Glasgow (AFP) – Parce qu’ils « révèlent tant de choses sur notre style de vie » et pour alerter sur leur impact sur l’environnement, l’artiste britannique Katrina Cobain a mis en ligne une collection de sacs plastique, en attendant de pouvoir ouvrir un musée.
Délicatement, comme si elle manipulait un objet ancien et précieux, Katrina Cobain déballe son colis et place soigneusement les sacs plastique qu’il contient sur une table d’exposition d’un atelier de fortune, installé dans une ancienne fabrique de pipes de l’est de la ville écossaise de Glasgow.
Pour l’artiste de 24 ans, ces objets, insignifiants de prime abord, racontent en réalité tout de notre histoire moderne. C’est pourquoi elle les collectionne depuis deux ans, avec dans l’idée d’ouvrir un jour un musée du sac plastique.
« L’idée m’est venue quand j’ai pensé au fait que nos paysages seront un jour les sites archéologiques du futur pour notre civilisation, et qu’ils seront remplis de plastique », a-t-elle confié à l’AFP.
« Ils révèlent tellement de choses sur notre mode de vie des 60 dernières années, en termes de consommation et d’histoire sociale », explique la jeune artiste, qui s’enthousiasme pour leur capacité à refléter « des événements historiques clés ou des changements importants dans les styles graphiques ».
Lorsque Katrina Cobain a fait connaître son intention d’ouvrir un musée, elle s’est retrouvée noyée sous des sacs plastique envoyés du monde entier.
Sa collection comporte des sacs venus de New York ou datant de l’ancienne Union soviétique.
Elle a aussi reçu de nombreux sacs commémorant des événements spéciaux, comme le vol supersonique du Concorde ou le mariage du prince Charles et de la princesse Diana en 1981.
« Je ne sais pas pourquoi on fabriquait des sacs commémorant le mariage royal », s’amuse-t-elle. « Cela montre le niveau de production à l’époque ! »
Objets du passé
Dans son immense collection, le sac auquel elle attache le plus de valeur provient de la chaîne britannique de grands magasins Woolworths où, enfant, elle achetait ses CD. L’institution presque centenaire avait dû fermer ses 800 magasins en 2008, victime de la crise financière. Un moment très marquant, pour Katrina Cobain.
Malgré son amour des sacs plastique, l’artiste attend pourtant avec impatience la disparition de ces objets « très néfastes pour l’environnement ».
« Des photos montrent les quantités de sacs plastique qui se trouvent dans les océans et à quel point ils perturbent les habitats des animaux », se désole-t-elle.
« Ils sont juste incroyablement pas écologiques à produire et à utiliser », souligne Katrina Cobain, espérant que leur consacrer un musée « aidera les gens à comprendre que ces objets appartiennent au passé ».
Son projet de monter une exposition a été contrecarré par la pandémie de nouveau coronavirus. Mais loin de se laisser abattre, elle s’est alors lancée dans une exposition en ligne, considérant le confinement comme le moment parfait pour photographier sa collection, monter un site web et mettre en ligne son musée.
Elle espère pouvoir bientôt ouvrir une exposition physique, se félicitant pour l’instant que tout le monde puisse admirer sa collection sur internet.
« Je pense que plus on avance dans le temps, plus les sacs en plastique vont disparaître complètement », estime Katrina Cobain. « Et quand ils auront disparu, c’est là qu’ils seront le plus intéressants ».
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