Très fière de ma collection d’oracles et de tarots, (environ 250…), j’ai toujours la même excitation lorsque j’en reçois un de la part des maisons d’éditions.
J’ai mes chouchous, ceux que j’utilise en consultation, ceux que je garde précieusement pour moi comme de meilleurs amis qui me guident au quotidien, ceux que je teste à l’intuition sur mes consultants et puis il y a les petites pépites qui résonnent d’un coup!
L’Oracle des Curieux Hasards, de Stephan Schillinger, sorti hier, fait partie de ces pépites!
Magnifiquement illustré et écrit, il dénote par son intelligence et son verbe haut.
Pas forcément à mettre en toutes les mains car assez pointu, il sera un ami merveilleux pour celles et ceux qui, à la faveur de sa guidance, auront envie d’une réponse, d’un enseignement, d’une information issue d’un niveau de conscience élevé.
Si vous désirez savoir si vous allez gagner au loto ou revoir l’élu de votre coeur samedi soir, passez votre chemin 😉
Stephan Schillinger présente son petit bijou de la meilleure des manières:
« Je crois que toute création naît d’un processus gestatif, procédant lui-même d’une rencontre entre deux polarités et naissant d’une succession de contractions et de dilatations, à l’image du rythme du vivant. Celui qui vous parcourt au moment même où vous lisez ces mots, sur lequel vous pouvez porter votre conscience en vous arrêtant un court instant.
Ma rencontre avec Fanny, l’illustratrice de cet objet, a donné lieu à un processus de création, qui est d’au- tant plus profond et sacré quand il s’agit d’un objet transdimensionnel tel qu’un oracle, outil divinatoire, catalyseur de nombreuses projections, narrations, donc énergie, mais résultat de la collision entre deux univers très différents, celui de la tatoueuse illustratrice, et celui de l’écrivain mystique.
L’oracle est la partie émergée, la plus visible et la plus accessible, des outils de divination que l’humain élabore et dont il se sert depuis des millénaires. Il est une des composantes indispensables de la boîte à outils du plus ancien corpus de technologies du monde qu’est le chamanisme.
Si L’Oracle des Curieux Hasards peut être utilisé à des fins de visibilité, de prédictibilité, de guidance, il peut aussi l’être à partir d’une intention plus pro- fonde. Celle de redonner de l’espace, d’ouverture des chemins, des possibles, des perceptions. L’invitation ici est celle de l’utilisation à des fins expansives et libératrices plutôt que limitatives, réductrices et péremptoires.
Comme pour la gestation dont il est issu, l’invitation à l’inspiration lors d’un accouchement, précédant la contraction, il se veut l’outil de spiritualisation du chemin que nous arpentons tous en vue de l’accou- chement de nous-même.
«La vie n’est pas une affaire de longévité, mais de profondeur.»
C’est ici que je souhaite souligner le pouvoir souvent sous-estimé de l’intention. Dans l’expérience mil- lénaire des plantes enthéogènes – parfois appelées «plantes maîtresses», et dont la récente populari- sation se fait par le vocable de «psychédéliques» – dont cet oracle est inspiré, l’intention représente toujours la colonne centrale.
Loin d’être un outil de dépossession de vos choix, cet objet se veut l’incarnation du rôle inverse, en ramenant le consultant à sa souveraineté quant à l’interprétation qu’il fait du réel. Il est construit sur une intention non directive, et s’inscrit dans le retournement de la dérive d’une culture matérialiste qui pousse l’humain à se déposséder de sa responsabilité, conférant sa légitimité à l’extérieur de lui. Il est votre outil, et non l’inverse. Quand bien même il résulte de la rencontre de deux énergies créatrices – Stephan pour les mots et Fanny pour les images –, et qu’il est de ce fait chargé de nos chemins, il n’a aucun autre pouvoir que celui que vous lui donnez. Alors, donnez-lui-en beaucoup. Celui de révéler plus que de guider. D’ouvrir plutôt que fermer.
Au cours de l’histoire, les outils de divination ont été, selon les lieux et les époques, l’objet d’interdictions et de répression, et dont l’usage menait parfois jusqu’à la peine capitale. Aujourd’hui, décriés dans la presse sous les amalgames de charlatanisme, de pseudo-science ou de dérive sectaire, l’oracle est également symbole de revendication, de reconnexion, de réappropriation de ce qui ne peut appartenir qu’à soi : la liberté de croyance et de conscience.
L’heure actuelle, en réaction traumatique aux siècles d’obscurantisme portés par le dogme des religions institutionnalisées et instrumentalisées à des fins de contrôle, est au règne de la science et de sa potentielle dérive, le scientisme. Jetant avec l’eau sanglante du bain de la religion dogmatique la valeur fondamentale de l’expérience spirituelle, poétique, mystique, transcendantale, de l’aventure humaine. Cette nouvelle dérive, usant d’amalgames et de réductionnismes, a besoin de ranger les croyances relevant de la subjectivité de l’expérience humaine au rang d’ésotérisme, revêtant désormais une couleur péjorative. La subjectivité personnelle, lieu d’une insondable richesse, doit être supplantée par un désir d’objectivité, lieu de conformisme, et d’uniformité.
L’oracle, objet résolument individuel et subjectif de connexion au subtil, est un outil émancipatoire, de réappropriation de notre propre individualité, du mystère de la conscience dont nous sommes à la fois l’objet et le sujet, et dans laquelle tout est inclus. Il ne saurait être un outil de lumière, encore moins d’ombre, si ce n’est que de la révélation du second à l’aide du premier. Mais d’union et de révélation.
Il est donc ici question de croyance et d’interprétation, d’abstrait, d’émotion, d’informe, de magie, d’alchimie, de mystère. Il faut croire, je vous y invite, c’est le sel et la clé de la vie. Il est vital de croire. Non pas dans un livre, ou dans un quelconque enseignement extérieur, mais dans sa propre expérience. Celle que vous ferez avec cet oracle. »
Stephan Schillinger
«Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.»
— Arthur C. Clarke
Un exemple de carte que j’ai tirée ce matin et qui résume tellement ce que nous vivons aujourd’hui:
Interprétation:
FÉMININ
Comment honorer la féminité au quotidien ?
L’exploration des archétypes universels que sont le masculin et le féminin – qui ne renvoient pas aux femmes et aux hommes, mais à l’expression de dispositions naturelles culturellement rigidifiées – révèle une opposition entre la raison et l’intuition.
Dans l’alternance de ces polarités qui régissent la nature – dont notre civilisation, malgré ses ten- tatives, n’est pas exclue –, nous constatons la fin progressive d’un cycle patriarcal. Ce basculement s’exprime et s’observe à travers plusieurs signaux qui sont autant de symptômes exprimant l’atteinte d’une limite. Voir le monde à travers l’unique filtre de la raison (polarité du rationalisme, scientisme, matérialisme) mène à l’asservissement de l’archétype féminin, constitutif de toute harmonie (polarité de l’intuition, de la spiritualité, des ressentis).
Cette émergence d’un féminisme de plus en plus présent et intense, qui prend sa source dans les cendres des bûchers de la sorcellerie, est le symptôme d’une tentative de l’inconscient collectif de notre espèce à guérir le cancer créé par ce déséquilibre patriarcal qui nous a menés dans une logique guerrière, de surconsommation et d’intellectualisation au détriment de valeurs indispensables comme la sensibilité, l’amour, la bienveillance. C’est le féminin sacré à l’œuvre.
Il en est ainsi des symptômes de l’anthropocentrisme et de la dérive patriarcale de notre civilisation. Nous devons reféminiser le monde. Il est alors question de changer de polarité, de rééquilibrer la tendance matérialiste égotique et guerrière consistant à valoriser l’adversité et la domination sur l’amour et la relation symbiotique avec le vivant, composantes indispensables à notre survie en tant qu’espèce.
Nous pouvons constater la corrélation entre féminisme, renaissance psychédélique, considérations écologiques et spirituelles – au-delà des religions patriarcales –, et bientôt acceptation de la nécessité de décroissance.
C’est l’intelligence spirituelle de notre espèce qui est à l’œuvre, et qui n’est autre qu’une tentative d’autoguérison par le féminin sacré qui porte en lui le germe de la guérison de notre monde, gangrené par un virus matérialiste et violent dont les humains sont porteurs.
La carte invite aussi à laisser s’exprimer en chacun et chacune de nous l’archétype féminin. Elle rappelle que l’archétype universel du féminin porte en lui
C’est sous cet angle spirituel que le féminisme – dans ses nuances plus ou moins dogmatiques – peut nous apparaître comme une tentative de l’intelligence du vivant qui s’exprime à travers nous, de guérir la biosphère, visant dans toute son expression à un rééquilibrage, un redressement de la direction que prend notre civilisation aveuglée par un patriarcat décomplexé.
L’humanité n’a pas besoin de davantage de crois- sance économique ou matérielle, mais spirituelle; elle n’a pas besoin de plus de couches de béton, mais de nature; elle n’a plus besoin de mesurer la valeur d’une chose avec de l’argent, mais avec du sens. Ce renversement de paradigme se produit dans l’inconscient collectif dont le féminisme, à tra- vers toutes ses nuances, porte le remède.
Interprétation possibles:
Ouverture, accueil, compassion, créativité, intériorité, réceptivité, écoute, spiritualité, douceur, intuition, solidarité
Composition de la Carte:
Fruits, monde végétal, tortue, chouette effraie, alcôve, triangle pointe en bas
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source: JDBN – crédits photos: