Bruxelles (AFP) – Cotons-tiges, pailles, touillettes à café: ces produits en plastique à usage unique, qui envahissent les océans, seront dans l’avenir interdits dans l’Union européenne, grâce à un accord intervenu dans la nuit.

Le texte, débattu en un temps record après une proposition initiale de la Commission européenne fin mai, va interdire une dizaine de catégories de produits qui représentent à eux seuls 70% des déchets échoués dans les océans et sur les plages.

Cet accord en « trilogue », selon le jargon européen, est intervenu au petit matin entre les négociateurs du Parlement européen, des Etats membres et de la Commission après plusieurs heures d’ultimes négociations.

Il devra encore recevoir l’assentiment officiel des deux institutions, Parlement et Conseil de l’UE, un parcours législatif que l’UE espère conclure au printemps 2019, pour une entrée en vigueur du texte à l’horizon 2021 puis son application dans les Etats de l’Union.

« Les Européens sont conscients que les déchets plastiques constituent un énorme problème et l’UE dans son ensemble a fait preuve d’un véritable courage en s’y attaquant, faisant d’elle le leader mondial de la lutte contre les déchets plastiques marins », s’est félicité le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, cité dans un communiqué.

La Commission européenne présente sa directive comme « l’instrument juridique le plus ambitieux au monde en matière de déchets marins ».

Certains produits en plastique à usage unique seront interdits s’il existe des alternatives sans plastique, comme les cotons-tiges, les couverts, les assiettes, les pailles, les agitateurs de boissons ou encore les bâtonnets pour ballons.

Pour d’autres produits, l’objectif est de réduire leur consommation au niveau national, d’être plus exigeant sur leur conception et leur étiquetage ou encore de fixer des obligations aux producteurs en matière de gestion et de nettoyage des déchets.

« Mesuré en poids, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans du monde d’ici 2050 si nous continuons à rejeter du plastique dans la mer au rythme actuel. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire », a averti Elisabeth Köstinger, ministre autrichienne du Développement durable, dont le pays préside actuellement l’UE.

Outre la protection des océans, la Commission fait valoir que la directive présente d’autres « avantages environnementaux et économiques ».

Elle permettra par exemple d’ »éviter l’émission de 3,4 millions de tonnes d’équivalent CO2″ mais aussi d’ »éviter les dommages environnementaux qui coûteraient l’équivalent de 22 milliards d’euros d’ici 2030″ et de faire « économiser 6,5 milliards d’euros » aux consommateurs.

L’alliance Rethink Plastic, qui regroupe des ONG pour un avenir sans plastique, a qualifié le texte de « pas en avant important », mais estimé qu’il ne répondait « pas pleinement à l’urgence de la crise des plastiques ».

« L’UE mérite des éloges pour avoir été la première région à introduire de nouvelles lois visant à réduire la pollution par les plastiques à usage unique et les déchets plastiques dans nos champs, rivières et océans. Ce qui est moins louable, c’est que le lobby du plastique –soutenu par certains gouvernements– a réussi à retarder et à affaiblir son ambition « , a affirmé Meadhbh Bolger, de Friends of the Earth Europe au nom de Rethink Plastic.

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