Psychologue, chroniqueuse, auteure, Sabrina Philippe sonde à merveille la psyché humaine.

Dans son nouveau roman – « Un développement très personnel », elle nous entraîne dans la vie de Sophia, une coach de vie à succès, qui vend à tout-va sa méthode : « Ce que l’Univers veut pour vous ».

Au fil des pages, le lecteur va observer l’effondrement brutal de ce gourou des temps modernes.

Un récit prenant, qui remet les pendules à l’heure.

Rencontre avec Sabrina Philippe.

Anne Bouquet: Sabrina Philippe, dans ce récit, vous mettez en lumière le monde du développement personnel. Parlons de votre héroïne, Sophia. Qui est-elle ? Que fait-elle ?

Sabrina Philippe : 

Sophia est une ancienne journaliste reconvertie dans le développement personnel. Elle rencontre un véritable succès -auquel elle ne s’attendait pas-avec sa méthode « Ce que l’Univers veut pour vous ». Livres, séminaires de luxe sur des bateaux- croisières, conférences…Elle surfe sur la vague du succès. Sa réussite est fracassante. 

Elle est portée par ce tourbillon. Elle est convaincue d’avoir un grand rôle à jouer. Elle se doit d’ouvrir les yeux à ses congénères en enseignant la loi de l’Attraction et tous les mystères liés à ce fameux Univers.

À écouter Sophia, il suffirait de demander à l’Univers tout ce que vous désirez, et l’Univers vous l’apporterait. Un discours qui va même plus loin : « Si vous ne recevez pas ce que vous avez ardemment demandé, alors c’est que vous ne vous y êtes pas pris comme il le fallait ».  

Mais Sophia a « LA formule infaillible », qu’elle vend dans ses écrits et ses séminaires.  Ses clients sont nombreux. Ils attendent avec impatience les prochaines leçons de cette femme, véritable gourou des temps modernes.

Finalement, on peut dire que Sophia participe de son plein gré à l’infantilisation de notre société. Il suffirait de demander pour recevoir. Il y a un côté magique dans sa recette de développement personnel et/ou spirituel…

Au gré de son évolution, Sophia va pourtant tout perdre : mari, argent, renommée…Elle va alors être obligée de se confronter aux cornes du réel. 

Anne Bouquet: Pourquoi avoir choisi comme terrain de jeu, le milieu du développement personnel ?

Sabrina Philippe : C’est un milieu que je connais bien. Développement personnel, spiritualité…Dans ce monde sans frontière, on trouve un peu de tout et souvent du grand n’importe quoi…

Beaucoup de ces « coachs de vie » s’érigent comme des gourous. Ils vendent de la magie et se posent comme les « sachants ».

Je trouve cela extrêmement dérangeant. Car les « clients » sont placés dans une certaine dépendance. Tout ceci sonne faux. Bien souvent, c’est l’Ego qui est servi dans tous ces discours. 

Nous sommes tellement loin d’une certaine humilité et d’une vraie spiritualité…

La spiritualité, ce ne sont pas des phrases toutes faites qui vous promettent l’abondance dans tous les domaines de votre vie.

Je suis psychologue, j’ai une bonne connaissance de la souffrance humaine. Beaucoup ne savent pas reconnaître des pathologies car elles ne sont pas formées à cela, tout simplement. Et c’est bien dommage ! Citons l’exemple d’individus atteints de tendances psychotiques. S’ils s’aventurent dans des séances de chamanisme, vous êtes certains de les retrouver tôt ou tard, en hôpital psychiatrique !

Bon nombre de ces experts en développement personnel ne sont pas formés aux différentes pathologies mentales. Au final, les dégâts peuvent être terribles.

À travers ce roman, j’ai tenté de pointer du doigt la nature de la vraie spiritualité, qui n’est autre qu’une descente en soi. C’est d’ailleurs ce que Sophia va être contrainte de vivre. 

Pour vous donner une image, la véritable spiritualité, c’est celle de ces infirmières qui ont donné la main à celles et ceux qui étaient en train de s’en aller, seuls, sans leurs proches à leurs côtés durant cette période de Coronavirus. 

Elle est là la spiritualité ! Elle est dans l’aide à l’autre et en aucun cas dans ces envolées lyriques, flamboyantes et magiques.

Le développement personnel est devenu une nouvelle religion qui vous explique que la vie, c’est super, qu’il suffit d’y croire, que tout est possible.

 Or je m’insurge contre cela. Non, tout n’est pas possible. 

Nous ne sommes pas dans le monde de Oui-Oui !

Anne Bouquet: Nous venons de vivre deux mois de confinement. Que pensez-vous de cette traversée en eaux troubles ?

Sabrina Philippe :

La façon dont les personnes ont vécu le confinement dépend beaucoup des ressources psychologiques qu’elles avaient en amont. 

Certaines ont vécu ce confinement dans la solitude ou bien la précarité, et d’autres non. 

Pour quelques-uns, cette période va induire des changements, notamment au niveau de leur qualité de vie. Par exemple, ils ont pris conscience que passer trois heures dans les transports pour aller travailler chaque jour, ce n’était plus possible. Que ne plus avoir assez de temps pour ses enfants, ce n’était plus possible. 

Il y a eu des réelles prises de conscience. 

Mais je ne crois pas à ce que l’on nomme « Le monde d’après ». 

La transformation de la société, qui était déjà initiée avant, ne va pas se faire en un jour. Tout ceci est lent. Les réponses seront différentes pour chacun d’entre nous. 

Je relève que durant ce confinement, on nous a parlés comme à des enfants.  C’est un peu la suite logique de cette infantilisation de notre société. 

Les discours simplistes étaient récurrents, répétitifs comme des mantras : « Restez à la maison », « Lavez-vous les mains » …

Ce simplisme à outrance est à mon sens très grave.

Il est temps de se responsabiliser à tous les niveaux de notre vie. 

Propos recueillis par Anne Bouquet, en exclusivité pour le JDBN

LE LIVRE:

Livre « Un développement très personnel », Sabrina Philippe, éditions Flammarion, mars 2020.

A propos d’Anne Bouquet…

Journaliste en presse écrite et rédactrice web depuis de nombreuses années,  j’ai mené une vie professionnelle classique : salariée d’un quotidien régional, d’une revue économique, de différents hebdomadaires locaux…

Curieuse de nature, passionnée par la vie, j’ai par la suite mis mes passions au premier plan : ésotérisme, parapsychologie, techniques de bien-être, culture, littérature…

L’écriture est une énergie. À nous de la faire voyager, librement.

MA CONTRIBUTION AU JDBN:

« Partout dans le monde, derrière le langage courant- et souvent déprimant des médias- des femmes et des hommes font jaillir la lumière dans tous les secteurs de notre société.
Regardons- les, écoutons-les. 

Partageons le positif !

Le JDBN porte ces valeurs.

Je suis ravie d’accompagner ce site d’information unique en son genre, qui nous permet de prendre de la hauteur ».

Anne Bouquet.