La question de l’accès au soin demeure centrale dans le débat public contemporain. Et pour cause, la désertification médicale en France est un phénomène qui s’accentue au fil des années. Pourtant, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la France ne manque pas de médecin. Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer les déserts médicaux ? Quels sont les atouts de la téléconsultation face à la désertification médicale ? Tout savoir.
Qu’est-ce qu’un désert médical ?
En l’espace de quelques mois, la téléconsultation a connu un véritable essor. Est-ce suffisant pour lutter efficacement contre la désertification médiale ? Le terme « désert médical » désigne une zone géographique où l’offre médicale est insuffisante et où l’accès aux soins est difficile. Pour qu’une zone soit considérée comme un désert médical par le ministère des solidarités et de la santé, la densité de médecins par rapport à la population du territoire doit être 30 % inférieure à la moyenne nationale.
Selon une étude publiée par la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), rattachée au ministère des solidarités et de la santé, 3,8 millions de personnes en France vivent dans un désert médical. Le nombre de personnes habitant dans un territoire en manque de médecins généralistes a augmenté de 1,3 million entre 2015 et 2018. L’étude précise également qu’en 2018, les Français avaient accès en moyenne à 3,93 consultations par an et par habitant, contre 4,06 consultations en 2015.
Pour apporter une réponse aux désert médicaux, le ministère des solidarités et de la santé présentait en 2017 la stratégie « Ma Santé 2022 ». Plusieurs mesures sont alors énoncées pour inciter les médecins à s’installer dans les déserts médicaux. Le plan de l’État propose notamment d’aider financièrement les professionnels à s’installer, d’assurer le renfort médical par des médecins hospitaliers ou libéraux d’autres territoires ou encore de créer des postes partagés de médecins entre la ville et l’hôpital.
Parmi les mesures prises pour encourager de nouvelles formes d’exercice médical dans les déserts médicaux, la stratégie « Ma Santé 2022 » dit vouloir déployer la télémedecine et le télésoin pour une prise en charge à distance. 5 actes de télémédecine sont définis dans le décret 19 octobre 2010 : la téléexpertise, la télésurveillance, la téléassistance, la régulation et la téléconsultation.
Téléconsultation : de quoi s’agit-il ?
Présentée comme un moyen de lutter contre les inégalités géographiques d’accès aux soins dans le plan « Ma Santé 2022 », la téléconsultation est un procédé par lequel un professionnel de santé peut donner une consultation médicale à un patient par l’intermédiaire des technologies de l’information et de la communication. En d’autres termes, la téléconsultation permet à un praticien de planifier une consultation en ligne par le biais d’écrans interposés, qu’il s’agisse d’un écran de téléphone, d’ordinateur ou de tablette. Seule obligation : les outils de télécommunication doivent être équipés d’une caméra, d’un micro et d’une connexion Internet haut débit.
La téléconsultation peut être effectuée par tout médecin libéral conventionné, salarié d’établissement de santé ou de centre de santé, quelle que soit sa spécialité médicale. Le médecin pratiquant la téléconsultation doit mettre à disposition du patient un moyen de vidéotransmission sécurisé.
Depuis le 15 septembre 2018, la téléconsultation est entrée dans le parcours de soins et peut ainsi être remboursée par l’Assurance Maladie et par la mutuelle. Pour cela, la consultation du médecin en ligne doit s’inscrire dans le respect du parcours de soins coordonné pour garantir une qualité de prise en charge optimale.
La téléconsultation peut-elle contrer les déserts médicaux ?
En France, nombreux sont les patients à devoir renoncer aux soins faute de médecins. Pour cette partie grandissante de la population, la téléconsultation se présente comme une solution efficace. En alternance avec la consultation en présentiel, la téléconsultation permet de simplifier le suivi régulier des patients atteints de pathologies chroniques. En cas d’urgence ou dans le cas de pathologie aiguë ponctuelle, la consultation d’un médecin en ligne permet au patient d’obtenir l’avis d’un praticien rapidement, même dans une zone de désertification médicale.
Directement liée au déploiement des réseaux de télécommunication, la téléconsultation ne dépend pas de ses atouts mais bel et bien des capacités d’accès aux nouvelles technologies. Ce constat est d’autant plus vrai que les déserts médicaux recouvrent en partie les zones blanches, soit les zones les moins couvertes par les réseaux de télécommunication. Dans ces cas de figure, des solutions adaptées restent toutefois à la portée des patients. On pense notamment aux pharmacies équipées d’installation de téléconsultation à la disposition des patients, en zone de déserts médicaux ou non.
La crise sanitaire du Coronavirus Covid-19 et le confinement ont permis de lever les freins sur la téléconsultation. Entre le 6 et le 12 avril, l’Assurance maladie a remboursé plus d’un million de téléconsultations médicales, toutes zones confondues. Démocratisé, l’usage de la téléconsultation se présente comme une solution pratique pour aider les patients à obtenir un rendez-vous dans un délai correct. En plus de la distance à parcourir, la question du délai d’attente est également source de problématique en zone de désertification médicale. La téléconsultation apporte donc une réponse complète à ces deux enjeux.
Quel avenir pour la téléconsultation ?
Au lendemain du confinement, la téléconsultation a gagné en notoriété. Selon une étude Harris Interactive sur le développement des pratiques de télémédecine en France, 68 % des Français se déclarent favorables au développement de la téléconsultation en France. Néanmoins, la consultation d’un médecin en ligne reste soutenue par les plus jeunes (78% chez les moins de 35 ans), les Français les plus aisés (73%) et ceux habitant en région parisienne (75%). Pour se présenter comme une solution incontournable dans la lutte contre les déserts médicaux, la téléconsultation doit pouvoir aller chercher les patients les moins familiarisés avec les nouvelles technologies. La mise en place d’une assistance (en pharmacie ou à la maison grâce aux infirmiers) peut notamment être utile pour rendre la téléconsultation possible et fluide.
source: JDBN – crédit photo: pixabay