Anne Bouquet, journaliste a rencontré Frédéric Deban pour parler de son livre. Interview.

 

Comédien, auteur, acteur et figure incontournable de la série télévisée « Sous le Soleil », Frédéric Deban a été frappé le jour de ses 50 ans par la surdité. Celle-ci s’est abattue sur lui comme un tsunami.

En quelques heures, sa vie a basculé. Frédéric Deban apprend à vivre avec ce handicap et  à cohabiter avec des acouphènes, ces parasites invisibles qui sèment la tempête, inexorablement, inlassablement.

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Frédéric Deban, le jour de vos 50 ans, vous étiez en Espagne avec des amis et le lendemain, votre vie a changé du tout au tout. Racontez-nous…

Effectivement, tout bascule quelques heures après un double choc traumatique et sonore ce soir-là.

Un projectile au front me laisse blessé et assommé avec une plaie ouverte. Mais la fête et les amis m’incitent à me relever et à honorer cet anniversaire qu’ils ont organisé pour moi. Je laisse donc la fête battre son plein pour ne rien perturber et je m’enivre de musique, mes oreilles calées sous mon casque Bose à plein régime.

Au bout de la nuit, je m’endors, épuisé au milieu des fêtards. Mon casque hurlant est resté sur mes oreilles…

Au petit jour, un sifflement continu avait pris la place de la musique, me

laissant sourd à Barcelone.

Tout s’animait autour de moi mais sans les sons…

 

Examens en urgence, diagnostic…Vous plongez dans le monde des malentendants avec surprise, colère et incompréhension…

Normal. Comment imaginer un tel cas de figure quand votre ouïe n’a jamais connu un seul problème durant 50 ans ?

Ce fut le drame. Je suis passé par des étapes qui me poussaient au renoncement. Mais la vie m’a forgé et armé depuis longtemps. Je suis un guerrier, je suis resté debout !

 

Les acouphènes ont pris le dessus. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Quels sont leurs effets ?

Au début à l’hôpital, je ne connaissais pas leur nom. Ils ont tellement fait basculer ma vie que je les ai baptisés mes « passagers noirs » en espérant qu’ils ne fassent que passer …

Mais voilà deux ans qu’ils s’accrochent ! Ils sont tantôt réacteurs de Boeing 747, tantôt moteur de tracteur, tantôt turbine de chaudière,  ils

rivalisent de bonnes idées pour me rendre fou. Heureusement que je m’accroche à la vie, je tiens le choc. L’écriture m’y aide.

 

Cette plongée dans un nouveau monde, celui du handicap, de l’enfermement, vous oblige à vous retrouver face à vous-même. Votre passé défile sous vos yeux…Comment avez-vous réussi à accueillir et à gérer vos blessures d’enfant qui sont remontées à la surface sans crier gare ?

Se retrouver face à soi-même peut être salutaire. Pour ma part, je n’y tenais pas vraiment…

Mon enfance particulière à la DDASS a été déjà assez compliquée à gérer pour que la suite m’épargne un peu dans le souvenir. Je fais donc avec et comme je vous le disais, j’écris… Je crie ma rage, j’écris de rage contre ce coup du destin !

 

Votre livre « Vos gueules les acouphènes, je n’entends plus la mer » est un témoignage intime qui jette un pavé dans la mare. À travers ce récit, vous mettez en lumière un problème de santé publique : 7 millions de français vivent avec des acouphènes…

L’association France Acouphènes, dont je viens de devenir le parrain  (je le serai aussi pour les  Journées Nationales de l’Audition qui auront lieu le 9 mars 2017), annonce le chiffre de 16 millions de Français touchés par ce handicap. On ne va pas pouvoir nous ignorer encore longtemps. Je monte au front pour que nous soyons enfin « entendus » !

 

La recherche avance. Quelles sont les études en cours sur les acouphènes ?

En ce qui me concerne, j’ai eu la chance d’être pris en charge par le Docteur Claude Fugain, ORL Phoniatre à l’Hôpital Foch de Suresnes qui m’a dirigé vers le professeur Frachet, une éminence du problème des acouphènes et de l’audition.

Il n’existe pas de traitement unique, chaque cas est particulier. Il a tenté sur moi la voie médicamenteuse que personne n’avait osée parce qu’il a pris en compte le choc traumatique sur le nerf auditif.

La molécule fonctionne et m’a permis de diminuer considérablement les acouphènes, le temps de son effet tout du moins, et d’augmenter un peu le confort auditif sur l’oreille qui reste valide à 20%.

Mais c’est un traitement de longue durée et mon nouveau handicap m’a appris la patience.

Je suis déterminé à faire reconnaitre ce handicap invalidant par les pouvoirs publics de la santé.

Invisible aux yeux des autres, il ne doit pas  être  négligé par les hautes instances. Le ministère de la santé publique doit considérer ce problème de santé !

Je serai sur scène au printemps avec une pièce de théâtre tirée de mon histoire et adaptée de mon livre « Vos gueules les acouphènes – Je

n’entends plus la mer » chez Guy Trédaniel Editeur. Elle s’intitule « Dialogues de sourd ».

Sourd mais pas taiseux, je ne l’ai jamais été ! Je suis donc prêt à monter sur scène, à entrer dans l’arène. À bon entendeur…

 

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Livre « Vos gueules les acouphènes, je n’entends plus la mer », Frédéric Deban, éditions Trédaniel.

Vos gueules les acouphènes !

Infos : 240 pages, 15 x 21 cm, 320g
Parution : novembre 2016
Prix Public : 18,00€
 

ANNE BOUQUET

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Journaliste depuis une vingtaine d’années en presse écrite, j’ai mené une vie professionnelle classique : salariée d’un quotidien régional, d’une revue économique, de différents hebdomadaires locaux…

Une vie passionnante où j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de monde.

Curieuse de nature, passionnée par la vie, j’ai mis par la suite mes passions au premier plan : ésotérisme, parapsychologie, techniques de bien-être, culture, littérature…

Aujourd’hui, je travaille en tant que journaliste free- lance, pour des sites internet et des agences de communication.

Et puis j’écris des livres pour de belles âmes…

L’écriture est une énergie. À nous de la faire voyager, librement.

 

MA CONTRIBUTION AU JDBN:

« Partout dans le monde, derrière le langage courant- et souvent déprimant des médias- des hommes et des femmes de bonne volonté, font jaillir la lumière dans tous les secteurs de notre société.
Regardons- les, écoutons-les. Prenons exemple.
Le JDBN porte ces valeurs. Je suis aujourd’hui ravie d’accompagner ce média qui nous porte vers le haut. »

Anne Bouquet.

 

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