Le « helper’s high » est un terme qui désigne l’état émotionnel positif ressenti lorsqu’une personne aide quelqu’un d’autre. Ce phénomène, étudié en psychologie, est souvent comparé à une sorte d’euphorie naturelle ou de « montée » similaire à celle ressentie après un effort physique intense, comme la course à pied (« runner’s high »). Ce sentiment de bien-être est en partie lié à la libération de neurotransmetteurs comme la dopamine et l’endorphine dans le cerveau.

Les recherches montrent que les actes altruistes, comme le bénévolat ou le simple fait d’aider un inconnu, peuvent déclencher cette sensation de bien-être immédiat et durable. De plus, le helper’s high a des effets bénéfiques sur la santé, notamment une réduction du stress, une amélioration de l’humeur, et même un impact positif sur la longévité.

C’est une boucle positive où aider les autres ne profite pas seulement à ceux qui reçoivent de l’aide, mais aussi à ceux qui la donnent.

D’où vient ce concept?

Le concept de « helper’s high » a été popularisé dans les années 1980 par le docteur Allan Luks, un chercheur en psychologie et en santé publique. Luks a mené des recherches sur les bienfaits psychologiques et physiques de l’altruisme. Dans son étude de 1988, il a interrogé des milliers de bénévoles et constaté qu’une majorité d’entre eux rapportaient un sentiment de bien-être, d’euphorie ou de bonheur après avoir aidé autrui.

Dans son livre « The Healing Power of Doing Good » publié en 1991, Allan Luks a approfondi ce phénomène. Il a non seulement décrit le helper’s high mais aussi les bienfaits physiologiques de l’altruisme, tels que la réduction de la tension artérielle, du stress, et une meilleure santé globale. Luks a démontré que cet état de bien-être était lié à des changements neurochimiques dans le cerveau, notamment à la libération d’endorphines, souvent associées au plaisir et à la réduction de la douleur.

Ce concept s’inscrit également dans une longue tradition philosophique et morale, des idées d’altruisme et de « récompense » intrinsèque pour avoir aidé les autres, mais Allan Luks est le premier à avoir formalisé l’idée et à l’avoir étayée par des preuves scientifiques.

Voici quelques exemples concrets et études qui montrent les effets positifs du helper’s high sur les personnes :

1. Étude sur les bénévoles âgés (États-Unis)

Une étude menée par Carnegie Mellon University en 2013 a montré que les personnes âgées de plus de 50 ans qui faisaient du bénévolat pendant au moins 200 heures par an avaient 40 % moins de risques de développer de l’hypertension artérielle. Cela suggère que les activités altruistes ont un effet direct sur la santé cardiovasculaire.

2. Expérience sur les dons de charité

Dans une expérience réalisée par Elizabeth Dunn, professeure de psychologie à l’Université de la Colombie-Britannique, les participants ont reçu de l’argent. Ceux qui ont été invités à dépenser cet argent pour d’autres personnes ont signalé des niveaux de bonheur plus élevés que ceux qui l’ont dépensé pour eux-mêmes. Cela prouve que l’altruisme, même sous forme de dons financiers, peut générer un sentiment durable de bien-être.

3. Bénévolat et réduction de la dépression

Une étude de 2020 menée par Harvard School of Public Health a révélé que les personnes qui s’engagent régulièrement dans des activités bénévoles sont moins susceptibles de souffrir de dépression. Le simple fait de s’engager dans des actes de gentillesse et d’altruisme semble non seulement améliorer l’humeur, mais aussi diminuer les risques de dépression à long terme.

4. Impact sur le bien-être psychologique des adolescents

Une étude menée par The Journal of Social Psychology a montré que les adolescents qui participaient à des activités bénévoles rapportaient un meilleur bien-être émotionnel et une estime de soi plus élevée par rapport à ceux qui n’en faisaient pas. Le fait d’aider les autres renforce leur sentiment de compétence et de connexion sociale.

5. Soutien aux proches malades

Des recherches sur les soignants (personnes prenant soin de membres de la famille malades ou handicapés) montrent qu’en dépit du stress, beaucoup rapportent également un sentiment de satisfaction profonde. Cette satisfaction découle du fait d’être utile et de savoir qu’ils apportent un réconfort à quelqu’un qu’ils aiment. Les soins apportés peuvent provoquer une forme de helper’s high, même dans des situations difficiles.

6. Actes de gentillesse au quotidien

Une étude publiée dans Clinical Psychological Science a montré que de petits gestes quotidiens de gentillesse — comme aider un collègue ou offrir son siège dans les transports — entraînaient une augmentation du bien-être psychologique. Les participants qui faisaient ces gestes se sentaient moins stressés et plus connectés aux autres.

Ces exemples démontrent non seulement que le helper’s high procure un bien-être émotionnel immédiat, mais qu’il a également des impacts mesurables sur la santé physique et mentale des personnes qui pratiquent l’altruisme.

source: JDBN – crédits photos: pixabay