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Des vestiges de bâtiments et des sépultures remontant jusqu’à 2800 ans découverts sur l’île d’Oléron

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Des fouilles menées sur le site d’une future gendarmerie ont conduit à la découverte de remarquables vestiges sur l’île d’Oléron. Les archéologues ont mis au jour un groupement d’habitations et des sépultures remontant à deux périodes, l’âge du fer et l’époque carolingienne.

C’est une découverte majeure que viennent de révéler des archéologues sur l’île d’Oléron en Charente-Maritime. Depuis le mois de mai, une équipe mène des fouilles préventives sur le site de la future gendarmerie intercommunale à Saint-Pierre-d’Oléron et elles ont permis de mettre au jour de remarquables vestiges.

A une cinquantaine de centimètres sous terre, les archéologues ont en effet révélé des traces témoignant de la présence de plusieurs bâtiments anciens. « On ne peut pas vraiment parler de village pour le moment. Il s’agit plutôt d’un groupement d’habitations« , explique Céline Trézéguet, archéologue du département de la Charente-Maritime et responsable du chantier de fouilles.

« On a retrouvé ce qu’on appelle des trous de poteaux, des vestiges en négatif des bâtiments qui nous permettent de restituer des plans de ces bâtiments« , poursuit-elle. Outre ces traces, l’équipe a mis au jour un riche mobilier composé de céramiques et d’objets du quotidien mais aussi des ossements et d’autres déchets alimentaires attestant de la présence de « fosses dépotoirs« , autrement dit de poubelles.

Deux phases d’occupation espacées d’un millénaire

D’après les observations, ces traces remontent à deux périodes historiques : à l’âge du fer – environ entre 800 et 450 avant notre ère -, et à l’époque carolingienne – entre les VIIe et IXe siècles. Plusieurs des bâtiments identifiés semblent remonter à la première période tandis que les fosses et d’autres bâtiments sont plutôt attribués à la seconde mais ces vestiges se trouvent dans la même parcelle.

« Il y a même des structures carolingiennes qui sont au milieu des structures protohistoriques« , précise l’archéologue. La découverte des fosses suggère cependant que les fouilles n’ont révélé que « les franges » de l’habitat carolingien qui pourrait s’étendre au-delà du terrain excavé. De même, difficile d’évaluer l’étendue du groupement protohistorique dont seule la limite sud a été identifiée.

La découverte sur le site de trous de poteau a permis l’identification de plusieurs bâtiments de superficie variable.  © Adrien GRAVIER, SAD 17

Ces vestiges suggèrent que le site a été occupé une première fois durant l’âge du fer puis abandonné avant d’être occupé une seconde fois durant l’époque carolingienne. Entre les deux, « il y a un hiatus« , précise Céline Trézéguet. « Nous n’avons trouvé aucune trace d’occupation sur le site« . D’après la spécialiste, c’est la première fois qu’une occupation humaine remontant à l’âge du fer est attestée sur l’île d’Oléron.

« On sait qu’au sud du site, se trouvait une mare dès l’époque protohistorique. C’est peut-être ce qui a attiré les humains à cet endroit, ou pas. On ne sait pas« , avance-t-elle précisant qu’une analyse géoarchéologique a été menée sur le terrain pour tenter d’en apprendre plus. Outre les bâtiments et le mobilier, les fouilles ont révélé cinq sépultures disposées de façon éparse.

Cinq sépultures identifiées

Les premières observations indiquent qu’elles appartiennent à un adulte, trois enfants très jeunes et un adolescent. Mais contrairement aux habitations et aux objets, difficile de déterminer pour le moment à quelle période ils remontent. Les tombes ne comportaient aucun mobilier permettant de les dater et les positions variées des squelettes n’ont pas suggéré de période en particulier.

Au cours des fouilles, cinq sépultures ont été identifiées. L’une appartient à un adulte, une à un adolescent et trois à de jeunes enfants.  © Céline TRÉZÉGUET, SAD 17.

De plus amples analyses seront donc nécessaires pour en savoir plus sur les défunts. D’autres découvertes ont cependant commencé à livrer un aperçu sur certains aspects de leur vie. La vaisselle de la période protohistorique comme carolingienne, de même que les vestiges alimentaires retrouvés sur le site, s’avèrent en effet riches en informations quant à l’alimentation des habitants de l’époque.

Parmi les déchets, les archéologues ont retrouvé des coquillages – huîtres, palourdes et couteaux – ainsi que des ossements animaux qui doivent faire l’objet d’analyses plus poussées. « Nous avons également réalisé des prélèvements de charbon et de sédiments pour peut-être avoir la chance de retrouver des graines », ajoute Céline Trézéguet.

A partir de ces échantillons, les spécialistes espèrent obtenir de nouvelles informations sur les habitudes alimentaires au sein du site, par exemple « voir quelles céréales étaient stockées et consommées« . Ces mêmes prélèvements pourraient aussi permettre de reconstituer l’environnement écologique ambiant à cette époque.

Après deux mois de travail sur le terrain, les fouilles doivent s’achever le 17 juillet prochain. Mais les recherches ne font donc que commencer pour Céline Trézéguet et ses collègues qui vont également tenter de reconstituer, à partir des données collectées sur le terrain, l’aménagement des bâtiments et leur organisation sur le site.

source – crédit photo: Sur l’île d’Oléron, des fouilles préventives ont conduit à la découverte de vestiges d’un groupement de bâtiments remontant à deux périodes différentes. © Céline TRÉZÉGUET, SAD 17