La saison de la renaissance de la nature est, pour notre organisme, synonyme de montée d’énergie, qu’il faut apprendre à tempérer.
Dans le calendrier chinois, le printemps marque le début de la nouvelle année. Il s’étend de février à avril, 36 jours avant et 36 jours après l’équinoxe du 21 mars. Cette saison se traduit par la montée de l’énergie yang, tandis que l’énergie yin décroît. Or une bonne santé correspond, selon les préceptes de la médecine chinoise, au juste équilibre entre les deux. Tout l’enjeu du printemps est donc de ne pas se laisser déborder par la montée du yang. « Elle nous apporte des éléments très positifs, elle stimule la créativité, réveille le dynamisme, l’envie de sortir et d’aller de l’avant. Mais si la montée du yang est trop forte ou trop précoce, les céphalées, les douleurs articulaires et les problèmes digestifs se multiplient », affirme Josselyne Lukas, praticienne de médecine chinoise traditionnelle.
Imposer à son foie une cure détox drastique et épuisante est une erreur
Derrière ces troubles, le foie, organe-clé du printemps. Après un hiver à rester au chaud et à déguster des plats riches, la première erreur consiste à imposer à son organisme une détox drastique, contre-productive car épuisante pour le foie. Or, pour encaisser la montée du yang, il faut au contraire nourrir son foie et soutenir ses poumons, affaiblis par la baisse de l’énergie yin. En termes d’activité physique, mieux vaut donc opter pour la relaxation et les promenades en pleine nature que pour les footings et autres sports exigeants sur le plan respiratoire. Cela passe aussi par l’assiette, et le credo de Josselyne Lukas est qu’il est parfaitement possible de transposer les règles de la diététique chinoise à la cuisine française et à nos produits locaux. « Manger des fruits et légumes de saison cultivés à proximité permet d’être en accord avec la météo et l’énergie du moment, il n’y a aucun besoin de consommer des aliments en provenance de l’autre bout de la planète », souligne-telle. Au menu donc, choux, poireaux, navets, radis, oseille ou encore pissenlits. D’autant que, dans la symbolique chinoise des couleurs, le vert adoucit le foie et le blanc stimule le poumon.
Le printemps est la saison au cours de laquelle l’air se radoucit, cette transition doit se sentir aussi dans l’alimentation. Entre les plats mijotés de l’hiver et les salades de crudités estivales, les modes de cuisson « tiède » comme au wok, à la vapeur ou à l’étouffée sont donc à privilégier.
Notre alimentation, riche en viande, laitage et sucre, est trop acide
L’équilibre des cinq saveurs (acide, amer, doux, piquant et salé) est essentiel dans un repas, idéalement dans chaque plat. Chaque saveur ayant une action directe sur certains organes, privilégier l’une ou l’autre des saveurs peut aider à rebooster un organe. L’acide agit ainsi sur le foie, et le piquant sur le poumon. « Mais attention, la saveur en diététique chinoise peut différer du goût. Les sucres raffinés et les pâtisseries sont considérés comme apportant de l’acide, alors que les légumes racines comme la carotte ou la betterave sont considérés comme sucrées. Notre alimentation à la française est donc déjà très acide, ce qui a pour effet de déclencher des problèmes digestifs et dermatologiques, des atteintes articulaires, des céphalées…», précise Josselyne Lukas. Il n’y a aucune obligation à manger un dessert à chaque repas. Et si finir sur une touche sucrée est un plaisir dont vous ne pouvez vous passer, optez pour un fruit… de saison, bien sûr ! « Si, après avoir mangé un plat, il vous reste de la place pour du fromage, du pain et un dessert, c’est souvent parce qu’il n’était pas complet », insiste la spécialiste. Autrement dit, il lui manquait céréales et légumineuses. Une déséquilibre très courant dans les recettes occidentales, par rapport à la cuisine asiatique. Profitez donc de ce printemps pour découvrir l’épeautre et le boulgour, votre foie vous remerciera.
Conseils de cuisine à suivre
Choisissez les aliments les plus sains possibles, évitez les plats préparés et privilégiez les produits locaux et issus de l’agriculture biologique. Usez et abusez des épices et herbes aromatiques, elles sont indispensables pour réduire les quantités de gras et de sel dans les plats sans pour autant renoncer au goût.
Quand la diététique chinoise rencontre la cuisine française, de Josselyne Lukas et Nicole Fargeas (Rouergue). Salade de pissenlits au printemps, crumble de courgettes en été, magret de canard aux quetsches à l’automne et poule au pot en hiver. Nul besoin d’ingrédients lointains pour suivre les préceptes de la diététique chinoise.
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