Et si décidions enfin de sortir de la matrice patriarcale qui prône l’éloge de la virilité et le déni du féminin ?

Hommes et femmes pourraient ainsi exprimer leurs singularités, avec bienveillance et respect.

Pour se faire, Anne Benassouli, formatrice en entreprise et thérapeute psychocorporelle, invite les femmes à avoir les « ovaires » de reprendre leur pouvoir et les hommes d’avoir les « couilles » d’ouvrir leur cœur, dans son livre « Clivages hommes/femmes, ça suffit ! ».

Rencontre avec une éclaireuse de la psyché humaine.

 

Anne Benassouli, ancienne avocate, vous avez pris un virage à 180 degrés en devenant, il y a une vingtaine d’années, thérapeute psychocorporelle, coach et formatrice. Parlez-nous de votre parcours…

Anne Benassouli :

Tout a germé sur une prise de conscience : le métier d’avocat n’est pas simple. La justice tranche en droit et non en équité, ce qui était devenu insupportable pour moi au fil du temps.  Les clients ont également une certaine posture : quand l’avocat gagne, c’est normal, mais lorsqu’il perd, c’est de sa faute. Je trouvais tout ceci incohérent.

Je me suis sentie emprisonnée dans ce système.

J’ai alors entrepris d’aider les gens autrement : au lieu de régler les conflits de mes clients par l’intermédiaire de la justice, j’ai cherché une manière de leur donner les moyens de les résoudre par eux-mêmes. Ce fut mon fil d’Ariane.

J’ai entrepris des recherches, je me suis formée, j’ai écouté les « Oui » du ventre dont je parle dans mon livre et je suis devenue coach, thérapeute et conférencière.

 

Vous accompagnez des femmes et des hommes en quête de sens dans leur vie. Vous êtes arrivée à une conclusion : ce clivage entre hommes et femmes, qui existe depuis la nuit des temps, pourrait être libéré et transmuté.

 

Anne Benassouli :

Le clivage hommes/femmes ne nous aide pas dans la réalisation de nous-mêmes. Si les hommes ont une fonction et les femmes en ont une autre, où est la liberté d’être vraiment soi-même.

Il existe beaucoup de livres pour les femmes, peu pour les hommes, mais aucun pour les deux. Alors j’ai souhaité apporter ma pierre à l’édifice, en vue d’une réconciliation et d’une réhabilitation de chacun.

Dans ce premier livre « Clivages hommes/femmes, ça suffit ! Du patriarcat à l’union de l’amour et du pouvoir », j’invite les femmes à avoir « les « ovaires » de reprendre leur pouvoir et les hommes, les « couilles » d’ouvrir leur cœur ».

Historiquement, les femmes ont la prérogative de l’amour et les hommes celle du pouvoir, sachant que le siège du pouvoir se trouve dans le sexe/ventre et celui de l’amour dans le cœur.

Or, nous avons tous un sexe et un cœur. Les femmes ont besoin de s’affirmer, de développer leur capacité à dire « Non », de reprendre leur pouvoir et tout ce travail se joue dans le bas-ventre (qui concentre l’énergie de réalisation et d’affirmation).

Tandis que les hommes ont besoin d’accepter leur vulnérabilité et d’ouvrir leur cœur, ce qui leur a été difficile, voire interdit par ce système patriarcal qui existe depuis trop longtemps.

Petite précision certaines femmes dites « Amazone » ont à retrouver leur sensibilité et certains hommes dits « Sensible » à récupérer leur pouvoir.

 

Vous mettez en lumière l’Amour et le Pouvoir. Quelle définition pourriez-vous donner à ces notions qui restent finalement floues ?

Anne Benassouli :

L’amour est trop souvent assimilé à l’abandon du pouvoir et le pouvoir au déni de l’Amour. Or le pouvoir sans amour est abusif et l’amour sans pouvoir est affectif et anémique.

L’amour est le moteur vers l’unité de ce qui est séparé. C’est la force qui relie. Mais pour sentir cette connexion, nous devons nous ouvrir.

L’amour est donc d’abord un geste d’ouverture, ce qui peut évidemment faire peur, car ouverts, nous sommes plus vulnérables/susceptibles d’être blessés.

Il faut distinguer le pouvoir « sur » et le pouvoir « de ».

Force est de constater que les relations humaines sont souvent imprégnées par le « pouvoir sur » : « je prends le pouvoir de l’autre, je décide pour lui, je ne lui laisse pas le choix…etc. ».

Or le mot « Pouvoir » veut simplement dire « être capable de ». Le pouvoir nous permet de nous sentir entiers. Il est notre force d’accomplissement. Sans le pouvoir, rien de nouveau ne se développe. Sans pouvoir, nous sommes impuissants et victimes.

Le synonyme de « Pouvoir » pourrait être « choisir ». Quand je choisis, j’exerce mon pouvoir. Dès que je renonce à choisir, je donne mon pouvoir à l’autre. Choisir, c’est aussi prendre le risque de se tromper. Cependant, nous devons faire cette expérience de l’échec. Cela me fait penser à cette citation de Nelson Mandela : « Dans la vie, je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ». La seule erreur consisterait à ne pas choisir.

Notre défi consiste donc à nous emparer de notre liberté et à habiter notre propre singularité.

 

Parlons de la peur qui nous bloque constamment…

Anne Benassouli :

Réhabilitons avant tout l’émotion qui n’est autre qu’une énergie en mouvement et un messager. Ce n’est pas grave d’avoir peur. C’est normal !

 La Peur est juste une information qui me dit : « je dois davantage écouter ce qui est bon pour moi ». Il faut préciser que 8% de nos peurs sont fondées sur une menace concrète !

Arrêter de donner mon pouvoir à des gens extérieurs qui pensent savoir ce qui est bon pour moi. Dès que je donne mon pouvoir à d’autres de me mettre en sécurité, je me mets en insécurité et j’exacerbe ma peur.

Chacun a des besoins différents !

 

Comment faire pour revenir à soi, pour ressentir ce que nous voulons réellement ?

Anne Benassouli :

Je dirais simplement qu’il faut savoir débrancher son mental. Quand je commence à partir en vrille avec des réflexions qui n’en finissent pas, je dis « Ta gueule » à mon mental ! (rires)

Le mental est constamment en train de regarder le passé ou le futur. Dans le passé, on se dit « oh j’aurais dû faire cela ! » et dans le futur : « Mon Dieu, si je ne fais pas ceci, que va-t-il se passer ? ».

La majorité de nos peurs prennent leur source dans notre tête. Celle-ci projette des choses du passé dans le futur. Or nous ne pouvons pas changer le passé et nous ne pouvons pas agir sur le futur. Notre pouvoir s’exercer uniquement d’instant en instant.

La première clé, c’est donc de dire « Stop » au mental et de prendre conscience de ce qui est réel au temps présent.

Que puis-je faire là pour moi, à l’instant présent, qui serait bon pour moi ?

Nous sommes dans une société branchée sur le mental et nous en oublions le corps, siège des besoins fondamentaux.

 

Vous abordez la thématique du schéma dans lequel nous tombons tous : le triangle « Sauveur-Victime-Persécuteur » et vous proposez d’autres alternatives afin de nous relier à notre propre intériorité.

Le triangle de Karpman ou triangle « Sauveur-Victime-Persécuteur » illustre les jeux psychologiques que nous jouons les uns avec les autres.

En quelques mots, il se traduit ainsi dans tous les domaines de la vie : « Je ne sais pas comment dire « Non » et par peur, j’accepte quelque chose dont je n’ai pas envie. Je ne m’écoute pas et je vais ensuite me le faire payer ou lui faire payer. La rancœur grandit. Avec tout ce que j’ai fait pour toi, tu devrais être sympa avec moi…etc. ».

Pour sortir de ce triangle, écoutons- les « Oui » du ventre. Cela veut dire : « Est-ce que j’avais envie de ceci ou cela ? Non, mais j’ai eu peur de décevoir ».

Ceci passe par la phase « être présent à soi ». Je propose dans ce livre (qui réunit plusieurs techniques) une méthode que je nomme le triangle « Présence-Empathie-Confiance ».

Relier son corps et son cœur

C’est se donner de l’empathie par rapport à son incapacité de s’être écouté et d’avoir réussi à poser sa limite. Respirer et se faire confiance -et faire confiance en la vie- car un jour, nous réussirons à poser nos limites, nous arriverons à nous respecter nous -mêmes.

C’est un travail du quotidien : nous faisons tous du mieux que nous pouvons. Soyons dans l’auto-empathie avec nous-mêmes, prenons-nous dans nos propres bras et retrouvons notre propre confiance. Apprendre à se respecter, c’est partir à la rencontre de soi-même avec bienveillance.

La parole est fondamentale dans l’expression de sa liberté. La parole, c’est sortir à l’extérieur de soi ce que nous sommes réellement et intiment. La parole est un pont entre la tête et le corps. Parler avec des personnes pour écouter sa propre intériorité.

Réhabiliter son sexe, son ventre et cette capacité de s’écouter vraiment, peut passer par la bouche, les mots.

Revenons également au corps. Se mettre en mouvement en conscience de son corps, nous permet de nous écouter davantage.

D’ailleurs, pour l’anecdote, j’ai beaucoup marché durant cette phase d’écriture du livre. Cette phase de connexion m’a permis de synthétiser ce message que j’ai voulu faire passer.

Le terreau de notre puissance est au cœur de notre intériorité. C’est en développant une écoute fine et profonde de soi que nous pourrons assumer notre singularité et ainsi être libres de tout stéréotype.

Propos recueillis par Anne Bouquet, en exclusivité pour le JDBN

Livre « Clivages hommes/femmes, ça suffit ! », éditions Vega Trédaniel:

A propos d’Anne Bouquet…

Journaliste en presse écrite et rédactrice web depuis de nombreuses années,  j’ai mené une vie professionnelle classique : salariée d’un quotidien régional, d’une revue économique, de différents hebdomadaires locaux…

Curieuse de nature, passionnée par la vie, j’ai par la suite mis mes passions au premier plan : ésotérisme, parapsychologie, techniques de bien-être, culture, littérature…

L’écriture est une énergie. À nous de la faire voyager, librement.

MA CONTRIBUTION AU JDBN:

« Partout dans le monde, derrière le langage courant- et souvent déprimant des médias- des femmes et des hommes font jaillir la lumière dans tous les secteurs de notre société.
Regardons- les, écoutons-les. 

Partageons le positif !

Le JDBN porte ces valeurs.

Je suis ravie d’accompagner ce site d’information unique en son genre, qui nous permet de prendre de la hauteur ».

Anne Bouquet.