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Las Vegas, autrefois connue pour son extravagance, est devenue un exemple de sobriété en matière d’utilisation de l’eau.

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Las Vegas, aux États-Unis, a longtemps été associée à la débauche, la luxure et les excès en plein désert. Cependant, derrière cette image d’oasis du plaisir, la ville s’est affirmée comme un modèle étonnant de préservation de l’eau.

©pixabay

Au cours des 20 dernières années, Las Vegas a su s’adapter à la sécheresse qui sévit dans l’ouest américain et a réussi à réduire sa consommation annuelle d’eau prélevée sur le fleuve Colorado d’environ un tiers, malgré une augmentation de moitié de sa population pendant cette période.

Des mesures strictes ont été mises en place, telles que la régulation de l’utilisation de l’eau, l’interdiction d’irriguer certaines pelouses et des restrictions sur la taille des piscines. L’État du Nevada, où se trouve Las Vegas, a pris ces mesures pour gérer son approvisionnement en eau, étant autorisé à utiliser seulement 2% du débit du fleuve Colorado, qui est en déclin.

Ces mesures de conservation sont très éloignées de l’image cultivée par Las Vegas avec ses immenses casinos et hôtels, attirant chaque année 40 millions de touristes en plus des 2,3 millions d’habitants.

« Las Vegas a réussi à vendre une façade d’excès et de décadence », déclare Bronson Mack, porte-parole de la Southern Nevada Water Authority, l’agence locale chargée de la gestion de l’eau. « Mais en réalité, notre communauté fait preuve d’une extrême économie d’eau. »

Alors que des négociations tendues sont en cours pour réduire la consommation d’eau dans tout l’ouest des États-Unis, Las Vegas est considérée comme une « rock star de la conservation de l’eau » et un « modèle pour les villes » américaines, selon le chercheur Brian Richter.

Ce statut a été atteint grâce à une volonté affirmée prise au début des années 2000, lorsque le Nevada dépassait son allocation en eau provenant du fleuve Colorado.

Cameron Donnarumma, agent de la patrouille de l’eau, dépose un avertisssement à un propriétaire gaspillant de l’eau, le 24 avril 2023 à Las Vegas, au Nevada © AFP VALERIE MACON

Surnommés les « flics de l’eau », des agents patrouillent tôt le matin dans les quartiers résidentiels de Las Vegas à la recherche de gaspillage d’eau. Sur le célèbre « Strip », le boulevard bordé de casinos, les fontaines du Bellagio et les canaux du Venetian utilisent de l’eau non potable provenant de puits privés.

Chaque infraction est systématiquement filmée par les agents, qui déposent un avertissement devant les maisons des contrevenants. Ces derniers ont alors deux semaines pour remédier au problème, et la plupart le font avant d’être sanctionnés d’une amende.

Les récidivistes, en revanche, ne bénéficient d’aucune clémence et reçoivent un procès-verbal. Bien que certains propriétaires puissent être frustrés de voir les « flics de l’eau » sur leur pelouse avant l’aube, la plupart d’entre eux coopèrent.

Les agents travaillent sur la base de signalements de la part des habitants, qui sont encouragés à dénoncer les gaspilleurs via une application. Chaque jour, cela donne lieu à entre 20 et 50 interventions.

D’ici 2027, l’arrosage des pelouses des grandes résidences privées sera interdit à Las Vegas. Cependant, les maisons unifamiliales pourront continuer à irriguer leur pelouse, avec certaines limites.

La ville propose également une incitation de trois dollars par mètre carré de gazon enlevé et remplacé par des alternatives plus économes en eau, telles que des plantes irriguées au goutte-à-goutte.

Ce programme incitatif a été copié par d’autres grandes métropoles comme Los Angeles et Phoenix, mais il reste difficile à mettre en œuvre pour les villes plus modestes disposant de budgets plus restreints.

Cameron Donnarumma de la Water Patrol (la Patrouille de l’eau) surveille l’utilisation de l’eau par les habitants de Las Vegas. © Photo : Valerie Macon / AFP

La bataille politique fait rage face aux restrictions en place.

Tedi Vilardo prévoit bientôt de « transgresser les règles » qui limitent l’arrosage de sa pelouse à 12 minutes, arguant de l’hiver exceptionnellement pluvieux ayant touché la région. Cette mère au foyer refuse d’installer du gazon synthétique, qui, selon elle, « brûle les pieds » de ses deux enfants.

De son côté, Kevin Kraft est agacé par une nouvelle réglementation qui limite la taille des piscines individuelles à 56m2. Ce constructeur de piscines dénonce une décision « politique » prise « sous la pression » du gouvernement fédéral.

Malgré sa frustration, il reconnaît les efforts accomplis par Las Vegas en matière de conservation de l’eau. « D’autres États, comme la Californie, sont loin derrière. Il n’y a pas photo », affirme-t-il.

Les autorités locales espèrent que ces efforts porteront leurs fruits. Après deux décennies de sécheresse exacerbée par le réchauffement climatique, le fleuve Colorado, qui alimente 40 millions de personnes dans l’ouest américain, est considérablement affaibli.

Les sept États qui dépendent de cette ressource sont actuellement en conflit pour déterminer comment réduire leur consommation jusqu’à un quart, et Washington doit arbitrer.

Dans ce contexte tendu, Las Vegas devrait être saluée pour la quantité d’eau déjà économisée au cours des 20 dernières années, souligne M. Mack de l’agence de gestion. Selon lui, les autres États « commencent tout juste à faire des efforts ».

MARK HENLE/THE REPUBLIC

source: ©AFP – Librement retranscrit par JDBN – crédit photo couv:

Cameron Donnarumma, agent de la patrouille de l’eau, dépose un avertisssement à un propriétaire gaspillant de l’eau, le 24 avril 2023 à Las Vegas, au Nevada © AFP VALERIE MACON