Tokyo (AFP) – La Fondation Tara de recherche sur l’océan, dont la goélette scientifique a accosté mercredi au Japon, appelle à des jeux Olympiques de Tokyo-2020 « sans plastique à usage unique »: ces gobelets, pailles ou sacs dont beaucoup finissent par polluer les mers du globe.

Parti du port français de Lorient le 28 mai 2016, le voilier parcourt depuis le Pacifique où il continue son inlassable prélèvement de particules et morceaux de plastique à travers les mers du monde entier pour les analyser.

En juin, il traversera entre Hawaï et la Californie le « continent » de plastique, énorme décharge flottante, après avoir embarqué une équipe internationale de sept scientifiques dédiés à cette question.

« Le plastique vient de nos campings, de nos maisons, de notre agriculture, de notre industrie, de notre cuisine et il coule le long des ruisseaux, rivières, fleuves et arrive dans la mer », a expliqué Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara lors d’une conférence de presse à bord de la goélette en baie de Tokyo.

Une partie de ces objets se désagrège en petits morceaux sur lesquels se fixent des micro-algues et organismes dont l’odeur attise l’appétit des poissons, introduisant ces produits chimiques dans la chaîne alimentaire.

« Il ne faut pas croire qu’on va nettoyer la mer, je n’y crois pas une minute », dit-il à l’AFP, estimant « dangereux » de le prétendre car cela encourage la négligence.

« Il faut consommer moins de plastique », martèle-t-il dans un pays dont les habitants trient les déchets de manière extrêmement méticuleuse en vue du recyclage mais en amont consomment une multitude d’emballages: sac et cuillère en plastique avec le moindre pot de yaourt, paille avec le carton de lait, boîtes à déjeuner immédiatement jetées.

« C’est tout le contraste de ce Japon qui +surtrie+ et est le pays le plus prêt pour l’économie circulaire de la planète, et a à côté de cela une frénésie d’emballage », résume M. Troublé.

« Pourquoi pas un Tokyo 2020 sans plastique à usage unique? », a-t-il lancé devant les journalistes.

« Notre proposition pour Tokyo-2020 est de saisir cette opportunité pour sensibiliser le Japon à la question du plastique à usage unique ou éphémère, avec une communication des JO en ce sens un an avant et pendant les jeux », dit-il, suggérant l’usage à la place de plastique biodégradable et de carton.

Tokyo-2020 prépare un plan de durabilité des jeux dont les principes seront publiés prochainement, a indiqué un porte-parole à l’AFP.

Selon les derniers chiffres de l’Institut de gestion des déchets plastiques du Japon, ce pays a consommé en 2015 9,64 millions de tonnes de plastique.

Quelque 8,3 milliards de tonnes de plastique (hors production par recyclage) ont été produites à ce jour par l’humanité, à un rythme accéléré, selon un article de 2017 de la publication scientifique Science Advances.

© AFP – crédit photo: capture

1 COMMENTAIRE