Accueil Les beaux endroits aux 4 coins du monde Des sites aborigènes vieux d’au moins 7000 ans mis au jour au...

Des sites aborigènes vieux d’au moins 7000 ans mis au jour au large de l’Australie

0

Pour la première fois, des archéologues ont mis au jour des sites aborigènes au large des côtes australiennes. Vieux d’au moins 7.000 ans, ils témoignent de la présence de zones de peuplement lorsque le niveau de la mer était bien plus bas.

L’histoire de l’Australie remonte à loin. Selon les spécialistes, les premiers hommes y seraient arrivés il y a au moins 65.000 ans. Mais à cette époque, l’île-continent ne ressemblait pas à celle que l’on connait aujourd’hui et pour cause. Le niveau de la mer a considérablement fluctué au cours de l’Histoire, faisant disparaître ou à l’inverse apparaître des terres.

On estime qu’il y a 65.000 ans, le niveau de la mer était environ 80 mètres plus bas qu’aujourd’hui. Au cours des millénaires suivants, il a continué de baisser jusqu’à atteindre un minimum de 130 mètres plus bas que le niveau actuel, il y a environ 20.000 ans à la fin de la dernière période glaciaire. Avant de remonter considérablement avec le réchauffement climatique et la fonte des glaciers.

Il y a entre 12.000 et 8.000 ans, un tiers de la surface terrestre de l’Australie s’est retrouvé inondé par les eaux, provoquant la séparation de la Tasmanie et de la Nouvelle-Guinée mais aussi la disparition de témoignages historiques précieux. Pour la première fois, une équipe a réussi à mettre la main sur certains d’entre eux au large de l’Australie-occidentale.

Une première preuve archéologique sous-marine

Dans une étude publiée dans la revue PLoS ONE, des scientifiques révèlent en effet avoir mis au jour deux sites aborigènes dans les profondeurs de l’archipel Dampier, au niveau de Cape Bruguieres et Flying Foam Passage près des côtes de Plibara. Le premier est apparu à deux mètres sous la surface tandis que le second se trouve plus bas, à quatorze mètres de profondeur.

A la fin de la dernière période glaciaire, quelque 30% de la surface terrestre de l’Australie se sont retrouvés engloutis sous les eaux. C’est à la recherche de ces terres disparues que les scientifiques sont partis près des côtes de Plibara. © DHSC Project

« L’Australie est un vaste continent mais peu de gens réalisent que plus de 30% de sa surface terrestre se sont retrouvés engloutis par la montée des eaux après la période glaciaire », a expliqué Jonathan Benjamin, professeur associé de l’université Flinders et co-auteur de l’étude. « Cela signifie qu’une immense quantité de preuves archéologues documentant la vie du peuple aborigène se trouve maintenant sous l’eau« .

« Aujourd’hui, nous avons enfin la première preuve qu’au moins certaines de ces preuves archéologiques ont survécu au processus de la montée des eaux. L’archéologie côtière n’est pas perdue pour de bon; nous ne l’avons juste pas encore trouvée« , s’est-il réjoui dans un communiqué.

Des centaines d’artéfacts et une source marine

La découverte de ces deux sites est le fruit de plusieurs années de travail pour l’équipe pluridisciplinaire qui a collaboré avec la Murujuga Aboriginal Corporation basée dans la région. Pendant quatre ans, les spécialistes ont étudié les cartes de navigation, les donnés géographiques ainsi que les sites archéologiques terrestres afin de dénicher des sites submergés.

Ils ont par la suite mené des analyses à distance des fonds marins avant de se rendre sur place et d’effectuer des plongées pour étudier physiquement la zone, expliquent-ils dans un article publié sur le site The Conversation. Ce sont ces recherches minutieuses qui ont conduit à la découverte des deux sites aborigènes et ces derniers se sont avérés riches en informations

Sur le premier site, localisé à Cape Bruguieres, à environ 2,4 mètres sous le niveau de la mer, les scientifiques ont mis en évidence 269 objets, principalement des outils en pierre destinés à diverses activités comme racler, couper ou marteler. D’après les analyses de datation et de données sur la montée des eaux, le site serait âgé d’au moins 7.000 ans.

En plongeant au niveau du premier site, les scientifiques ont mis au jour plus de 200 artéfacts, notamment des outils en pierre.  © Hiro Yoshida and Katarina Jerbić/DHSC Project

Le second, situé à quatorze mètres de profondeur à Flying Foam Passage, a révélé des traces d’activité humaine ainsi qu’une source d’eau douce et au moins un outil en pierre. Pour ce site, les estimations avancent un âge d’au moins 8.500 ans. Néanmoins, les archéologues soulignent que cette zone d’installation, comme la première, pourrait être bien plus ancienne encore.

Avec ces estimations, les deux sites sous-marins se classent parmi les plus anciens mis au jour dans les tropiques. Ils confirment non seulement qu’il y avait bien une activité humaine dans la région il y a au moins 7.000 ans mais ils permettent également d’en apprendre plus sur la vie de ces peuples et la façon dont ils sont arrivés là.

« Ces territoires qui sont maintenant sous l’eau abritaient des environnements favorables pour des colonies d’autochtones, fournissant de l’eau douce, de la diversité écologique et des opportunités pour exploiter les ressources marines, ce qui aurait permis de soutenir des densités de population relativement élevées« , a commenté le Dr Michael O’Leary de l’université d’Australie-Occidentale et co-auteur de l’étude.

« Un premier pas » pour l’archéologie sous-marine australienne

Pour les spécialistes, cette découverte constitue « un premier pas » qui pourrait conduire à la mise au jour d »autres sites engloutis depuis des milliers d’années. Des recherches qui pourraient aider à « combler une lacune majeure dans l’histoire humaine du continent« , a souligné Jonathan Benjamin. Mais cette trouvaille soulève aussi des questions quant à la protection des trésors cachés sous la surface.

« Les sites archéologiques immergés sont sous la menace d’être détruits par l’érosion et les activités de développement telles que l’exploitation de pétrole et de gaz, les oléoducs, les développements de port, le dragage, le déversement de déchets et la pêche industrielle« , écrivent les auteurs de l’étude dans The Conversation.

Ils appellent ainsi le gouvernement australien à mettre en place une législation plus forte sur la protection et la gestion des sites culturels sous-marins, en particulier les sites aborigènes. « Il faut que les responsables politiques reconsidèrent leur approche de la protection de l’héritage culturel sous-marin » à travers les quelque deux millions de kilomètres de paysage qui étaient autrefois émergés en Australie, concluent-ils.

source – crédit photo: pixabay