Selon Statista Research Department, l’intérêt pour la politique en France baisse inexorablement.

Ce graphique indique le niveau d’intérêt porté à la politique par les Français de 2009 à 2024. La part des sondés s’intéressant à la politique est en baisse de 2011 à 2021. En effet, en 2021, pour la première fois sur la période étudiée, moins de la moitié des personnes interrogées indiquent s’intéresser à la politique.  Si le niveau d’intérêt a rebondi en 2022, il a baissé de quatre points pour atteindre 51 % en janvier 2024.Statistique: Évolution de l'intérêt porté par les Français pour la politique de 2009 à 2024 | StatistaLe désintérêt croissant pour la politique chez beaucoup de gens est un phénomène complexe mais souvent compréhensible, influencé par plusieurs facteurs :

  1. Déception face aux promesses non tenues : Beaucoup ont le sentiment que les promesses électorales ne se traduisent pas en actions concrètes. Les citoyens ont souvent l’impression que les responsables politiques disent ce que les gens veulent entendre pour être élus, mais une fois au pouvoir, les décisions tardent à venir ou vont dans une direction différente.
  2. Perception d’un manque de représentativité : De nombreuses personnes estiment que les dirigeants politiques sont éloignés de la réalité de leur vie quotidienne et ne comprennent pas leurs préoccupations. Cette déconnexion alimente un sentiment de « politique de l’élite » qui ignore les défis réels que rencontrent les citoyens.
  3. Médiatisation des scandales et de la corruption : Les scandales, les affaires de corruption et les conflits d’intérêts qui éclatent régulièrement dans le milieu politique engendrent une perte de confiance généralisée. Les citoyens se sentent trahis et perdent foi en un système qu’ils jugent parfois corrompu ou manipulateur.
  4. Complexité des enjeux : Les questions politiques deviennent de plus en plus techniques et complexes (économie, écologie, géopolitique), rendant difficile pour les citoyens de s’y retrouver. La complexité des sujets et le jargon politique peuvent décourager les gens, qui se sentent dépassés et donc moins enclins à s’engager.
  5. Désinformation et surinformation : À l’ère des réseaux sociaux, les gens sont constamment exposés à un flot d’informations contradictoires, rendant difficile la distinction entre le vrai et le faux. Cette confusion peut engendrer de la méfiance et renforcer le désintérêt.
  6. Absence de perspectives claires pour l’avenir : Face aux crises sociales, climatiques, et économiques, beaucoup de personnes ressentent une grande incertitude quant à l’avenir et estiment que la politique traditionnelle ne propose pas de solutions suffisamment innovantes ou rassurantes pour répondre à ces enjeux.
  7. Montée des alternatives hors du système : Les mouvements citoyens, associatifs et communautaires, qui s’organisent en dehors des structures politiques officielles, deviennent des canaux d’action pour ceux qui se sentent impuissants face aux institutions traditionnelles. Beaucoup préfèrent s’engager sur des projets concrets et locaux où ils ont le sentiment de pouvoir réellement agir.

Ce désintérêt pour la politique est en partie une réaction à un sentiment d’impuissance et de désillusion. Il ne signifie pas que les gens sont indifférents aux enjeux de société, mais qu’ils cherchent peut-être des moyens plus directs et concrets d’exercer leur pouvoir d’action et d’influence, en dehors des structures politiques classiques.

Pourquoi les gens ont-ils peut-être de bonnes raisons de ne plus croire en la politique?

Les citoyens peuvent avoir raison de se détourner de la politique traditionnelle pour plusieurs raisons valables :

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Éviter la désillusion et le cynisme : En choisissant de ne pas s’impliquer dans un système où ils se sentent impuissants, les citoyens peuvent se protéger d’une source de frustration. En voyant leurs valeurs et leurs préoccupations souvent négligées, ils préfèrent se concentrer sur des actions locales ou des causes qui leur apportent un sentiment d’accomplissement personnel et collectif.

Investir dans des actions concrètes : Beaucoup réalisent qu’ils peuvent avoir un impact plus direct en s’engageant sur le terrain, par exemple à travers des associations, des projets communautaires ou des initiatives locales. Ce type d’action leur permet d’observer des résultats tangibles, contrairement aux processus politiques qui, souvent, semblent distants et inefficaces.

Exercer leur pouvoir de consommation : De plus en plus de gens choisissent d’exercer une influence à travers leurs choix de consommation, soutenant des entreprises éthiques, locales, et durables. En adoptant des comportements qui reflètent leurs valeurs, ils participent à des changements sans passer par le cadre politique traditionnel.

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Se tourner vers des alternatives innovantes : Les citoyens sont parfois mieux inspirés par des mouvements de la société civile, comme les ONG ou les mouvements écologistes, qui s’attaquent aux problèmes de manière plus créative, rapide, et ciblée que les structures politiques. Ces initiatives alternatives explorent des solutions concrètes et mobilisent autour de causes spécifiques, offrant un sentiment de proximité et d’efficacité.

Limiter l’influence des jeux de pouvoir : Les institutions politiques traditionnelles sont souvent marquées par des rivalités de pouvoir, des manipulations, et des compromis qui diluent les actions concrètes. En s’en détachant, les citoyens refusent de cautionner un jeu politique qui leur semble éloigné de l’intérêt général et qui se focalise trop sur les luttes d’influence.

Protéger leur santé mentale : La politique, avec son flux constant de crises, d’injustices et de conflits, peut être une source de stress. En choisissant de se désengager, certains cherchent à préserver leur bien-être en se concentrant sur des aspects de leur vie qui leur apportent de la satisfaction et de la sérénité.

Encourager une évolution du système : Ce désintérêt massif peut aussi être un message aux institutions : il révèle une volonté de changement. En refusant de s’investir dans la politique traditionnelle, les citoyens poussent parfois à une remise en question et espèrent que le système évoluera vers des pratiques plus inclusives, transparentes, et orientées vers le bien commun.

En se détournant de la politique traditionnelle, les citoyens expriment souvent une quête de sens, d’authenticité et d’impact direct. Ils cherchent à reprendre du pouvoir en exerçant leur influence différemment, ce qui peut être une façon tout aussi légitime de contribuer au bien-être de la société.

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Mais où va notre argent? Le Malaise Contemporain  Quand l’Ordinaire Perd Foi en le Système

Le sentiment de malaise grandissant dans nos sociétés modernes repose souvent sur un constat amer : l’impression que nos vies, notre travail, et même nos sacrifices financiers ne servent plus un bien commun. Ce sentiment de trahison, de déconnexion avec les institutions qui régissent notre quotidien, s’enracine dans des réalités difficiles à ignorer. Le coût de la vie augmente, les impôts pèsent lourd, mais les bénéfices tangibles de ces contributions semblent toujours plus lointains et insaisissables.

1. La sensation d’être dépossédé du bien commun

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Nombreux sont ceux qui se sentent dépossédés de leur contribution citoyenne. Lorsqu’ils s’acquittent de leurs impôts, ils le font en espérant que ces fonds renforceront les écoles, les hôpitaux, les routes, et les infrastructures dont bénéficie l’ensemble de la société. Pourtant, la réalité s’avère bien différente. La gestion opaque des finances publiques, l’allocation budgétaire incompréhensible, les investissements flous et les dettes massives des États nourrissent une frustration : où va l’argent ? De nombreux citoyens ont le sentiment que leurs contributions financent des projets dont ils ne tirent aucun profit direct, qu’il s’agisse de guerres lointaines ou de politiques économiques internationales auxquelles ils n’ont jamais donné leur assentiment.

À cela s’ajoute la perception que nos impôts financent également des privilèges et des décisions de plus en plus éloignés des besoins réels de la population. Cette déconnexion s’accompagne d’une amertume légitime : tandis que l’ordinaire paie de plus en plus, les inégalités de richesse se creusent, alimentant une sensation d’injustice et de frustration.

2. L’agro-alimentaire et le profit aux dépens de la santé

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Parallèlement, le secteur agro-alimentaire est devenu une source de méfiance croissante. Le consommateur moderne est confronté à une offre de produits transformés, chargés d’additifs, de sucres et de gras, souvent conçus pour être attractifs et addictifs. Malgré les promesses de transparence, beaucoup d’informations restent dissimulées : les procédés de production, les produits chimiques utilisés, ou encore les pratiques d’élevage et de culture.

Les scandales alimentaires sont fréquents, et les préoccupations quant à la santé sont souvent ignorées par ceux qui prônent une rentabilité à court terme. Le citoyen, malgré son désir de consommer plus sainement, se retrouve souvent piégé dans un système où la qualité des produits est sacrifiée pour le profit. Cette spirale déshumanise le rapport à l’alimentation, qui devient une simple transaction, vidée de son sens et de sa bienveillance, et pousse chacun à s’interroger : « Où est passé le bien commun quand même notre nourriture est empoisonnée ? »

3. Le rôle troublant de l’industrie pharmaceutique

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Dans un monde où le stress, la fatigue, et les maladies chroniques explosent, l’industrie pharmaceutique représente pour beaucoup un espoir de soulagement. Pourtant, le citoyen ressent de plus en plus que ce secteur, autrefois salvateur, alimente également ses propres intérêts économiques. Le recours croissant aux médicaments crée des dépendances insidieuses, sans nécessairement s’attaquer aux causes profondes des problèmes de santé.

Certains traitements, souvent très coûteux, offrent un répit temporaire mais maintiennent dans une spirale de consommation. Au lieu de promouvoir la prévention et la guérison, une partie du secteur semble favoriser la chronicisation des maladies, assurant ainsi des revenus stables. Cette orientation crée une tension éthique, et la population se sent parfois capturée dans un cycle sans issue, où la santé devient une marchandise.

4. La montée d’un mal-être global

Ce sentiment de perte de contrôle, de trahison et de désespoir nourrit un mal-être global. Nombreux sont ceux qui ressentent un désenchantement face à un système qui semble prioriser les intérêts économiques de quelques-uns au détriment de la santé, du bien-être, et de la sécurité de tous. Cette frustration se traduit par une méfiance généralisée envers les institutions et les industries qui, autrefois, étaient synonymes de progrès et de protection.

Les manifestations de ce mal-être sont multiples : la résurgence des mouvements sociaux, le retour aux pratiques naturelles et alternatives, la méfiance envers les industries, et même l’émergence de modes de vie plus autonomes, en rupture avec le modèle de consommation dominant. Beaucoup de personnes aspirent à un retour à l’essentiel, à des valeurs humaines et à un système plus transparent et respectueux des besoins de chacun.

5. Vers une réappropriation collective

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Ce mal-être, bien que douloureux, est aussi porteur d’une énergie de changement. Les citoyens cherchent à se réapproprier leur quotidien, à reprendre le contrôle de leur consommation, de leur alimentation, et de leur santé. Cette quête de sens est un signal : il est urgent de réinventer un modèle de société qui place l’humain et le bien commun au centre de ses préoccupations.

En redéfinissant leurs priorités, en cultivant leur propre nourriture, en se tournant vers des alternatives de soins et en créant des communautés plus solidaires, les gens commencent à créer des îlots de résilience. Le malaise contemporain pourrait bien être le prélude à une prise de conscience collective, un premier pas vers un modèle de société où l’intérêt individuel se lie à l’intérêt collectif, où chacun retrouve une voix et un pouvoir d’agir.

Cette souffrance partagée pourrait donc, paradoxalement, être le début d’une transformation profonde : celle d’une société plus solidaire, plus respectueuse et plus juste, où le bien commun redevient une réalité concrète et tangible.

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Peut-on vivre sans gouvernement?

Vivre sans gouvernement est une question fascinante et complexe. Si l’idée peut sembler séduisante pour certains, elle pose des défis profonds en termes de gestion collective, de sécurité et d’organisation. Voici quelques points qui éclairent la possibilité de vivre sans gouvernement, avec ses avantages et ses inconvénients :

1. L’auto-organisation : une alternative possible

Certaines sociétés ont tenté d’exister sans structures gouvernementales centralisées, en s’appuyant sur des systèmes communautaires et locaux. Des exemples modernes de cette approche incluent des communautés autonomes qui gèrent elles-mêmes leur sécurité, leur économie, et leurs règles de vie. Dans ces systèmes, les individus ou groupes s’organisent horizontalement, souvent avec des conseils communautaires où chacun a une voix, ce qui favorise la participation directe.

2. Le risque de chaos et d’insécurité

Le rôle premier du gouvernement est de garantir un certain ordre et de protéger les citoyens. Sans un cadre gouvernemental, il devient plus difficile de maintenir la paix et la sécurité, surtout à grande échelle. Les groupes criminels, les conflits internes, et l’absence de régulation pourraient rendre la vie dangereuse pour les citoyens, car il n’existerait plus de structure pour faire respecter la loi.

3. La gestion des ressources

Un gouvernement centralisé organise la gestion des ressources essentielles (eau, électricité, infrastructures). Sans gouvernement, la gestion collective de ces ressources pourrait se compliquer. Cela pourrait fonctionner dans des petites communautés où la communication est simple, mais dans des sociétés plus vastes et complexes, le manque de coordination pourrait entraîner des conflits ou une répartition inégale des ressources.

4. Les inégalités de pouvoir

Sans un gouvernement pour établir des lois et des droits universels, il est possible que des groupes puissants ou influents prennent le contrôle de certains aspects de la société, créant des inégalités de pouvoir. Des individus ou entreprises ayant plus de ressources pourraient dominer ceux qui en ont moins, sans qu’il y ait de cadre pour limiter leur influence ou protéger les plus vulnérables.

5. Les exemples d’autonomie partielle

Certaines régions autonomes ou communautés anarchistes montrent que vivre sans un gouvernement central est possible à petite échelle, en privilégiant des formes d’autogestion. Par exemple, des zones comme le Chiapas au Mexique (où des communautés indigènes gèrent leurs affaires indépendamment de l’État) et les expériences de ZAD (Zones à Défendre) en France montrent des initiatives autonomes où les citoyens prennent eux-mêmes les décisions de manière démocratique.

6. Les services publics et les biens communs

Le gouvernement joue un rôle essentiel dans l’offre de services publics comme l’éducation, la santé, et le transport. Sans gouvernement, ces services risquent de devenir des privilèges réservés à ceux qui peuvent se les offrir, accentuant les inégalités. Les services de santé, d’éducation et d’aide sociale sont des aspects difficiles à maintenir sans une structure centralisée, car ils nécessitent un financement et une gestion soutenus.

7. La coopération à grande échelle

Vivre sans gouvernement à une échelle globale semble presque impossible. Les gouvernements facilitent les accords commerciaux, les traités internationaux et la gestion de crises mondiales (pandémies, réchauffement climatique). La coopération entre nations et communautés devient difficile sans institutions et règles communes pour réguler ces relations et résoudre les conflits.

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8. Une utopie réalisable pour certains, mais limitée pour d’autres

Pour certains philosophes et penseurs, une société sans gouvernement est l’idéal ultime, car elle valorise la liberté individuelle et la responsabilité personnelle. Cependant, une telle utopie suppose que chaque citoyen soit suffisamment responsable et altruiste pour participer à un bien-être collectif sans chercher à dominer autrui.

En résumé, vivre sans gouvernement pourrait fonctionner dans des communautés petites et fortement unies où les ressources sont partagées et où les conflits peuvent être réglés facilement. Mais dans des sociétés plus vastes, où les intérêts et les cultures varient, un gouvernement joue souvent un rôle crucial pour maintenir l’ordre, protéger les droits et organiser la société de manière stable. Encore faudrait-il qu’il nous prouve que leur engagement et la dépense de nos impôts sont justifiés pour le bien commun…

Lecture inspirante:

Libres: Vers un travail qui a du sens Broché Hélène Picot

Ce livre s’adresse aux personnes en quête de sens, à ceux qui se questionnent sur le Travail et ont envie de vivre, d’œuvrer et de consommer différemment. Nous parlons de plus en plus du nouveau monde dû à l’urgence climatique, au système en bout de course et aujourd’hui du Covid, mais aucun livre ne mentionne cela sous l’angle du Travail. Or le travail, et surtout la reconversion, le changement de vie et de modèle représentent une solution non négligeable pour changer le monde (et notre monde intérieur).« Preuves  » à l’appui, ce livre a l’ambition de dresser un panorama quasi exhaustif du monde du travail d’hier, d’aujourd’hui et de demain et des nouvelles manières de travailler. Par cette porte d’entrée « travail », le lecteur est invité à ré-envisager la société toute entière en présentant les clés qui existent déjà et celles que nous pourrions développer, chacun à notre échelle pour répondre à cette quête de sens. Télétravail, révision du temps de travail, nouvelles manières de travailler, refonte nécessaire de certains secteurs comme la mode, l’agriculture, l’industrie pharmaceutique, la grande distribution… Exode urbain, monnaies locales, économie du don… Tout est là pour contribuer à un nouveau monde, résilient et respectueux du Vivant dont nous faisons partie. Le « travail sur soi », sur notre conscience, sur notre rapport au monde, va nous permettre de remplacer la vieille image du «  travail classique  » dénué de sens et déshumanisé. En changeant notre point de vue sur le Travail, nous récupérons du temps et pouvons réellement changer le système.

source: Sophie Denis, en exclusivité pour le JDBN – Crédits photos: Pixabay – ai généré