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De A à E, l’étiquette écolo va faire son entrée au rayon vêtements

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Paris (AFP) – Issus d’une des industries les plus polluantes, nos vêtements sont un poids pour la planète. Pour aider les consommateurs à identifier ceux qui, malgré tout, sont plus « verts », le gouvernement souhaite un étiquetage environnemental d’ici la fin du quinquennat.

Une petite planète bleue avec une note de A à E, voilà à quoi ressemblera cet « affichage environnemental » déjà testé par quelques marques et appelé à se généraliser à tous les produits de l’habillement.

La loi anti-gaspillage promulguée ce mardi prévoit la mise en place d’un étiquetage pour informer le consommateur sur les caractéristiques environnementales de certains produits et lui permettre de faire des choix éclairés.

Le premier secteur à expérimenter la démarche, avant l’alimentation, sera le textile, « une des industries les plus polluantes, plus que le secteur des transports aérien et maritime réunis, juste après les hydrocarbures », a souligné la secrétaire d’Etat à la Transition écologique Brune Poirson.

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) travaille depuis plusieurs années à l’élaboration de cet affichage pour le textile, mais aussi pour les appareils électroniques, l’habillement, l’ameublement, l’alimentation et l’hôtellerie.

Le calcul de la note englobe tout le cycle de vie du produit, des matières premières à la fin de vie, en passant par la distribution. Il prend en compte les divers impacts (émissions de CO2, épuisement des ressources, pollutions de l’air ou de l’eau…).

Dans l’habillement, quelques entreprises expérimentent déjà le système comme Okaïdi ou Décathlon. Une démarche pas forcément facile.

« Quand vous dites à un chef de produit que vous allez noter ses produits et qu’ils seront peut-être notés E, imaginez la tête qu’il fait au début! », a raconté Raffaele Duby, responsable développement durable chez Décathlon, précisant que désormais 60% des produits de la marque sont étiquetés de la sorte.

Le gouvernement souhaite un déploiement à grande échelle et que la mesure soit, à terme, rendue obligatoire sans toutefois préciser de date.

« Nous allons travailler avec les équipes du ministère et les entreprises privées pour asseoir une méthodologie solide qui permettra de donner une note environnementale à chaque vêtement », a précisé Mme Poirson à l’AFP.

« L’objectif est que d’ici 18 mois cette méthodologie sorte, qu’elle fasse l’objet d’un décret d’application et qu’elle soit mise en oeuvre dans la foulée, avant la fin du quinquennat », a-t-elle ajouté, estimant que cette « transparence » permettrait « d’éviter des pratiques qui pourrait s’apparenter à du greenwashing » de la part des marques.

La ministre a appelé les industriels français à s’engager dès maintenant dans cette démarche pour « répondre à la demande de plus en plus pressante des concitoyens » mais aussi pour profiter d’une « opportunité économique ».

« Ceux qui s’engagent aujourd’hui auront demain un avantage majeur quand l’UE rendra obligatoire cet affichage », a-t-elle assuré, prête à défendre à Bruxelles le système qui sera développé en France.

Selon l’Ademe, 624.000 tonnes de textiles (2,6 milliards de pièces de vêtements, linge de maison, chaussures) sont mis sur le marché chaque année en France, soit environ 9,5 kg par habitant. En moyenne, une personne achète 60% de vêtements en plus qu’il y a 15 ans mais les conserve moitié moins longtemps.

Dans ce contexte, « c’est bien d’uniformiser et d’imposer des critères solides et ambitieux pour l’information environnementale sur le textile », a réagi auprès de l’AFP Alma Dufour, de l’ONG Les Amis de la Terre.

Mais l’information ne suffira pas à réduire drastiquement les émissions de CO2 du secteur, a-t-elle estimé. Parce que « le prix du vêtement est toujours ultra important pour les consommateurs ».

Or, si choisir un frigo noté A+, même plus cher, peut être compensé par la baisse de la facture d’électricité, ce ne sera pas le cas pour un jean ou un T-Shirt plus cher parce que fabriqué en France dans des conditions sociales et environnementales optimales par exemple.

Il faudrait alors que le gouvernement impose de nouvelles règles aux grands groupes, notamment l’obligation du recyclage ou la baisse production de neuf, plaide Alma Dufour. « Même si politiquement c’est difficile… »

© AFP – crédit photo: pixabay