Paris (AFP) – Les agriculteurs bio, appuyés par des ONG et des chefs cuisiniers, dénoncent un risque « d’industrialisation » de l’agriculture bio, notamment pour les fruits et légumes, et ont lancé une pétition publiée mercredi sur le site de Libération.

« Non à l’industrialisation de la bio ! Pas de tomate bio en hiver », s’exclame la Fédération nationale des agriculteurs biologiques (FNAB), avec la Fondation Nicolas Hulot (FNH), Greenpeace et Réseau action climat.

L’objet de leur colère, le développement « de projets de grande ampleur de légumes bio produits sous serre chauffée », qui se font jour, en particulier en Bretagne et dans les Pays de la Loire, qui entraînerait la production de fruits et légumes hors saison, a expliqué la FNAB à l’AFP.

Les agriculteurs bio n’avaient jusque-là pas recours à cette pratique, ou de manière très marginale, selon la FNAB, qui craint, dans cette pétition, « de retrouver sur les étals de la tomate bio française en plein mois de mars. Une aberration gustative, agronomique et environnementale! ».

La FNAB entend ainsi convaincre le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume de « lutter contre l’industrialisation de la bio en limitant le recours au chauffage des serres à la production de plants et au maintien hors gel », d’ici au prochain comité national de l’agriculture bio, prévu le 11 juillet.

Avant le lancement de cette pétition, la FNAB et la Confédération paysanne avaient claqué la porte du comité bio de l’interprofession des fruits et légumes (Interfel) la semaine dernière, protestant contre l’élection comme corapporteur d’un « défenseur affiché d’une agriculture d’une agriculture biologique industrialisée ».

Interfel a regretté « qu’une organisation rompe le dialogue interprofessionnel à l’issue d’une élection ».

« Interfel n’est absolument pas favorable à un système de serres chauffées en agriculture biologique toute l’année. Elle rappelle simplement que le règlement européen autorise le chauffage des serres » en agriculture biologique, indique-t-elle dans un communiqué.

« Pour autant, elle ne s’oppose pas à une évolution possible de ce guide de lecture, dans le respect du cadre communautaire », ajoute-t-elle.

« On est pour des règles qui soient équivalentes dans tous les pays. Il ne faut pas qu’on arrive à une disparition de facto de la production nationale par des contraintes qui feraient qu’effectivement, on ne soit plus compétitifs », a déclaré à l’AFP le président d’Interfel, Laurent Grandin.

« On a les historiques, dans le développement de la bio, qui ont fait un travail remarquable et ont créé les conditions d’un marché », poursuit M. Grandin, pour qui il y a de leur part « une crainte que de nouveaux acteurs, qui utiliseraient des moyens différents, viennent peut-être perturber ce marché ».

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