Les plaisanteries, les surprises agréables et les rires qu’elles peuvent provoquer donnent du relief à la vie quotidienne.

Quand on glousse ou qu’on s’esclaffe, on peut avoir l’impression d’émettre des bruits un peu ridicules ou bêtas. Mais rire demande en fait beaucoup de travail, car il active de nombreuses zones du cerveau : des zones qui contrôlent les processus moteurs, émotionnels, cognitifs et sociaux.

Comme je l’ai constaté en écrivant « Introduction à la psychologie de l’humour », les chercheurs considèrent même désormais le rire comme un facteur d’amélioration potentielle du bien-être physique et mental.

Les pouvoirs du rire sur la physiologie

Les gens commencent à rire dès l’enfance: cela nous aide alors à développer les muscles et le haut du corps. Ce n’est pas seulement une question de respiration : rire repose sur des combinaisons complexes de muscles faciaux, impliquant souvent des mouvements des yeux, de la tête et des épaules.

Rire, que l’on rie soi-même ou bien que l’on regarde quelqu’un d’autre rire, active de multiples régions du cerveau : le cortex moteur, qui contrôle les muscles, le lobe frontal, qui vous aide à comprendre le contexte, et le système limbique, qui module les émotions positives. En activant tous ces circuits, on renforce les connexions neuronales et on aide un cerveau sain à coordonner son activité.

En activant les voies neuronales des émotions comme la joie et la gaieté, rire peut contribuer à améliorer nos humeurs et à rendre moins intenses nos réponses physiques et émotionnelles au stress. Par exemple, rire peut aider à contrôler les niveaux cérébraux de la sérotonine, un neurotransmetteur, tout comme le font les antidépresseurs. En minimisant les réactions de notre cerveau aux menaces, rire limite la libération de neurotransmetteurs et d’hormones, comme le cortisol, qui peuvent fatiguer nos systèmes cardiovasculaire, métabolique et immunitaire au fil du temps. Le rire est en quelque sorte un antidote au stress, qui affaiblit nos systèmes de protection et augmente notre vulnérabilité aux maladies.

Des femmes riant ensemble lors d’un repas en plein air.Comprendre une blague est un bon entraînement pour le cerveau. Thomas Barwick/Stone, Getty Images

Les pouvoirs cognitifs du rire

Lorsque quelqu’un fait une blague, les rires qui s’ensuivent dépendent en grande partie de notre intelligence sociale et de notre mémoire.

Le rire, tout comme l’humour, survient souvent lorsque l’on reconnaît des incongruités ou des absurdités dans une situation. Avant de rire, il faut pouvoir résoudre mentalement la dissension provoquée par le comportement ou l’événement surprenant. Inférer les intentions des autres et comprendre leur point de vue peut renforcer l’effet comique ressenti et l’intensité du rire.

Pour comprendre une blague ou le comique d’une situation, il faut être capable de voir le côté plus léger des choses, être ouvert à des interprétations non littérales, par exemple lorsque l’on est amusé par des bandes dessinées avec des animaux qui parlent, comme Donald, Jolly Jumper ou Rantanplan.

La puissance sociale du rire

De nombreuses compétences cognitives et sociales se conjuguent pour vous aider à déterminer quand et pourquoi le rire se produit pendant les conversations. Il n’est pas nécessaire d’avoir entendu des rires pour savoir rire, comme le montre l’utilisation du rire pour ponctuer des phrases en langue des signes, un peu comme les émoticônes dans un texte écrit.

Le rire crée des liens et accroît l’intimité avec les autres. Le linguiste Don Nilsen note que le rire se produit rarement lorsqu’on est seul, ce qui souligne son rôle social. Dès le plus jeune âge, le rire des nourrissons est un signe extérieur de plaisir qui contribue à renforcer les liens avec les personnes qui s’occupent d’eux.

Plus tard, c’est un signe extérieur de partage d’une appréciation de la situation. Par exemple, les orateurs et les comédiens essaient de faire rire le public pour qu’il se sente psychologiquement plus proche de lui, pour créer une intimité.

En s’exerçant à rire un peu chaque jour, on peut améliorer des compétences sociales qui ne vous viennent peut-être pas naturellement. Lorsque vous riez en réponse à un trait d’humour, vous partagez vos sentiments avec les autres, ce qui apprend à jongler avec les risques d’une réponse sociale (par exemple que votre réponse soit acceptée, partagée ou appréciée par les autres, plutôt que rejetée, ignorée ou désapprouvée).

Des études menées par des psychologues ont montré que les hommes ayant des caractéristiques de personnalité de type A – par exemple la compétitivité et l’hyperactivité, ont tendance à rire davantage, tandis que les femmes ayant ces caractéristiques rient moins. Les femmes et les hommes rient davantage avec les autres que lorsqu’ils sont seuls.

Femme aux cheveux blancs riant sur un banc public dans un parcRire est important à tout âge. Steve Prezant/The Image Bank, Getty Images

Les effets du rire sur le mental

Les chercheurs en psychologie positive étudient comment les gens peuvent vivre une vie pleine de sens, et s’épanouir. Le rire produit des émotions positives qui mènent à ce genre d’épanouissement. Ces sentiments – comme l’amusement, le bonheur, la gaieté et la joie – renforcent la résilience et augmentent la pensée créative. Ils augmentent le bien-être subjectif et la satisfaction de vivre. Les chercheurs ont découvert que ces émotions positives vécues avec humour et rire sont en corrélation avec l’appréciation du sens de la vie et aident les personnes âgées à avoir une vision positive des difficultés qu’elles ont rencontrées au cours de leur vie.

Rire en réponse à de l’amusement est un mécanisme d’adaptation sain. Lorsque vous riez, vous vous prenez moins au sérieux et vous vous sentez peut-être plus à même de résoudre les problèmes. Par exemple, les psychologues ont mesuré la fréquence et l’intensité du rire de 41 personnes sur une période de deux semaines, ainsi que leur niveau de stress physique et mental. Ils ont constaté que plus les rires étaient nombreux, plus le stress était faible – indépendamment du niveau sonore des rires étudiés.

Peut-on travailler sur notre rire pour en tirer des bénéfices ?

Un nombre croissant de thérapeutes préconisent l’utilisation de l’humour et du rire pour aider les patients à reprendre confiance et à améliorer leur environnement de travail ; un examen de cinq études différentes a révélé que les mesures de bien-être ont augmenté après des interventions par le rire. Ces interventions prennent la forme d’activités humoristiques quotidiennes – s’entourer de personnes drôles, regarder une comédie qui vous fait rire ou écrire trois choses drôles qui se sont passées aujourd’hui.

Vous pouvez vous entraîner à rire même lorsque vous êtes seul. Prenez intentionnellement une perspective qui apprécie le côté drôle des événements. Le yoga du rire est une technique qui consiste à utiliser les muscles de la respiration pour obtenir les réactions physiques positives du rire naturel par un rire forcé (« hahaha hihihi hohoho »).

Quelques astuces pour débuter avec le yoga du rire.

Les chercheurs d’aujourd’hui ne prennent pas ces études à la rigolade, mais une bonne partie des recherches sur l’influence du rire sur la santé mentale et physique repose encore sur des auto-évaluations. Des études plus cadrées de psychologie expérimentale, autour du rire ou des contextes dans lesquels il se produit, confirmeront probablement l’importance de rire tout au long de la journée. Elles suggéreront peut-être même d’autres façons d’en exploiter les bienfaits intentionnellement.


Cet article a été traduit par Elsa Couderc avec l’aide de DeepL.The Conversation

Janet M. Gibson, Professor of Cognitive Psychology, Grinnell College

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Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original. – crédit photo: pixabay