Le Monde publie…

Le moteur de recherche français connaît une forte croissance, et il parie sur différents projets comme l’imagerie médicale, le paiement en ligne et la prévention des feux de forêt.

« On accélère. » La formule utilisée par Eric Léandri pour qualifier la manière dont il gère ses affaires pourrait s’appliquer à la manière dont il conduit ses visites. Jeudi 14 juin, alors qu’il faisait visiter les nouveaux locaux parisiens de Qwant, la société qu’il dirige, c’est au pas de charge qu’il a guidé Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, et Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’Etat au numérique, à travers les étages de cet immeuble du 16e arrondissement. Et au même rythme qu’il a annoncé les innovations que Qwant veut lancer dans les prochains mois.

Trente minutes plus tard, on pouvait se demander de quoi Qwant est-il le nom. Faut-il parler encore de moteur de recherche pour une entreprise qui parie sur des projets d’imagerie médicale, de système de paiement en ligne, de prévention des feux de forêt ou de réalité augmentée appliquée au sport ?

Parmi les innovations annoncées, certaines ont déjà fait l’objet de tests en situation réelle. La technologie qui permet de transformer une IRM en image 3D a été utilisée lors d’une opération pour retirer des fibromes sur une patiente. Quant au dispositif de repérage des départs de feu, il va être testé cet été en Corse.

Soutien appuyé des pouvoirs publics

Mais le cœur de l’activité de Qwant reste bien son moteur de recherche, qui, s’il n’inquiète pas encore Google – entre 4 et 6 % de part de marché en France, moins de 2 % en Allemagne, en Italie et en Espagne –, connaît une forte croissance : le nombre de requêtes sur le moteur est passé de 2,6 milliards, en 2016, à 9,8 milliards, en 2017. En 2017, la société a déclaré un chiffre d’affaires de 3,5 millions et estime pouvoir atteindre 10 millions en 2018, tout en revenant à une situation bénéficiaire après avoir consenti de lourds investissements ces derniers mois. Qwant a, notamment, embauché une centaine de nouveaux collaborateurs pour porter ses effectifs à 160 personnes.

Les récents scandales sur les fuites de données, comme l’affaire Cambridge Analytica, ont offert à Qwant l’occasion de faire valoir son principal argument : à l’inverse de ses illustres concurrents (Google, etc.), le moteur français ne conserve pas les données de ses utilisateurs pour les exploiter. Dans ce contexte, la société a bénéficié d’un soutien appuyé de la part des pouvoirs publics. A telle enseigne qu’un amendement a été adopté lors du vote de la loi sur la protection des données pour favoriser l’installation de moteurs de recherche alternatifs à Google sur les terminaux (portables, tablettes, PC).

Un soutien qui ne s’est pas démenti, jeudi. « Qwant est une réponse à tous les sceptiques qui pensent que la France n’est pas en mesure de développer des entreprises digitales de même niveau que ce qui se fait aujourd’hui aux Etats-Unis ou en Chine », a loué M. Le Maire. Du miel pour Eric Léandri.

crédit photo: capture

1 COMMENTAIRE