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Cette semaine se tient le 18e congrès de la Fédération des Usagers de la Bicyclette. Elle dévoilera vendredi son baromètre des viles cyclables françaises. Son président Olivier Schneider revient avec nous sur la place du vélo dans les déplacements au quotidien.

Cette semaine se tient le 18e Congrès de la FUB (Fédération des usagers de la bicyclette), où en sommes-nous de la place du vélo en France ?

Nous allons dévoiler les résultats de notre baromètre de villes cyclables en France. Sur 300 villes évaluées, seules une dizaine ont un niveau acceptable. Pourtant, pas une n’arrive au niveau d’une ville néerlandaise ou danoise. Nous constatons un contraste entre les territoires. Il existe des villes où ça va mieux et d’autres moins bien. Dans les territoires ruraux, le sujet du vélo ne passe pas. Ils prennent du retard. La situation se révèle préoccupante pour la mobilité et la santé publique. La sédentarisation des sociétés occidentale devient un enjeu de santé publique. Or, l’Organisation mondiale de la Santé recommande une demi-heure d’activité physique par jour, ce peut-être marcher ou pédaler.

Le vélo possède un énorme potentiel car, dans notre pays, 75 % des déplacements font moins de 5 kilomètres. Cela se parcourt en 20 minutes en vélo. Les Françaises et Français se disent prêts à pédaler si un système vélo est mis en place c’est-à-dire des infrastructures et des services adaptés : pistes cyclables, continuité des parcours, apprentissage, stationnements sécurisés, magasins et ateliers pour les réparations.

Qu’est ce qui a changé dans la perception du vélo ces dernières années ?

Les associations de défense du vélo sont désormais considérées par les politiques. Nous sommes aujourd’hui reçus dans les ministères. Le sujet fait sourire certains, mais il est traité avec moins de condescendance. Il intéresse. Au cours des 3 mois de consultation, il a gagné sa place dans les dernières assisses de la mobilité. Nous attendons le lancement d’un plan vélo sur lequel il est trop tôt pour se prononcer.

Les mesures gouvernementales (prime à l’achat d’un vélo à assistance électrique, indemnité kilométrique…) ont-elles porté leurs fruits ?

Le gouvernement n’est pas allé au bout de ces mesures. De fait, le bonus à l’achat d’un vélo à assistance électrique (VAE) a été quasiment supprimé, c’est devenu très compliqué de l’obtenir depuis le 1er février.  La mesure a été un succès puisque les ventes de ce type de vélos ont doublé. Nous touchons du doigt un paradoxe, le bonus pour le VAE a été supprimé, je cite, parce que « ça marche trop bien ». Or, cette prime était utile, elle permettait à des revenus modestes de s’équiper.

On préfère aujourd’hui aider l’achat de véhicules électriques. Ils coutent plusieurs milliers d’euros, ce qui les réserves aux ménages les plus riches. Quant à l’indemnité kilométrique pour les salariés se rendant au travail à vélo reste facultative : seules quelques entreprises et collectivités volontaires l’ont mise en place.

Aujourd’hui, 3 % des déplacements se font à vélo, 12,5 % de déplacements en vélo en 2030, est-ce un objectif atteignable ?

Si les moyens sont mis, c’est possible. C’est indispensable d’y arriver pour tenir les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre pris lors de la COP21 sur le climat. Mettre en place un plan vélo est l’une des mesures les moins couteuses qui soient pour la mobilité durable. De nombreuses villes du monde entier l’ont déjà expérimentée. Pour inciter les gens à se déplacer au quotidien avec un vélo, il faut mettre en place les conditions. De plus, tripler la part modale du vélo figure dans les engagements pris pour l’organisation des Jeux Olympiques de 2024 à Paris.

Existe-t-il une mesure prendre en priorité pour favoriser la mobilité à vélo ?

Nous demandons la création d’un fonds vélo pour aider des villes pilotes à mettre en place un système vélo. Cela créerait des villes exemplaires pour inspirer d’autres villes. Il faut commencer par rendre les déplacements à vélo possibles grâce aux infrastructures avant d’inciter les personnes à prendre le vélo.

Il faudrait aussi intégrer le vélo à la reforme ferroviaire en créant 200 000 places de stationnements sécurisés à proximité des gares, sur le modèle des Pays-Bas, de l’Allemagne ou du Royaume-Uni. Plutôt que de dire qu’il faut fermer des lignes de train faute de passagers, nous devrions faire en sorte que les gens reviennent au train. Le vélo peut aider à se rendre dans les gares. De plus, un vélo nécessite moins de place pour se garer qu’une voiture.

Enfin avez-vous un conseil pour les personnes qui souhaiteraient passer au vélo pour leurs déplacements au quotidien ?

De se rendre sur le site Internet de la Fédération des Usagers de la Bicyclette pour trouver une vélo-école associative et prendre un cours de remise en selle. En 1 ou 2 séances de cours particuliers, on y apprend les bases de l’usage du vélo au quotidien auprès de cyclistes expérimentés : comment choisir son vélo, trouver des itinéraires adaptés, de quelle manière se comporter dans la rue pour être en sécurité. Échanger avec quelqu’un rassure.

Propos recueillis par Julien Leprovost

Le site de la FUB http://www.fubicy.org/ – crédit photo: pixabay

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