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Serpents : l’espoir d’un antivenin efficace contre les morsures de cobras indiens

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Chaque année, faute de sérums antivenins accessibles et efficaces, quelque 130 000 décès dans le monde sont attribués à une morsure de serpent, d’après l’OMS. Et la moitié surviennent en Inde. Mais le séquençage du génome du cobra indien (Naja naja), achevé en janvier dernier, pourrait changer la donne.

Les «Big four» – le cobra indien, le bongare indien, l’échide carénée et la vipère de Russell –, responsables du plus grand nombre de décès en Asie du Sud et qui mordent à eux seuls tous les ans 1,5 million de personnes dans le sous-continent, sont synonymes d’extrême danger pour les populations. Mais le séquençage du génome du cobra indien (Naja naja), achevé en janvier dernier, pourrait changer la donne.

Aujourd’hui, pour soigner un patient, «il faut entre dix et trente doses de sérum, parfois à 600 euros l’unité», explique Kushal Suryamohan, chercheur pour MedGenome, une entreprise de biotech implantée en Californie et à Bangalore, et opérant essentiellement en Asie.

Un prix dû à un procédé de production immuable depuis 120 ans : on prélève le venin sur un serpent et on l’injecte pendant plusieurs mois à faible dose dans un gros animal, généralement un cheval, pour déclencher une réponse immunitaire. Mais les anticorps que l’on récupère alors sur le cheval pour fabriquer l’antivenin, à 70% sans rapport avec le venin, font courir aux patients le risque d’effets secondaires sérieux – des insuffisances rénales par exemple.

Le terrible naja dompté in vitro

En dix-huit mois, Kushal Suryamohan est parvenu à isoler 139 gènes codant dix-neuf toxines présentes dans le poison du Naja naja, ouvrant ainsi la voie à l’élaboration d’un venin de synthèse… et donc à un remède ultraciblé.

«La production d’antivenin va enfin entrer dans le XXIe siècle», remarque le chercheur. Disparition des effets indésirables, production facilitée, efficacité renforcée, à ces avantages s’ajoute le prix, qui devrait être bien plus abordable. «Seules une à trois doses, coûtant entre 30 et 100 euros l’unité, seront nécessaires», estime Kushal Suryamohan. Il faudra encore un peu de patience avant d’obtenir le précieux antidote : trois ans pourraient être nécessaires avant de fabriquer le fameux sérum de naja in vitro.

 

Mais ces travaux annoncent sans doute le séquençage du génome d’autres serpents venimeux et peut-être, les scientifiques en rêvent, la mise au point, un jour, d’un cocktail antivenin universel entièrement fabriqué en laboratoire.

Article paru dans le magazine GEO de juin 2020 (n°496, l’Islande). crédit photo: Le cobra indien (Naja naja), aussi appelé serpent à lunettes, redoutable reptile. Il tue chaque année des milliers de personnes, faute d’antivenin accessible.© DeAgostini/Getty Images