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La pratique intensive du yoga et de la méditation pendant une retraite de trois mois est associée à une augmentation du facteur de croissance des neurones, une meilleure résilience et une baisse de l’inflammation générale.

Posture de Yoga

Yoga et méditation sont bénéfiques pour le cerveau. (C) AFP

 
 
 

EFFETS POSITIFS. La plupart des études scientifiques rapportent les effets positifs du yoga ou de la méditationsur la santé, aussi bien physique que mentale (voir Sciences et Avenir n° 846, actuellement en kiosque) avec des bénéfices avérés pour soulager plusieurs pathologies.

Aujourd’hui, l’niversité de Californie livre une découverte qui enfonce davantage le clou. L’étude publiée dansFrontiers in Human Neuroscience démontre que la pratique de la méditation et du yoga, pendant une retraite de trois mois, va jusqu’à tripler les facteurs de croissance du cerveau !

“Ïe voulais savoir si la pratique intensive du yoga et de la méditation pourrait affecter les voies de signalisation liées au cerveau et à la santé du corps, de façon significative, explique Baruch Rael Cahn chercheur au département Psychiatry and Behavioral Sciences de l’université de Californie du Sud, Los Angeles (États-Unis), coauteur de l‘étude. En particulier, nous voulions voir si le facteur neurotrophique issu du cerveau [brain-derived neurotrophic factor ou BDNF], connu pour promouvoir l’aptitude du cerveau (mémoire, apprentissage), la plasticité neuronale et le développement de nouvelles synapses (connexions), serait augmenté avec ce type de pratiques.”

Pour les besoins de l’étude,  38 participants d’une moyenne d’âge de 34 ans ont intégré pendant trois mois un centre de yoga de Californie du Sud où un programme complet leur a été proposé, comprenant chaque jour environ deux heures de méditation, et jusqu’à deux heures de yoga (postures) ainsi qu’une alimentation végétarienne.  Ils ont également été soumis à des questionnaires de mesures psychologiques, mais aussi des analyses, de salive (pour évaluer le cortisol, l’hormone du stress) et de sang (pour mesurer le taux plasmatique de BDNF circulant et des facteurs d’inflammation).

Résultat ? En toute logique, une telle retraite fait du bien. Les questionnaires attestent d’une baisse significative des mesures de la dépression, de l’anxiété et des plaintes corporelles. Mais, surtout, le bilan biologique est remarquable. Les scores de BDNF plasmatique ont crevé le plafond, multiplié par trois à la fin de l’étude! Des études antérieures avaient déjà montré des résultats similaires, mais jamais dans de telles proportions. “Il s’agit d’une augmentation quantitative significativement plus élevée que les résultats précédents, poursuit Baruch Rael Cahn. Cela peut être lié à l’intervention plus intensive mais aussi au fait d’être hors de la vie quotidienne.”  Le taux de BDNF étant inversement corrélé au niveau d’anxiété, il pourrait être un marqueur de bien-être psychologique.

Mais ce n’est pas tout. Le cerveau des méditants semble aussi plus résilient. Au réveil, se produit chez tout le monde un pic de cortisol, qui active l’organisme, donne l’impulsion, l’énergie pour attaquer une nouvelle journée. Et bien après la retraite méditative semble, le pic de cortisol au réveil est également significativement plus élevé chez les participants. “Le corps doit mobiliser des ressources pour s’engager dans les activités quotidiennes,commente le chercheur. Quand il le fait de manière plus robuste, c’est également un marqueur de bien-être.”Enfin, les analyses biologiques montrent une baisse de l’inflammation générale (facteur de risque pour la santé).

Reste à déterminer les bénéfices respectifs attribuables au yoga et à la méditation, mais aussi celui des autres facteurs (groupe, alimentation, professeurs) ainsi que de définir les bénéfices à long terme. Cependant Baruch Rael Cahn l’assure : “Notre étude suggère que les pratiques intensives de l’esprit et du corps comme la méditation et le yoga ont un impact important sur les marqueurs biologiques de la forme physique et mentale, de la résilience et du bien-être en généralLes retraites intensives de long terme peuvent donc constituer un moyen particulièrement efficace de tirer parti de ces pratiques.”

crédit photo: pixabay

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