Les mesures de confinement ont fait baisser le volume sonore dans les grandes villes permettant d’entendre à nouveau les oiseaux chanter. Une belle occasion de les observer. Si vous avez un jardin, vous pouvez même donner un coup de main aux scientifiques en les comptant.
Tzit, tzit, titi tata, titipu titipu… Avez-vous remarqué ? Depuis quelques jours, il suffit de tendre l’oreille à sa fenêtre pour entendre les oiseaux gazouiller. L’un commence, suivi par un autre, puis un autre et c’est au final un vrai concert qui résonne dans les rues. Les volatiles se mettraient-ils à chanter face à l’arrivée des beaux jours ? Oui mais pas seulement.
Si le printemps marque le retour de nombreuses espèces sur notre territoire, plusieurs oiseaux que l’on entend aujourd’hui pépier sont des résidents permanents. C’est juste que le brouhaha des villes a généralement tendance à camoufler leurs talents. Mais avec le confinement, le silence est peu à peu revenu dans les environnements urbains, permettant aux chanteurs de se faire entendre à nouveau.
Le phénomène n’a pas échappé à Hervé Gardette, journaliste de France Culture qui explique dans sa chronique La Transition : « Hier, comme il faisait beau, je m’y suis installé (sur mon balcon) pour lire un moment. C’est alors que je les ai entendus, pas très forts au début, puis de plus en plus distinctement. Les oiseaux : ils étaient revenus ! Du moins ai-je à nouveau été en mesure de les entendre ».
5 à 10 décibels en moins en région parisienne
Cette baisse sonore n’a pas non plus échappé à Bruitparif, le centre francilien d’évaluation technique de l’environnement sonore. Depuis le 16 mars, l’organisme a enregistré une diminution progressive des décibels. « Une baisse de 5 à 10 décibels, soit entre 3 et 10 fois moins d’émissions sonores générées par l’activité humaine », a confirmé Fanny Mietlicky, présidente de Bruitparif à France Bleu Paris.
« C’est comme si on avait enlevé la couche de crasse sur un tableau lors de sa restauration, maintenant on peut entendre les détails qui étaient masqués du paysage sonore, comme les chants des oiseaux », a-t-elle poursuivi. De quoi apporter un peu de baume au cœur à défaut de pouvoir, confinement oblige, sortir profiter d’une balade en pleine nature et sous le soleil.
Et si comme Hervé Gardette l’a confié, vos connaissances en ornithologie ne vous permettent pas d’identifier les auteurs des mélodies que vous entendez, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) a pensé à tout. La délégation Île-de-France a mis en ligne sur son site une sonothèque comprenant 86 chants d’oiseaux ainsi que leurs photos. Un petit coup de pouce pour identifier les espèces présentes.
Avec des villes presque silencieuses, on entend sans difficulté les oiseaux chanter. Pour apprendre à identifier les espèces par leurs chants, vous pouvez utiliser la sonothèque de la @LPO_IledeFrance https://t.co/KoTvOm8lzY pic.twitter.com/2oN9zLQpFe
— LPO Île-de-France (@LPO_IledeFrance) March 21, 2020
Pour les autres régions, certains sites très complets tels que Oiseaux.net proposent des fiches d’identification comprenant des enregistrements de chants ainsi que des photos.
Confinés avec un jardin ? Aidez les scientifiques
Si vous avez la chance d’avoir un jardin, vous pouvez faire bien mieux que d’écouter les oiseaux chanter. Vous pouvez aussi les compter pour aider les scientifiques. L’Observatoire des oiseaux des jardins, projet participatif lancé par le Muséum national d’Histoire naturelle et la Ligue de Protection des oiseaux vient en effet de lancer un nouveau défi « Confinés mais aux aguets ».
Le principe est simple : chaque jour durant la période de confinement, les participants sont invités à consacrer 10 minutes à l’observation et au comptage des oiseaux posés dans leur jardin. Il suffit ensuite d’enregistrer les données collectées, en étant le plus exhaustif possible, sur le site de l’Observatoire des oiseaux des jardins. Des fiches sont proposées pour aider à reconnaître les espèces.
« Un bilan sera effectué à la fin du confinement. Nous verrons ainsi combien d’espèces d’oiseaux peuvent être inventoriées en France, durant la période de confinement, sans quitter nos domiciles », explique l’Observatoire sur son site. « Ces données permettront aussi sans aucun doute d’améliorer la connaissance que nous avons des oiseaux en ce début de période de reproduction« .
Les informations collectées pendant cette initiative exceptionnelle viendront compléter celles des deux comptages nationaux organisées tous les ans en janvier et en mai dans le cadre du même projet. Des recherches d’autant plus importantes que les oiseaux ne sont pas au meilleur de leur forme, alertent les dernières études.
Selon des travaux publiés en mars 2018 par le Muséum national d’Histoire naturelle et le CNRS, les oiseaux des campagnes françaises connaissent un déclin « vertigineux » qui s’est récemment intensifié. Le dernier rapport de l’Observatoire national de la biodiversité a confirmé le déclin, révélant que 22% des oiseaux communs dit « spécialistes » ont disparu de métropole entre 1989 et 2017.
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