Paris (AFP) – Les oiseaux marins qui volent au dessus de la mer apprécient la compagnie des manchots du Cap. Et pour cause : ces derniers ont le chic pour remonter des profondeurs des petits poissons dont cormorans et puffins fuligineux se délectent eux aussi, confirme une étude, preuve vidéo à l’appui.
Ce mécanisme de « facilitation » écologique entre espèces est suspecté depuis longtemps mais il n’avait encore jamais été démontré de façon empirique.
Des chercheurs ont eu l’idée d’équiper des manchots du Cap de caméras vidéo pour observer le jeu des interactions entre ces oiseaux plongeurs, de la réserve de Stony Point en Afrique du Sud, et des oiseaux volants comme les cormorans du Cap et les puffins fuligineux.
L’expérience s’est déroulée entre 2015 et 2018 à des périodes spécifiques (juin à août). Deux chercheurs du département de zoologie de l’Université Nelson Mandela à Summerstrand ont ramené 31 heures d’enregistrement vidéo réalisées auprès de 20 manchots. Ils ont pu travailler sur 57 plongeons complets.
L’une des vidéos montre un manchot plonger, descendre à plus de 60 mètres de profondeur jusqu’à rencontrer un banc d’anchois. Il se met à les chasser avec d’autres manchots, conduisant les poissons à remonter près de la surface. Le manchot en avale mais dans ces eaux peu profondes, un puffin fuligineux profite lui aussi du festin.
« Cela confirme ce que pêcheurs et scientifiques avaient déjà eu l’occasion d’observer depuis leurs bateaux : les oiseaux plongeurs comme les manchots ramènent leurs proies vers la surface, pour mieux les déguster. Mais cela rend aussi plus accessibles ces poissons à d’autres oiseaux marins qui ne descendent pas en profondeur », déclare à l’AFP Alistair McInnes, l’un des auteurs de l’étude.
« À 5 mètres de la surface, ce sont d’autres oiseaux marins que les manchots qui en profitent », ajoute-t-il. Pas étonnant dès lors que certains oiseaux aient à l’œil les manchots du Cap.
Présent principalement en Afrique du sud et en Namibie, ce manchot, au dos et au bec noirs, vit en colonies. Il peut mesurer de 60 à 70 cm pour un poids de 2 à 4 kg. Ses proies favorites sont les sardines et les anchois.
Le manchot du Cap (Spheniscus demersus) fait partie des espèces en danger, selon la liste rouge des espèces menacées établie par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
© AFP – crédit photo: Les manchots du Cap ont le chic pour remonter des profondeurs des petits poissons
© AFP/Archives Tiziana FABI