en un seul repas, à lui tout seul.
Le condiment, adjika[6], remplace le sel, peu utilisé. Beaucoup de thé vert local, de l’eau de source de montagnes, un peu de vin rouge sec et faible en alcool.
Et pour finir, une pharmacie, ou plus une trousse prévention (que l’on appelle alicament chez nous) composée de baies d’argousier, de grenade et de baies d’églantier.
Ils cultivent tout eux-mêmes, sans ajout de pesticides ni engrais chimiques. Ils produisent essentiellement des oléagineux (sans paradoxalement produire d’olives), des céréales, des fruits et légumes.
Rares sont les malades et quand ils le sont, ils ne se soignent pas à coup de molécules chimiques, mais tout bonnement, et le plus simplement du monde avec des plantes.
 
On est loin de nos contrées ou tout devient interdit. Chaque agriculteur ou paysan en herbe est soumis aux diktats d’une bande de voyous qui souhaite très vite posséder le vivant, ou chacun doit se soumettre à des politiques agricoles basées sur l’intérêt à grande échelle. L’image de cette Abkhazie me fait penser aux petites illustrations de fermes qui ornaient mon livre de lecture à l’école primaire. Toutes ces fermes qui n’existent plus aujourd’hui, malheureusement éradiquées en même temps que la paysannerie, après 1945 (lire “La guerre au vivant” de Jean-Pierre Berlan).
 
RÉGIME ÉQUILIBRÉ
La préférence alimentaire va, tout comme tous les centenaires du reste du monde, vers une consommation pauvre en produits laitiers et en viande. Ils sont flexivores, c’est-à-dire qu’ils ne se privent pas de viandes, mais ils n’en abusent pas non plus. De plus, leurs viandes sont plus proches des gibiers que de nos machines à protéines en barquette. Les produits laitiers, tout comme dans le régime crétois, se résument à quelques brebis et chèvres soigneusement produits à partir de produits locaux, artisanaux.
Il est intéressant de savoir qu’une cuisinière abkhaze ne prépare pas à foison. Chaque repas comprend le nombre exact de portions chaudes à consommer. Pas de reste donc et une culture du produit frais éloignant la politique du tout réfrigérateur. Leur mode de vie leur permet de ne pas stocker inutilement la nourriture chez eux, car ils préfèrent cueillir sur l’arbre et, profiter des bienfaits des vitamines et enzymes.
 
Il est manifeste que l’alimentation joue un rôle primordial dans le schéma d’une bonne santé. Aussi, je vais profiter de cette “voix au chapitre” pour rappeler que ces similitudes avec les deux régimes les plus connus (crétois et okinawaïen) ne sont pas des coïncidences, mais bien des analogies de ce que la nature propose. Tous ces peuples, car il en existe plusieurs actuellement dans le monde, se nourrissent sainement et en harmonie, la nature le leur rend bien.
Il s’agit du principe de base de la “lutte contre le nutritionnisme” que je préconise dans ma démarche de désobéissance alimentaire. Je ne demande à personne de posséder un jardin, un quotidien sans stress, des hectares de prairies et des animaux sauvages et domestiques. Mais plutôt de comprendre que la solution est en chacun de nous, dans nos comportements, dans notre alimentation et nos gestes quotidiens.
 
[2] Erik van Kampen, Armand Jaminon, Theo J. C. van Berkel and Miranda van Eck, Diet-induced (epigenetic) changes in bone marrow augment atherosclerosis, Journal of Leukocyte Biology, November 2014, vol. 96, no. 5 833-841 : www.jleukbio.org/content/96/5/833.abstract
[5] Tout comme ces peuples, miser sur des viandes de qualité (Bio, gibier sauvage, etc. qui apportent un réel apport nutritionnel.)
[6] Adjika : pâte à base d’épices séchées avec piment, coriandre et ail frais.
Merci à Anastassia Venediktova, naturopathe psychoénergéticienne d’origine abkhaze. Rien que dans sa famille, dit-elle, “j’ai trois centenaires : une tante de 101 ans, une tante de 99 ans et une grand-mère de 97 ans.
 
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Sincèrement.

Stéfane.
 
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