LE PLUS. L’histoire a été largement reprise sur internet : un prêtre, en arrêt cardiaque pendant 48 minutes, s’est réveillé en affirmant que Dieu est une femme. L’actualité s’est avérée totalement fausse, mais elle a relancé les questions autour des expériences de mort imminente (EMI). Existent-elles vraiment ? Explications de l’anesthésiste-réanimateur Jean-Jacques Charbonnier, qui étudie ces cas depuis 25 ans.

Édité et parrainé par Rozenn Le Carboulec

Les personnes qui disent avoir vécu une expérience de mort imminente ont eu la sensation de quitter leur corps (Flickr/Louish Pixel/CC)

 

On les appelle les « expérienceurs ». Compte tenu des progrès de la réanimation et de la banalisation de leurs témoignages devenus de plus en plus nombreux, leur population ne cesse de croître. On estime celle-ci à plus de 2,5 millions en France et à plusieurs dizaines de millions dans le monde.

 

Ces hommes et ces femmes qui ont vécu une expérience indicible lors d’un arrêt cardiaque racontent leur histoire dans des livres, font des conférences et apparaissent régulièrement dans nos médias. Bien que les discours semblent forts différents en fonction des cultures, des croyances religieuses ou des philosophies, il semble que la séquence événementielle soit relativement constante. 

 

Une lumière et la sensation d’un amour inconditionnel

 

Les personnes sortent de leur corps, assistent à leur propre réanimation comme s’ils flottaient tranquillement au-dessus de la scène, décrivent sans trop d’erreur et avec force de détails des situations se déroulant à distance ; dans une autre pièce ou à des kilomètres de là.

 

Vient ensuite le passage dans un tunnel au bout duquel surgit une lumière empreint d’un amour qualifié d’immense et d’inconditionnel. Les superlatifs leur manquent pour traduire en mots terrestres la puissance de cet amour. Des êtres chers disparus, des guides spirituels, des anges, un « être de lumière », des divinités se présentent à eux pour leur demander de revenir sur terre et « donner de l’amour aux autres ».

 

Dans certains cas, des entités inconnues, jamais rencontrées jusqu’alors, apparaissent. Et ce n’est que bien plus tard que l’expérienceur reconnaîtra la personne décédée au moment de l’expérience sur une photo découverte « par hasard ».

 

Un neurochirurgien a vécu l’expérience

 

Eben Alexander, professeur de neurochirurgie à Harvard, qui était persuadé que toutes ces expériences étaient hallucinatoires, a radicalement changé d’avis quand il a vécu lui-même l’expérience il y a sept ans de cela.

 

Et pour cause, la jeune fille qui l’a accompagné dans son voyage dans l’au-delà n’était autre que sa sœur biologique qu’il ne connaissait absolument pas.

 

Les bras lui en tombent quand il découvre son existence sur une photo plusieurs mois après son coma.

 

Une aventure qui bouleverse des existences

 

Une revue de vie leur fait ressentir toutes leurs bonnes et mauvaises actions dans une sorte d’auto-jugement bienveillant.

 

Parfois, certains devinent leur futur ; la vie qu’ils auront après cette incursion dans cet hypothétique au-delà.

 

Le retour à la vie est la plupart du temps difficile ; il faut réintégrer un corps malade ou blessé qui est souvent perçu comme une « enveloppe de chair devenue trop petite ».

 

Ils doivent aussi assimiler cette aventure qui restera pour chaque expérienceur l’histoire la plus importante de toute leur vie. Incontestablement, celle-ci bouleverse une existence puisqu’on observe par exemple 60% de divorces dans les 10 ans qui suivent.

 

Les personnes se détournent des valeurs matérielles de notre monde pour se « consacrer aux autres », pour développer leur spiritualité ou encore pour exprimer des talents insoupçonnés en devenant médium, artiste, guérisseur ou magnétiseur.

 

Certaines personnes en ont un vécu négatif

 

Dans des cas plus rares, et sans aucun facteur prédictif, l’expérience est perçue comme désagréable voire infernale. Les sujets traversent alors des lacs de feux, sont poursuivis par des monstres ou sont engloutis dans des mondes fantasmagoriques des plus désagréables. Mais ce vécu négatif peut se transformer au fil de l’expérience en une aventure positive quand un lâcher-prise s’installe.

 

La majorité des personnes victimes de ces expériences de mort imminente (EMI) négatives que j’ai pu interroger ont intégré ce singulier épisode de leur vie comme un avertissement de l’au-delà leur demandant de modifier leur comportement dès « leur retour sur terre ». Les transformations sont donc au total les mêmes que dans les cas habituels ; amour du prochain, détachement des biens matériels, investissements caritatifs ou humanitaires.

 

Il faut cependant être attentif dans l’écoute de ces témoignages, car les personnes qui se confient pourront facilement se déconnecter de la réalité en développant des états psychotiques s’ils ne reçoivent en retour que moqueries et mépris.                    

 

Difficile d’expliquer cet état de manière scientifique

 

Devant ce raz-de-marée de témoignages, les scientifiques s’interrogent. Certains physiciens voient là une occasion rêvée pour développer certaines théories de réalités parallèles propres à la physique quantique.

 

Des chercheurs attachés aux principes hallucinatoires de l’expérience tentent, sans y parvenir, d’expliquer le phénomène par des libérations de substances chimiques produites par un cerveau agonique et hypoxique. D’autres, plus téméraires, essayent en vain de stimuler des zones bien précises du cerveau pour reproduire les sensations de sortie de corps vécues en début d’expérience.

 

Une chose est certaine : personne n’est à ce jour parvenu à expliquer comment un expérienceur est en mesure de décrire des scènes précises se déroulant à proximité et à distance de son corps inerte.

 

Pour tester la réalité de ces « sorties de corps », d’autres chercheurs ont disposé des cibles cachées au-dessus de lits de patients susceptibles de faire des arrêts cardiaques ; c’est le fameux projet Aware présenté à l’ONU de New York le 11 novembre 2009.

 

À ce jour, aucun résultat probant n’a été enregistré. Cependant, la communauté médicale prend la chose très au sérieux et s’interroge avec le recul nécessaire.

 

L’existence d’une autre forme de conscience ?

 

En ce qui me concerne, j’étudie ce sujet depuis plus de 25 ans. J’ai pu interroger des centaines d’expérienceurs et j’ai dirigé deux thèses de doctorat en médecine portant sur les EMI.

 

L’une a été soutenue à l’hôpital Bichat de Paris en 2007 et la dernière le 16 décembre 2014 au CHU de Reims par un jeune étudiant en médecine, François Lallier, qui a travaillé pendant trois ans en interrogeant 118 personnes ayant connu un arrêt cardiaque. 18% d’entre eux avaient vécu ce surprenant voyage. Nous sommes heureux du résultat puisque cette thèse a reçu la récompense maximale : mention très honorable avec félicitations du jury et fait l’objet d’une publication internationale qui est en cours de rédaction.

 

Dans cette thèse sont évoquées mes recherches sur le fonctionnement de la conscience qui découlent de ces fameuses expériences. Pour faire simple, je suggère qu’une autre forme de conscience hyper performante que j’appelle intuitive fonctionnerait en dehors du fonctionnement cérébral réservé à une conscience plus analytique, qui est quant à elle reliée à toutes nos perceptions sensorielles afin de nous repérer dans le temps et dans l’espace.

 

Cette hypothèse de travail repose sur un constat : dans les 15 à 20 secondes qui suivent un arrêt cardiaque, l’activité électrique corticale cérébrale s’éteint, rendant de fait impossible  toute perception sensorielle.

 

Or, les expérienceurs disent avoir dans ces situations de sidération cérébrale des possibilités de « conscience » bien supérieures à celles qu’ils connaissent habituellement : médiumnité, déplacements à travers la matière ainsi que dans le temps et dans l’espace, etc.

 

Un outil thérapeutique pour soulager les douleurs

 

Si on considère, comme je le fais, que ces vécus ne sont pas hallucinatoires, nous devons sortir du cadre habituel du « cerveau-organe » sécréteur de conscience ! C’est ce que je fais en proposant cette nouvelle modélisation de la conscience.

 

Mon dernier livre « Quatre regards sur les tabous de la mort« , co-écrit avec Annie Babu et publié en février 2015 aux éditions Guy Trédaniel, repose sur les résultats d’un questionnaire. 3.000 personnes ont participé à ce travail réalisé sur trois ans et dans plusieurs pays. Il montre l’intérêt de ces expériences dans l’esprit du grand public.

 

Dans notre étude, 82% pensent que les témoignages des EMI doivent aider à comprendre ce qui se passe après la mort. Ils diminuent les angoisses liées à la peur de la mort pour 81% des sondés. 76% souhaitent que ces récits soient accessibles aux patients se trouvant en phase terminale de leur existence tandis que 77% estiment qu’ils apaisent les chagrins liés au deuil.

 

On peut donc en conclure que le récit de ces expériences hors du commun peut être envisagé comme outil thérapeutique pour soulager les douleurs du deuil ou les angoisses de la mort et que leur étude doit être poursuivie pour avoir une meilleure compréhension de ce qui se passera aux moments ultimes de notre passage terrestre. 

 

source: http://leplus.nouvelobs.com – credit photo: capture

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Par Jean-Jacques Charbonnier
Anesthésiste-réanimateur

 

Nos vies suspendues : Une mère et sa fille face à une méningite foudroyante et à une expérience de mort imminente – Laura Blanchon

Le 14 février 2008, les vies de Laura, 20 ans, et de sa mère, Renée – tout comme celles de leurs proches – ont basculé. Atteinte d’une méningite foudroyante, dont le diagnostic est posé tardivement, l’étudiante en soins infirmiers comprend qu’elle va mourir. Elle sombre dans un coma profond pendant dix jours. Ce qui se passe pendant cette période défie l’entendement… Elle vit une « décorporation », décrivant une scène dont tous les détails se révéleront exacts, mais aussi, elle communique par la pensée avec son père, à qui elle demande de la laisser partir… Tous lui disent adieu.

Puis, le « miracle » survient. Ses organes reprennent leurs fonctions peu à peu et Laura revient à la vie. Commence une longue rééducation pour la jeune femme qui doit « repartir de zéro » et tenter d’intégrer ce qu’elle a vécu, y compris les épisodes les plus extraordinaires traversés lors de son coma. Un récit poignant écrit à quatre mains par Laura et sa mère Renée, porteur d’un message d’espoir pour ceux qui traversent des épreuves similaires – aux frontières de la Vie.

En témoignant de leur histoire auprès de nombreux médias, elles cherchent avant tout à lancer un appel au corps médical et aux autorités de santé pour que les signes annonciateurs de cette maladie si grave et brutale soient connus de tous et correctement interprétés.

 

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