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Le JDBN a lu pour vous...

Interview exclusive de Caroline Le Flour – « La Chauve SouriT »

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1 octobre 2023

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Au cours de leur vie, un homme sur deux et une femme sur trois seront touchés par un cancer.

Comment parler de celle, que l’on nomme encore maladroitement « une longue maladie », sans faire peur, sans tomber dans le pathos ? Le rire et la bienveillance semblent être de merveilleuses cartes pour libérer la parole autour du cancer.

Caroline Le Flour, « résiliente multirécidiviste » – Burn out à 28 ans, cancer à 32 ans, infertilité à 35 ans – manie l’humour avec dextérité. Elle a choisi d’en faire son meilleur allié afin de briser les tabous, les non-dits et d’inciter à la prévention, au dépistage et de soutenir ceux qui en ont besoin.

Psychopraticienne, fondatrice du mouvement « Résiliencez-vous ! », auteure et humoriste, cette jeune femme solaire utilise ainsi son humour décapant pour mettre « la maladie du siècle » au cœur des discussions.

À travers sa bande-dessinée, « La Chauve SouriT », drôle et émouvante, Caroline Le Flour raconte son histoire, celle d’un cancer qui finit bien. Elle nous invite à suivre sa traversée d’une femme chauve qui sourit, teintée de vie et de rires. Une bande-dessinée qui fait du bien !

Interview

Caroline Le Flour, la résilience, ce terme employé à tout – va, résonne en vous depuis longtemps. Qu’est-ce-que la résilience selon vous ?

Caroline Le Flour :

La définition universelle du terme résilience réside dans la capacité qu’a une personne à traverser et à surmonter une épreuve et à en ressortir grandie.

Dans la résilience, il y a à la fois la capacité à accepter ce que nous ne pouvons pas changer et à agir sur la manière dont nous allons appréhender l’épreuve que nous sommes obligés de traverser.

Il s’agit en quelque sorte de trouver l’endroit où nous pouvons avoir du pouvoir.

Suite à mon expérience personnelle, j’ai pu constater qu’il existait plusieurs facteurs dans ce que nous appelons la résilience : notre personnalité plus ou moins prédisposée à la résilience mais aussi la qualité de notre entourage qui joue un rôle important.

Si nous avons un entourage encourageant, soutenant et sécurisant, cela va favoriser la résilience. Dans le cas contraire -un entourage toxique et plombant- va pouvoir défavoriser notre propre résilience.

Chaque personne conjugue la résilience à sa manière.

Pour ma part, j’ai toujours été branchée sur le courant de l’humour. Férue d’écriture depuis ma jeunesse, j’ai utilisé ces différentes cartes pour nourrir et me connecter à mon énergie de résiliente.

Durant votre traversée avec le cancer, vous avez sans doute eu un nouveau regard sur le monde qui vous entourait. Et peut-être sur vous-même ?

Caroline Le Flour :

Au moment de la maladie, des personnes de mon entourage se sont révélées. Certaines, d’habitude distantes, ont été très présentes et soutenantes, d’autres, étonnamment ont été absentes, et enfin il y en a d’autres qui se sont montrées trop présentes, voire toxiques (rires)…

Mon entourage a parfois fait preuve de maladresse. J’en parle sous la forme de l’humour dans la bande dessinée La Chauve SouriT.

Mais je ne leur en ai jamais voulu. Nous en rions beaucoup aujourd’hui. Vous savez, tout le monde est maladroit, moi la première.

Lorsque l’on me demande, lors de mes interventions en entreprise, association, hôpitaux, comment adopter la bonne posture face à une personne malade, je dis très souvent que l’important, c’est d’être présent auprès d’une personne malade, même maladroitement.

En revanche, s’il y a bien une personne que j’ai découvert après ce combat contre la maladie, c’est moi-même !

J’ai réalisé que j’avais en moi des ressources insoupçonnables. J’ai compris qu’à défaut de pouvoir être maman, je pouvais transmettre différemment.

Par la suite, j’ai écrit et publié plusieurs livres – « Le complexe du Trampoline », « Résiliencez-vous ! », j’ai donné vie au scénario de mon one man show « La Chauve SouriT », je suis montée seule sur scène pour interpréter ce spectacle devant des centaines de spectateurs, plus de 200 fois.

Je suis également devenue psychopraticienne, j’ai créé le mouvement « Résiliencez-vous !», au travers duquel je propose des conférences, des ateliers et des accompagnements individuels à la résilience et à plein d’autres sujets de développement personnel et professionnel.

Un élan de vie m’a finalement poussée sur le bon chemin et je suis devenue ce que je suis réellement.

Durant la maladie, vous avez tenu un carnet de bord. De ces écrits, est né le one man show « La Chauve SouriT » …

Caroline Le Flour :

Durant quelques mois, ma vie est devenue une scène de théâtre, remplie d’émotions et de sentiments de toutes sortes.

L’humour m’a permis de prendre du recul, de mettre à distance des situations parfois très compliquées à vivre.

J’ai beaucoup écrit durant cette phase de traitement. J’ai ensuite eu l’idée d’en faire un one-man show. De belles rencontres m’ont poussée à monter sur scène.

Lorsque j’ai commencé à jouer seule sur scène, j’ai découvert la puissance du rire, qui permet notamment d’ouvrir les cœurs. Il me donne aussi la possibilité d’apporter mon témoignage d’ancienne malade en rémission, et de libérer la parole autour du cancer.

« La Chauve SouriT » a été jouée plus de 200 fois, depuis 2018.

La Ligue contre le cancer de Toulouse, à l’initiative de l’organisateur Benjalin Gandouet, m’a invitée pour ma première représentation. J’avoue qu’au moment de monter sur scène, je me suis dit « J’ai aussi peur que j’aie envie d’y aller mais je n’ai rien à perdre !»

Je précise que je n’étais jamais montée seule sur une scène !

J’ai également été envahie par la peur de choquer, de blesser car j’ai un humour très incisif…Mais j’ai fait confiance à tous ceux qui m’ont convaincue de jouer ce spectacle. Et la magie a opéré !

Je me suis donc lancée sur scène, seule, face à 500 personnes.

Lorsque j’ai commencé à jouer, les rires des spectateurs m’ont portée. Il y avait des malades, des soignants, des accompagnants et des personnes non touchées par la maladie. Tout le monde était heureux d’être là, ensemble.

Beaucoup m’ont confié avoir vécu un instant de joie et comme une autorisation à s’exprimer.

Cette première expérience a été synonyme d’évidence.

Depuis 5 ans, le succès du spectacle, qui ne fonctionne que par le bouche- à -oreille, prouve que le rire permet de parler de tout.

Après chaque représentation, j’échange beaucoup avec le public.

Les organisateurs qui lancent des invitations à « La Chauve SouriT » sont toujours partants pour parler du cancer autrement.

Au-delà du rire et de ces moments de joie, mon one- man- show a pour vocation d’inciter à la prévention, au dépistage et de soutenir les malades, les accompagnants et les soignants.

La bande dessinée « La Chauve SouriT » vient de voir le jour. Elle est à votre image, vraie et remplie d’énergie de vie.

Caroline Le Flour :

De nombreux spectateurs du one-man-show me demandaient à l’époque si j’avais écrit un livre ou une bande dessinée, pour l’offrir à l’un de leurs proches.

Là encore, les choses se sont placées sur mon chemin, de manière fluide car cette idée était déjà ancrée en moi, mon écriture étant très visuelle.

J’avais déjà publié une bande dessinée (Résiliencez-vous), ainsi qu’un livre (Le Complexe du Trampoline).

J’ai rencontré Gaëlle Le Louët, qui est illustratrice, il y a quelques années. J’ai été touchée par sa douceur, son humour et notre inspiration commune « manga » des années 90. De là est née une complicité magique.

Gaëlle a illustré ma première bande dessinée « Résiliencez-vous ! » et elle a magnifiquement traduit ma pensée pour « La Chauve SouriT ».

« Cette BD va vous faire mourir…de rire ! »

Les premiers retours sur notre bande dessinée (sortie le 21 septembre) me remplissent de joie. Elle fait du bien aux plus concernés mais elle sensibilise aussi, les personnes qui ne se sentent pas concernées, grâce à l’histoire d’une femme chauve qui sourit.

Je précise que « La Chauve SouriT », se décline aussi en exposition :

Le spectateur découvre le parcours de résilience de la Chauve SouriT. L’occasion de parler de la maladie, du handicap et de la résilience.

Pour terminer, j’aimerais insister sur un point : le cancer n’est pas un sujet « bankable », il nous ramène tous à notre propre rapport à la maladie, à notre peur de la mort.

C’est justement parce que c’est grave qu’il faut en parler et le rire le permet !

Le rire permet également de se ressourcer, de fédérer, de faire passer des messages de fond sous une forme ludique.

Si j’avais un conseil à donner aux lecteurs de cet article, ce serait : Prenez soin de vous, écoutez votre corps, les signaux anormaux qu’il pourrait vous envoyer et faites-vous dépister ! N’attendez pas malgré l’inquiétude que cela peut révéler.

Plus tôt vous le ferez, plus tôt vous serez rassuré ou pris en charge et vous mettrez ainsi toutes les chances de votre côté.

Alors, en cette période de sensibilisation nationale, un réflexe à adopter : « Palpez-vous et écoutez votre corps autant que vous likez ! »

Bande Dessinée « La Chauve SouriT », de Caroline Le Flour et Gaëlle Le Louët, éditions Le Courrier du Livre:

Propos recueillis par Anne Bouquet, en exclusivité pour le JDBN

ANNE BOUQUET

Journaliste depuis une vingtaine d’années en presse écrite, j’ai mené une vie professionnelle classique : salariée d’un quotidien régional, d’une revue économique, de différents hebdomadaires locaux…

Une vie passionnante où j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de monde.

Curieuse de nature, passionnée par la vie, j’ai mis par la suite mes passions au premier plan : ésotérisme, parapsychologie, techniques de bien-être, culture, littérature…

Aujourd’hui, je travaille en tant que journaliste free- lance, pour des sites internet et des agences de communication.

Et puis j’écris des livres pour de belles âmes…

L’écriture est une énergie. À nous de la faire voyager, librement.

MA CONTRIBUTION AU JDBN:

« Partout dans le monde, derrière le langage courant- et souvent déprimant des médias- des hommes et des femmes de bonne volonté, font jaillir la lumière dans tous les secteurs de notre société.
Regardons- les, écoutons-les. Prenons exemple.
Le JDBN porte ces valeurs. Je suis aujourd’hui ravie d’accompagner ce média qui nous porte vers le haut. »

Anne Bouquet.