Paris (AFP) – Et si un tsunami déferlait un jour sur la Côte-d’Azur ? Face à ce risque peu connu mais réel, la France s’est dotée d’un centre d’alerte mais des progrès restent à faire pour redescendre l’information sur le terrain, reconnaissent divers responsables concernés.
« Il y a toujours eu des tsunamis en Méditerranée. Il y en aura dans le futur », déclare à l’AFP Roland Courteau, sénateur socialiste de l’Aude, qui a organisé des auditions à ce sujet jeudi, au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).
En 2007, Roland Courteau avait dénoncé dans un rapport l’impréparation de la France, avec ses milliers de kilomètres de côtes en métropole et outre-mer, face à cette menace. Le monde était encore sous le choc du tsunami du 26 décembre 2004 né au large de Sumatra et qui avait touché plusieurs pays de l’Océan indien, faisant plus de 230.000 morts.
« Si la fréquence des tsunamis est faible, ces événements peuvent avoir des conséquences dramatiques », soulignait Roland Courteau, en émettant une série de recommandations dont plusieurs ont été suivies.
La France s’est ainsi dotée d’un centre d’alerte aux tsunamis (CENALT) qui surveille depuis 2012 les forts séismes survenant en Méditerranée occidentale et dans l’Atlantique nord-est.
Installé en région parisienne sur un site du CEA (Commissariat à l’énergie atomique), ce centre fonctionne 24 h sur 24, observant les données sismiques pour repérer la naissance éventuelle d’un tsunami. L’analyste de permanence doit faire remonter l’information au ministère de l’Intérieur dans les 15 minutes.
Depuis son entrée en service en juillet 2012, le CENALT a émis 44 messages d’alerte à destination du COGIC (Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises), installé place Beauvau, a indiqué François Schindelé, coordonnateur du CENALT.
Suite à un séisme d’une magnitude de 6,2 dans la partie la plus occidentale de la Méditerranée, le CENALT a ainsi été en mesure d’envoyer une alerte orange au COGIC dans les 8 minutes. Puis, en analysant la faible hausse du niveau de la mer, il a pu préciser que ce phénomène n’était pas menaçant pour les côtes françaises.
« Le système d’alerte +montante+ géré par le CENALT fonctionne très bien », estime Roland Courteau.
Mais à ses yeux, la gestion de « l’alerte descendante » vers les zones concernées est moins satisfaisante. Elle est lancée par le COGIC, compétent pour toute une série de risques naturels.
« Si il doit y avoir des marges de progression, c’est sur la chaîne descendante », admet Jean-Bernard Bobin, de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises au ministère de l’Intérieur.
Le COGIC a un ordinateur dédié à ce risque et un signal sonore très puissant retentit dans la salle de gestion de crise lorsqu’il reçoit une alerte du CENALT. Le permanencier répercute alors l’alerte à une liste de contacts concernés (préfectures, services d’incendie et de secours etc).
Parfois, cela se fait dans les 3 à 8 minutes. Mais lors d’un exercice le 5 novembre 2018 avec la préfecture des Alpes-Maritimes et la ville de Cannes, cette étape a demandé 34 minutes suite à une série de « petits dysfonctionnements humains ». « Nous n’avons pas été bons », reconnaît M. Bobin.
« Notre objectif, c’est de réduire le délai entre le moment où l’on s’empare de l’alerte du CENALT et le moment où elle arrive au plus près de la population », indique-t-il.
Car face à un tsunami, « c’est une course contre la montre », pointe-t-il. Si un séisme part des côtes algériennes et génère un tsunami, la première vague met environ 1 heure pour arriver sur les côtes françaises.
Si il part de la mer Ligure, il arrive en 15 minutes seulement. « Dans ce cas, il faut plutôt miser sur la sensibilisation des populations », relève M. Bobin.
Pour sa part, la ville de Cannes prend très au sérieux le risque de tsunami sur la Croisette et elle s’y prépare. Lors de l’exercice de novembre 2018, le Palais des festivals servait de bâtiment refuge…
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