New York (AFP) – New York, une des capitales mondiales du consumérisme, s’apprête dimanche à bannir les sacs en plastique à usage unique dans la plupart des commerces, une mesure encore rare aux Etats-Unis, fruit de quatre ans d’efforts.

Les 8,5 millions d’habitants de la capitale financière américaine et tout l’Etat de New York, qui se disent en pointe sur la protection de l’environnement, ont eu du mal à franchir le pas, tant ils sont habitués à voir les caissiers emballer leurs courses ou leurs repas livrés à domicile dans des sacs souvent doublés pour plus de solidité.

En 2016, la première ville des Etats-Unis avait adopté une loi imposant une taxe de 5 cents par sac, mais elle avait été annulée à l’échelle de l’Etat.

En avril 2019, le Parlement de l’Etat avait finalement donné son feu vert à une nouvelle loi, assortie d’exceptions, entrant en vigueur ce dimanche.

Cette fois, plusieurs New-Yorkais interrogés par l’AFP à la sortie de supermarchés se sont dits prêts.

Janice Vrana, 66 ans, qui dit faire ses courses avec des sacs réutilisables depuis 10 ans, a hâte de se débarrasser de sacs en plastique « envahissants ».

« On pourrait rouler dessus en camion 500 fois de suite, on n’arriverait probablement pas à les détruire. Si je peux contribuer ne serait-ce qu’un peu, je contribue », a-t-elle indiqué.

« C’est super que les gens deviennent plus conscients de la façon dont leurs achats quotidiens affectent l’environnement, je suis pour », a indiqué Janine Franciosa, 38 ans, qui travaille dans la publicité. Les sacs en plastique sont parfois très pratiques, souligne-t-elle néanmoins, mais « on va devoir apprendre à s’adapter ».

D’autres sont moins enthousiastes.

« Beaucoup de gens sont furieux, ils veulent du plastique », souvent parce qu’ils les utilisent comme sacs-poubelle, explique Terri Maldonado, caissière dans un supermarché du Lower East Side. « Ils n’ont jamais acheté de sacs-poubelle de leur vie ».

L’Etat de New York consomme quelque 23 milliards de sacs en plastique par an, selon des chiffres officiels. Quelque 85% d’entre eux finissent par être jetés, polluant les rues, les plages ou atterrissant dans des décharges.

Selon Kate Kurera, vice-directrice de l’organisation environnementale Environmental Advocates of New York, la mesure devrait « réduire considérablement » la pollution au plastique, malgré les multiples exemptions.

Toute la nourriture à emporter, dont les New-Yorkais raffolent, pourra notamment continuer à être emballée dans du plastique.

Plastique toléré aussi pour emballer médicaments ou journaux livrés à domicile, souvent laissés sur les pas-de-porte, ou les produits frais non pré-emballés comme la viande et le poisson.

Bien que des amendes – jusqu’à 500 dollars par sac en cas de récidive – soient prévues pour les magasins qui continueraient à donner des sacs en plastique, l’Etat de New York entend d’abord privilégier la pédagogie et inciter les habitants à avoir toujours avec eux un sac réutilisable.

Quant aux sacs-papiers, leur coût pourrait varier selon le comté de l’Etat de New York dans lequel on se trouve.

Chaque comté doit en effet choisir de prélever ou non une taxe de 5 cents par sac en papier, qui alimentera un fonds pour l’environnement.

Trois comtés dont celui qui englobe la ville de New York, sur 62, ont déjà opté pour cette taxe.

Selon Greg Biryla, directeur pour l’Etat de New York de la fédération nationale des entreprises indépendantes, les sacs-papiers et autres alternatives coûtent jusqu’à sept fois plus cher que les sacs en plastique. Ces alternatives « sont proportionnellement plus pénalisantes pour les petits commerces, qui ne peuvent pas commander de grandes quantités », dit-il.

Les Etats-Unis ont encore peu légiféré pour réduire leur consommation de produits en plastique, malgré leurs effets polluants très médiatisés ces dernières années, notamment sur les océans.

A part New York, seule la Californie, l’Oregon et de fait Hawaï les ont déjà interdits. Quatre autres Etats ont adopté des lois en ce sens, qui entreront en vigueur prochainement.

Mais d’autres Etats comme le Texas ont interdit à leurs villes d’interdire les sacs en plastique.

Même si la mesure ne doit être appliquée qu’en 2021, le Parlement de l’Union européenne a entériné en mars 2019 l’interdiction de nombreux produits en plastique de grande consommation, dont pailles, cotons-tiges, couverts en plastique, encore omniprésents aux Etats-Unis.

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Un homme marche avec un chariot de sacs en plastique contenant ses courses le 28 février 2020 à Manhattan © AFP TIMOTHY A. CLARY