Le rêve de feu Marlon Brando prend corps: transformer un îlot de Polynésie française en laboratoire pour la planète. Avec son image hollywoodienne, Tetiaroa s’attaque aux fléaux environnementaux, aidé par quelques vedettes fortunées.
Bordé de palmiers et d’eaux turquoises, cet atoll minuscule au milieu du Pacifique était autrefois le lieu de vacances favori de la royauté tahitienne.
Marlon Brando en était tombé amoureux pendant le tournage en 1961 des « Révoltés du Bounty » et l’avait acheté. Jusqu’à sa mort en 2004, cet îlot fut son refuge, loin de la frénésie d’Hollywood.
Le testament de l’acteur stipule que Tetiaroa doit contribuer à la préservation de l’environnement et à l’étude de la biodiversité.
C’est pourquoi ce petit paradis abrite aujourd’hui un complexe éco-touristique de luxe baptisé « The Brando« , qui attire une clientèle en vue, dont Leonardo DiCaprio, Johnny Depp et Barack Obama.
Ces voyageurs habitués à une vie fastueuse aident à financer des projets de recherche en déboursant jusqu’à 10.000 dollars par nuit pour séjourner dans ce lieu doté notamment d’un restaurant étoilé au Michelin et qui se veut à la fois l’un des plus respectueux de la planète.
Pendant que des stars se prélassent à Tetiaroa ou y cherchent l’inspiration, tel Obama pour ses mémoires, les scientifiques étudient l’évolution de l’acidification des océans et le blanchiment des coraux.
– Des générateurs nourris à l’huile de coco –
L’électricité de l’hôtel, qui a ouvert en 2014, provient de plus de 2.000 panneaux solaires et des générateurs de l’île nourris à l’huile de coco. Et l’air conditionné est alimenté par de l’eau des profondeurs marines.
De nombreux complexes touristiques « verts » ont vu le jour ces dernières années, des jungles du Costa Rica aux contreforts du Kilimandjaro.
« Souvent, ces +resorts+ haut de gamme ouvrent la voie. Ils ont une marge bénéficiaire bien plus élevée (que d’autres établissements), ce qui leur permet d’entreprendre des actions pour protéger leurs destinations. Puis ils transmettent les connaissances acquises », explique Rochelle Turner, directrice de recherche au Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), qui réunit quelque 150 dirigeants d’entreprises touristiques dans le monde dont des poids lourds du secteur.
Mais peu égalent Tetiaroa, où a grandi la petite-fille de Brando, Tumi, âgée de 29 ans aujourd’hui.
Celle-ci y pêchait le mérou dans la lagune, où glissent des requins à pointe noire. Dans cette mer calme vivent au moins 167 espèces animales, y compris des poissons-perroquets.
Tumi gère aujourd’hui la communication de la Tetiaroa Society, une ONG scientifique qui se consacre à la faune marine.
« Notre objectif est d’éveiller les consciences, d’abord parmi les gens du pays, parce que nous voulons protéger notre environnement », a confié Tumi à l’AFP. Et « peut-être que les Etats-Unis ou la Chine — ils me viennent à l’esprit parce qu’ils sont les plus grands pollueurs — pourront nous imiter » un jour, dit-elle.
Quant aux naturalistes du centre de recherche de l’île, ils surveillent le sanctuaire d’innombrables oiseaux tropicaux et tortues.
Tetiaroa a aussi été en 2016 au coeur d’une expérience prometteuse contre le virus Zika.
Frank Murphy, directeur exécutif de la Tetiaroa Society que DiCaprio et Depp soutiennent financièrement, estime que Marlon Brando n’aurait pas pu trouver meilleur endroit que Tetiaora pour la recherche écologique.
« Nous sommes perchés ici sur un des endroits les plus vulnérables de la Terre », c’est une sorte de laboratoire pour les questions de changement climatique, dit-il.
« On ferait bien de faire de notre mieux pour comprendre ce qu’il se passe. Les phénomènes El Nino des vingt dernières années nous donnent un aperçu de ce qui nous attend ».
alh-kap/ak
© Agence France-Presse – crédits photos: https://thebrando.com – capture page Facebook
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