Uxbridge (Canada) (AFP) – Devenue une vedette sur Zoom avec ses irruptions surprises – et payantes – au milieu de visioconférences, une ânesse a permis de renflouer les finances d’un refuge pour animaux de ferme au Canada, déserté de ses visiteurs pour cause de coronavirus.

« Allô », lance un bénévole du refuge, Tim Fors, en présentant à quelques personnes réunies pour une visioconférence sur l’application Zoom une invitée inattendue : une ânesse au pelage gris et blanc, Buckwheat (sarrasin, en français).

Aux quatre coins de l’écran, c’est l’étonnement général: des « ah » et des « oh » attendris fusent.

« Nous nous incrustons dans votre réunion, je vous présente Buckwheat, Buckwheat est un célèbre tapeur d’incruste de réunions », leur dit Tim Fors, provoquant des fous rires.

« Buckwheat s’incruste dans des réunions à la demande des gens pour faire de l’argent, c’est un moyen d’amasser des fonds pour nourrir les vaches, particulièrement pendant le Covid », explique Tim Fors à l’AFP.

Jusqu’à l’arrivée de la pandémie au Canada mi-mars, le refuge « Farmhouse Garden Animal Home » dépendait surtout des dons des visiteurs et d’activités organisées sur place pour assurer la survie de sa ménagerie.

Le refuge, situé à Uxbridge dans l’Ontario à 75 km au nord-est de Toronto, est un ancien ranch d’élevage bovin.

75 dollars les 10 minutes

« Il y a environ 4 ans, Mike Lanigan, le propriétaire, un éleveur de troisième génération d’une même famille, a eu un changement de vocation et a décidé qu’il n’enverrait plus jamais ses vaches à l’abattoir », raconte M. Fors.

Le refuge héberge aujourd’hui une vingtaine de vaches, des poules, des canards, un cheval et Buckwheat, l’ânesse qui y est née il y a douze ans.

Face à l’ampleur de la crise qui menaçait la survie du refuge, ses responsables ont rapidement senti la nécessité de trouver de nouvelles sources de financement.

D’où l’idée de porter les animaux à l’écran pour qu’ils tiennent compagnie aux participants et détendent l’ambiance dans les réunions de travail par visioconférence qui ont explosé pendant la pandémie.

Un formulaire sur le site internet du refuge permet de réserver les services de Buckwheat, de Melody le cheval ou encore de Victoria, « la matriarche du troupeau » de vaches.

Il en coûte 75 dollars canadiens (49 euros) pour une présence animale de 10 minutes pendant une visioconférence, 125 dollars pour 20 minutes et 175 dollars pour une demi-heure, explique Edith Barabash, cofondatrice du refuge, au Toronto Life Magazine.

« Nous sommes heureux de voir des gens en réunion surpris, ils sont toujours très surpris lorsqu’ils voient apparaître un âne », ajoute M. Fors. « Nous avons débuté vers la fin avril et je pense que nous avons fait une centaine de réunions et parfois nous nous invitons dans trois à quatre réunions par jour ».

« Lorsque le Covid sera terminé, j’espère que vous viendrez nous voir un de ces jours », conclut Tim Fors en s’adressant aux participants. « Certainement », répond l’un d’eux avec enthousiasme.

© AFP – crédit photo:

L’ânesse Buckwheat, à Uxbridge le 7 juillet 2020 © Farmhouse Garden Animal Home/AFP