En matière d’environnement, l’Angleterre semble bien vouloir montrer de quel bois elle se chauffe… Le gouvernement britannique vient en effet d’annoncer la création d’une forêt d’une ampleur sans précédent : 50 millions d’arbres vont être plantés à travers le territoire de l’île, d’Est en Ouest, d’ici à 2050. Les quelque 250 kilomètres carrés de zones boisées supplémentaires prévues formeront un véritable couloir de verdure, depuis Hull jusqu’à Liverpool.

Alors que l’île fait aujourd’hui partie des nations les moins boisées d’Europe, avec moins de 8% de couverture forestière, ce plan, lancé par le Département de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales britannique (DEFRA), devrait amener ce taux à environ 20% en 25 ans. « Cela va prendre du temps de planter les millions d’arbres nécessaires au développement de cette forêt nationale, il ne s’agit donc pas d’un acte à court terme, mais l’engagement est bien là », a expliqué la Première Ministre britannique Theresa May à la chaîne de télévision BBC 1

Le projet, au coût total estimé de 566 millions d’euros, consistera à relier entre eux cinq grands domaines déjà implantés au Nord du territoire. Dans un quart de siècle, la Mersey Forest, la Manchester City of Trees, la South Yorkshire Community Forest, la Leeds White Rose Forest et le bois de Heywoods ne formeront ainsi plus qu’une vaste région boisée, aux vertus tant écologiques qu’économiques. 

Des attentes considérables 

Les perspectives dans le domaine de la protection de l’environnement sont prometteuses. Premier espoir : former un habitat propice à la conservation de la biodiversité. Les 50 millions de pins et d’épicéas bientôt plantés permettront d’abriter une diversité biologique foisonnante. Autre attente de cet ambitieux projet, piéger près de sept millions de tonnes de dioxyde de carbone, afin de contribuer à limiter la quantité de gaz à effet de serre et leur impact sur le changement climatique.

Mais les bienfaits de cette forêt à l’étendue hors du commun ne s’arrêtent pas à la nature. L’Homme, lui-même devrait également tirer bénéfice de cette vaste zone boisée, affirment les initiateurs du projet. Les racines des arbres, par leurs propriétés ameublissantes, devraient en effet contribuer à protéger environ 190.000 foyers des risques d’inondations : un sol aéré, moins compact, est capable d’absorber l’excès d’eau en cas de forte précipitations. 

Le ruban vert qui traversera l’Angleterre de part en part permettra aussi de former autour des grandes villes du Nord de l’île – Liverpool, Manchester, Sheffield, Leeds, Chester ou encore Hull – un écrin de verdure plus agréable à vivre et synonyme d’une meilleure qualité de l’air. « Les arbres sont non-seulement une source de beauté et d’émerveillement, mais aussi un moyen de gérer les risques d’inondation, de protéger les espèces précieuses et de créer des lieux plus sains où travailler et vivre », résume ainsi le secrétaire d’État en charge de l’environnement Michael Gove. 

L’écologie au service de l’économie  

L’économie devrait elle aussi tirer profit du plan de reboisement. Création d’emploi, stimulation du commerce rural et augmentation de la valeur immobilière sont autant de promesses annoncées par les responsables du projet. Les revenus issus du tourisme devraient atteindre deux milliards de livres, soit plus de 2,3 milliards  d’euros. De quoi largement accroître les dynamisme du secteur. 

Le projet débutera dès mars 2018 par la plantation d’un peu moins de 7 kilomètres carrés de forêt près de Bolton, une des plus grandes villes du nord-ouest de l’Angleterre. L’impulsion sera donnée par la dotation de départ promise par le DEFRA, équivalant à un peu plus de 6,4 millions d’Euros, mais aussi par un soutien financier de la loterie nationale, la Heritage Lottery Fund. Un audacieux coup de poker, qui pourrait bientôt faire de cette vaste forêt en gestation, un véritable poumon vert pour le territoire britannique.   

 
Source – crédit photo: capture