Dans un refuge au Canada, une soigneuse est parvenue à filmer un grizzli émergeant de l’abri recouvert de neige où il hibernait depuis des mois. Prénommé Boo, le mâle âgé de 18 ans est né dans la nature mais a été recueilli après que sa mère a été tué par des braconniers.
Confinement, quel confinement ? Pour les ours, l’heure de la sortie a visiblement sonné. Après des mois passés à l’abri en hibernation, les mammifères ont commencé à refaire surface à travers le monde. Certains un peu en avance même. Au Canada, c’est un mâle prénommé Boo dont le museau vient de réapparaître et le réveil l’a apparemment laissé un peu groggy.
En témoigne la vidéo filmée par l’une de ses soigneuses, Nicole Gangnon, au Kicking Horse Grizzly Bear Refuge situé en Colombie-Britannique. On peut y voir le grizzli sortir sa tête de la neige, regarder aux alentours avant de péniblement extraire son corps de son abri. « Il m’a fallu huit ans pour capturer ce moment« , s’exclame-t-elle joyeusement dans la vidéo.
Ces dernières années, la soigneuse avaient en effet tenté d’utiliser des caméras pour immortaliser l’événement. En vain. Et puis le 17 mars, alors que Nicole Gangnon réparait des clôtures électriques, elle a soudainement entendu des bruits étouffés provenant de la tanière de Boo. « Je les avais déjà entendus, parfois c’est juste lui qui bouge ou qui étire ses muscles« , a-t-elle confié au National Post.
Pas cette fois-ci. Elle a commencé à entendre des bruits plus importants, signe que l’ours était en train de creuser la neige. Elle est alors montré sur le toit et a préparé son téléphone. « Je pouvais l’entendre renifler, creuser et s’interrompre pour voir dans quelle direction aller« , a-t-elle poursuivi. Après quelques minutes, un trou est finalement apparu dans la neige et la tête de Boo a émergé.
« Vous pouvez entendre dans ma voix l’euphorie de capturer ce moment. C’est comme si un membre de la famille était parti et qu’on faisait de grandes retrouvailles« , s’est émue la Canadienne. Le mâle est entré en hibernation en novembre 2019 et n’avait depuis été observé qu’en février dernier, lorsqu’il avait fait une courte apparition de cinq jours. L’an passé, il avait émergé le 16 mars.
Un ourson recueilli après la mort de sa mère
Cela fait 18 ans que Boo vit au refuge de Kicking Horse mais le grizzli n’est pas né en captivité. Il a été recueilli en 2002 avec son frère Cari après que sa mère a été tuée par un braconnier. Selon Nicole Gangnon, il n’y avait à l’époque que peu voire pas de ressources de réhabilitation pour les oursons qui n’avaient alors que deux options : être euthanasiés ou recueillis par une structure habilitée.
Grâce au refuge du Kicking Horse Mountain Resort, les petits ont bénéficié de la seconde option. Malheureusement, Cari n’a pas survécu à son premier hiver en raison d’un problème intestinal. Mais Boo a prospéré sans mal et est devenu un vrai ambassadeur pour ses congénères. « Il nous aide à éduquer le public sur les ours, pourquoi ils sont là, leur importance pour l’écosystème« , a précisé la soigneuse.
Aujourd’hui, le mâle s’est habitué à sa vie indépendante. Comme les ours sauvages, il change d’habitat en fonction des saisons et passe ses hivers dans une cabane spécialement construite pour lui. Comme on peut le voir dans la vidéo, l’abri est souvent enseveli sous la neige ce qui permet non seulement de l’isoler mais aussi de laisser passer le soleil lorsque le printemps approche, signalant à Boo l’heure de sortir.
Les ours entrent en hibernation à l’arrivée de l’hiver pour échapper au froid et au manque de nourriture. Ils se réfugient alors dans leur tanière dont ils ne sortent que lorsque les conditions météorologiques se radoucissent. Cette période pendant laquelle les ours ne mangent pas et ne font pas leurs besoins, dure généralement entre cinq et huit mois en fonction des espèces et des régions.
Contrairement aux marmottes par exemple, il ne s’agit toutefois pas d’une hibernation totale. En effet, l’ours reste blotti, sa respiration ralentit, de même que son rythme cardiaque. Mais il demeure attentif à son environnement extérieur et est capable de se réveiller instantanément et de sortir de son refuge si nécessaire. C’est pourquoi certains préfèrent parler d’hivernation plutôt que d’hibernation.
Après sa brève apparition en février, Boo est cette fois-ci bel et bien réveillé et décidé à reprendre sa routine jusqu’au prochain hiver dans son enclos de neuf hectares. Malgré la pandémie qui a gagné les Etats-Unis et le Canada et la fermeture au public du Kicking Horse Mountain Resort, Nicole Gangnon a assuré que sa collègue et elle allaient continuer de prendre soin de Boo.
« Nous sommes considérées comme essentielles dans la mesure où nous devons être là pour nous occuper de Boo et lui fournir ce dont il a besoin », a-t-elle précisé au National Post.
source – crédit photo: Le 17 mars dernier, le mâle Boo a émergé de son tanière sous les yeux de sa soigneuse, Nicole Gangnon. (Capture d’écran) © Grizzlygirl84/Instagram