Londres (AFP) – Debout sur leur planche, ils glissent sur la Tamise. A Londres, des adeptes de stand up paddle débarrassent le fleuve des déchets plastiques qui l’envahissent, tentant de sensibiliser l’opinion publique à l’étendue du problème.
08H00 du matin. Le soleil se lève sur la Tamise, illuminant le pont centenaire de Kew Bridge. Des canards s’ébrouent, des cygnes fendent l’eau silencieusement. Une scène idyllique… si on ignore les gobelets et bouteilles échoués sur la rive et les sacs plastiques accrochés aux arbres.
Agacés de voir leur terrain de jeu sali, les membres d’une association de paddle board, Active360, ont lancé il y a quelques années des sessions de nettoyage du fleuve et des canaux qui parcourent la capitale britannique.
Ce matin-là, Paul Hyman, Louise Nolan et James Roorda inspectent un îlot. Une demi-heure leur suffit à remplir un gros seau de déchets.
« Aujourd’hui, nous avons ramassé des bouteilles en plastique, des bouchons, des cordes en plastique, beaucoup de sacs plastique de différents types, des gobelets et le plus désagréable: des sacs destinés aux déjections canines qui semblent se retrouver partout désormais… », énumère Louise Nolan d’un air dépité. Autant de produits qui mettent des centaines d’années à se dégrader.
Une récolte relativement modeste, dit la sportive, qui raconte que selon les marées, elle peut être trois ou quatre fois plus importante.
Si, pour Louise, faire un petit geste pour l’environnement est « vraiment gratifiant », le fondateur de l’association, Paul Hyman, souligne les limites de l’exercice: « Le danger, c’est qu’en nettoyant nous ne fassions que masquer le problème ». « Il ne sert à rien de simplement passer après les gens pour nettoyer, il faut commencer par arrêter de produire des déchets ».
C’est pourquoi l’association essaye de sensibiliser le public sur les réseaux sociaux ou via un festival, au printemps. Leur dernier cheval de bataille: convaincre les bars londoniens d’abandonner les gobelets jetables qui échouent par centaines dans le fleuve.
Et leur cause commence peu à peu à faire des adeptes, à commencer par le gouvernement de Theresa May, qui a annoncé la semaine dernière un plan de lutte contre « l’un des plus grands fléaux environnementaux actuels ».
« Au Royaume-Uni uniquement, la quantité de plastique à usage unique qui finit à la poubelle remplirait 1.000 Albert Hall », fameuse salle de concert londonienne de plus de 5.000 places, a décrit la Première ministre.
Son plan prévoit notamment de faire payer les sacs plastique dans tous les commerces d’Angleterre alors que la législation actuelle ne concerne que les grandes surfaces.
Des députés britanniques ont aussi proposé de taxer les tasses à café jetables, difficilement recyclables.
Du côté des entreprises, les mentalités bougent également. La chaîne de supermarchés spécialisée en produits surgelés Iceland s’est ainsi engagée à supprimer la totalité des emballages en plastique des produits vendus sous son nom d’ici cinq ans.
Et les chaînes de café comme Starbucks, Pret ou Costa, rivalisent de propositions, offrant des réductions aux clients apportant leur tasse ou faisant payer plus ceux choisissant des gobelets jetables.
L’Union européenne, aussi, veut faire la chasse aux plastiques à usage unique avec pour objectif que tous les emballages de ce type soient recyclables d’ici 2030.
« Cette année, il y a définitivement quelque chose qui se passe », estime Paul Hyman, sans être tout à fait convaincu par les promesses du gouvernement britannique.
« Ce qu’ils ont annoncé est intéressant mais pas très concret… Ils disent qu’ils vont examiner un système de consigne pour les bouteilles, ça aurait été bien qu’ils annoncent sa mise en place », observe-t-il.
En attendant une révolution anti-plastique, le militant appelle chacun à « réfléchir sur son mode de vie et à ce dont on n’a pas vraiment besoin. Commencer par utiliser une tasse réutilisable est un bon début ».
© AFP – crédit photo: capture
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