Santiago du Chili (AFP) – Le tribunal de l’environnement chilien a confirmé jeudi l’abandon définitif du gigantesque projet de mine d’or à ciel ouvert de Pascua Lama, à cheval entre le Chili et l’Argentine, en raison de multiples atteintes à l’environnement.
Le tribunal a ordonné « la fermeture totale et définitive de Pascua Lima » et une amende de 9 millions de dollars contre la société minière canadienne Barrick Gold, deuxième producteur d’or au monde, pour les dommages infligés à l’environnement lors des travaux de construction.
« L’ampleur du danger d’atteinte à la santé des populations rend nécessaire la fermeture du projet minier de Pascua Lama car aucune autre alternative d’exploitation sûre ne semble viable pour l’environnement et la santé des populations », a indiqué le tribunal dans son jugement.
Cette décision confirme celle prise en 2018 par l’agence environnementale chilienne d’annuler ce projet pour non-respect de la licence environnementale qui avait été accordée, et que Barrick Gold a contestée devant le tribunal environnemental.
L’agence environnementale chilienne avait décidé de sanctionner Barrick Gold, à travers sa succursale régionale Nevada SpA, pour 33 violations des normes environnementales, parmi lesquelles « de nombreux manquements relatifs au déversement d’eaux toxiques », « la destruction de la flore » ainsi qu’une « surveillance inadaptée tant sur les impacts environnementaux que sociaux ».
« L’agence environnementale a agi dans le cadre de la légalité, en pesant correctement les éléments de proportionnalité et en optant pour la fermeture définitive et non pour une fermeture partielle ou temporaire », a ajouté le tribunal dans sa décision.
Situé à 4.500 mètres d’altitude, dans une zone de glaciers de la Cordillère des Andes, à la frontière nord entre le Chili et l’Argentine, le projet aurifère s’était heurté à une forte résistance dans les deux pays en raison des problèmes environnementaux qu’il engendrait.
« Victoire importante »
Pascua Lama devait être le plus grand gisement d’or et d’argent du monde, Barrick Gold prévoyant d’investir quelque 8 milliards de dollars.
Il prévoyait une production de quelque 615.000 onces d’or et 18,2 millions d’onces d’argent.
Le projet avait été gelé dès 2013, l’agence environnementale chilienne ayant alors estimé insuffisants les travaux réalisés par Barrick Gold pour protéger les cours d’eau entourant le gisement, et ayant retiré la licence d’exploitation.
« Cette sentence est une victoire très importante pour les communautés locales qui, pendant des années, ont dénoncé et engagé des actions en justice en raison des graves conséquences de l’exploitation minière sur leurs territoires », a réagi Greenpeace.
L’ONG de défense de l’environnement estime important que les autorités adoptent une loi qui protège les glaciers des autres projets miniers au Chili et qui assure l’approvisionnement en eau de toute la population.
« Nous avons insisté en permanence auprès des entreprises pour que l’exploitation minière puisse se faire, se réaliser, mais en respectant l’environnement et (…) les institutions. Les entreprises qui ne respectent pas le cadre institutionnel ne pourront pas faire avancer leurs projets », a déclaré Baldo Prokurica, le ministre chilien des mines.
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