Pourquoi il vaut mieux lever le pied sur le thon (et quoi manger à la place)

Mercure, pêche intensive, thon d’élevage : faut-il encore en manger ? Voici pourquoi lever le pied, et surtout quoi mettre à la place dans votre assiette.

Le thon, un classique qui mérite qu’on s’y intéresse de plus près

C’est souvent le réflexe facile : une boîte de thon pour une salade, un sandwich express ou un plat de pâtes.
Pratique, protéiné, “sain” — du moins en apparence.
Mais derrière son image de poisson équilibré se cache une réalité moins reluisante : trop de mercure, trop de pêche industrielle et trop peu de transparence.

Pas de panique : il ne s’agit pas d’arrêter complètement d’en manger, simplement d’en consommer autrement — pour votre santé et pour la planète.

Le problème du mercure : un risque invisible mais bien réel

En octobre 2024, l’ONG Bloom publiait un rapport choc : sur 148 conserves de thon testées en Europe, 100 % contenaient du mercure, et plus de la moitié dépassaient les seuils de sécurité habituellement admis.

Le mercure est un neurotoxique puissant.
À petites doses, le corps s’en débarrasse naturellement, mais une consommation régulière peut entraîner une accumulation néfaste pour le système nerveux, le cœur et le développement du fœtus.

Les autorités européennes en discutent encore, mais aucune nouvelle réglementation n’a été adoptée à ce jour. Alors, autant prendre les devants.

Le thon d’élevage : un mirage écologique et éthique

On pourrait penser que le thon d’élevage est une alternative durable. En réalité, c’est tout l’inverse.
La plupart des thons “élevés” sont en fait capturés sauvages à un stade juvénile, puis engraissés en cages jusqu’à leur commercialisation.

Conséquences :

• épuisement des stocks sauvages,

• souffrance animale (densité, blessures, stress),

• pollution marine liée aux rejets d’aliments et d’excréments,

• gaspillage monumental : il faut jusqu’à dix kilos de poissons sauvages pour nourrir un kilo de thon d’élevage.

Autrement dit, ni durable, ni respectueux.

Bien acheter : savoir lire les étiquettes

Quand vous choisissez du thon, certains détails changent tout. Voici comment faire la différence :

À privilégier :

• Méthode de pêche : “pêché à la ligne”, “ligne de traîne”, “canne” – des méthodes plus sélectives et respectueuses.

• Espèce : le listao (ou skipjack) est le moins contaminé et le plus durable.

• Zone de pêche : privilégiez les zones FAO 71, 77 ou 81 (Pacifique).

• Labels : le label MSC (Marine Stewardship Council) reste une bonne référence.

À éviter :

• Mentions vagues comme “thon sauvage” sans indication d’espèce ou de zone.

• Thon rouge, albacore ou germon issus d’élevages méditerranéens.

• Conserves sans aucune précision sur la provenance.

Chaque étiquette que vous prenez le temps de lire, c’est un petit acte de conscience, simple et puissant.

Thon en boîte ou thon frais : ce qu’il faut vraiment comprendre

Le mercure concerne tous les thons, mais sa concentration varie selon l’espèce et la préparation.

Le thon frais, souvent issu d’espèces plus grandes (germon, albacore, thon rouge), contient davantage de mercure que le thon utilisé pour les conserves.
Le thon en boîte, généralement du listao (skipjack), est un petit thon vivant moins longtemps, donc moins contaminé.
Cependant, les procédés de cuisson et de déshydratation peuvent concentrer le mercure par kilo de chair.

En poissonnerie, il est souvent plus facile de connaître l’espèce et la zone de pêche, deux indicateurs essentiels. Les boîtes industrielles, elles, mélangent souvent plusieurs provenances, et les étiquettes restent floues.

En résumé :

• Le thon frais (albacore, rouge) présente un risque de mercure élevé et provient souvent de pêches intensives.

• Le thon frais listao ou germon de petite taille est une option plus sûre, à consommer occasionnellement.

• Le thon en boîte listao est pratique et plus abordable, mais à limiter à une fois par semaine maximum, de préférence avec un label MSC.

Le danger ne vient pas du produit en soi, mais de la fréquence, de la taille du poisson et du manque de transparence sur son origine.

Quoi mettre à la place : les meilleures alternatives

Bonne nouvelle : il existe des poissons et aliments aussi riches en protéines et en oméga-3, sans risque pour la santé ni pour les océans.

L’astuce JDBN : Tartinade marine aux pois chiches maison – La recette!

Un classique revisité, prêt en cinq minutes :

• 1 boîte de pois chiches rincés

• 1 cuillère à soupe de mayonnaise végétale

• Le jus d’un demi-citron

• Quelques cornichons hachés

• Une feuille d’algue nori émiettée pour le goût marin

Mixez, tartinez, savourez : c’est bluffant, sain et bon pour tout le monde.

En résumé : manger mieux, pas moins

Ce n’est pas le thon qu’il faut bannir, c’est l’excès et l’indifférence qu’il faut repenser.
Manger moins, mais mieux. Choisir des produits pêchés proprement, varier les sources, et redonner du sens à ce qu’on met dans notre assiette.

Chaque bouchée devient alors un petit acte de bienveillance — pour votre santé, pour les animaux, et pour la planète.

Et si le vrai luxe aujourd’hui, c’était de savoir ce qu’on mange ?

Sources : JDBN – Bloom Association (rapport 2024, bloomassociation.org) – Foodwatch (campagne mercure 2024-2025) – Le Monde – « Contamination au mercure : huit mairies bannissent le thon des cantines » (août 2025) – La Dépêche – « Du mercure dans les conserves de thon » (octobre 2024) – Medscape France – « Mercure dans les conserves de thon : des niveaux inquiétants » (novembre 2024) – Crédits photos: DepositPhotos – ai généré