La Gacilly (France) (AFP) – Pour sa quinzième édition qui a débuté samedi 2 Juin, le festival Photo de La Gacilly (Morbihan) met en avant les photographes comme « protecteurs » d’une planète malmenée par la surexploitation.

Créé en 2004 pour faire « prendre conscience, par la force de l’image, de la beauté si fragile de notre planète », le festival breton a attiré plus de 320.000 visiteurs lors de sa dernière édition.

Cette année, « on aurait bien aimé que ça soit un anniversaire formidable pour célébrer la beauté de la planète. Malheureusement, ce n’est pas le cas », explique Cyril Drouhet, commissaire des expositions.

« Ça ne fait pas la Une des journaux, ça ne se voit pas forcément mais le monde va mal », poursuit-il, en présentant la vingtaine d’expositions programmées du 2 juin au 30 septembre.

Du monument du photojournalisme William Albert Allard, 81 ans, à la jeune Française Joséphine Brueder, 27 ans, le festival couvre une large gamme de thématiques, exposés en plein air dans les rues et jardins du village breton.

Avec un accent particulier porté aux enjeux environnementaux: « protecteurs de la planète » et « lanceurs d’alerte », les photographes « montrent la fragilité, la tragédie de l’époque et des fragments de progrès », souligne M. Drouhet.

Exposé dans un ancien garage à ciel ouvert, le Californien Chris Jordan, 55 ans, raconte ainsi la surconsommation, avec ses empilements de cartes téléphoniques, voitures ou téléphones portables. Et frappe le visiteur avec ses photos d’albatros en décomposition, dont les estomacs sont remplis de déchets plastiques jetés à la mer.

Sur le mur opposé, le Français Patrick Tourneboeuf évoque, avec ses clichés géants de chantiers, comment la mondialisation uniformise les mégalopoles, les rendant « vulgaires au sens propre du terme ».

Le Slovène Matjaz Krivic raconte la course au lithium, matière première des batteries électriques, et les difficultés qu’elle pose aux communautés indigènes de Bolivie.

Plus loin, dans un sous-bois, l’Allemand Olaf Otto Becker documente la déforestation en Asie, qui dévaste les écosystèmes: à Bornéo, pour planter des palmiers à huile et produire du biocarburant, ou à Sumatra pour fabriquer du papier labellisé « écologique ».

Ces forêts primaires dévastées sont mises en parallèle avec la nature créée de toutes pièces pour divertir la population des grandes villes, parfois distantes de seulement 80 km.

 « Zoo de plantes » 

« Nous vivons dans un monde fou. On détruit des forêts puis on décore des immeubles avec des plantes. C’est comme un zoo de plantes dans la ville », résume le photographe de 59 ans.

Thème cher à la Fondation Yves Rocher, partenaire historique du festival, qui s’est engagée à planter 100 millions d’arbres d’ici à 2020, la déforestation est au cœur de plusieurs expositions.

En France, le Gallois Phil Moore a ainsi pointé son objectif sur les agriculteurs qui replantent les haies détruites lors du remembrement (550.000 km arrachés au XXe siècle), à l’image de Baptiste Boré, jeune éleveur bio du Maine-et-Loire.

« Nous ne sommes pas tout seuls. La planète est un tout », plaide aussi Michael Nichols, 66 ans, l’Indiana Jones de la photographie, en montrant ses clichés de lions, tigres et gorilles pris pour National Geographic.

A côté des images de la Terre vue de l’espace prises par la spationaute Thomas Pesquet, le professeur anglais Spike Walker dévoile ses agrandissements de larves ou d’insectes pris avec l’un de ses 27 microscopes.

Des insectes en grand format, comme ce papillon dont on peut scruter le moindre détail, Jan C. Schlegel en immortalise aussi plusieurs, alors que selon des études récentes, l’Europe a perdu 80% d’insectes volants en 30 ans.

L’œil se pose enfin sur ces jeunes Amérindiens de Guyane, écartelés entre deux cultures, dans des diptyques réalisés par Miquel Dewever-Plana. Emil Gataullin évoque lui avec poésie la Russie intemporelle des campagnes, tandis que Catalina Martin-Chico étonne avec ses photos des jeunes de La Gacilly.

Pour la première fois cette année, le festival s’exporte à Baden (Autriche), à 30 km de Vienne, qui reprendra l’intégralité de la programmation 2017, dès le 8 juin.

© AFP – crédits photos: capture

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