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Réduire la douleur, l’anxiété et les troubles du sommeil : voici les vertus de la musicothérapie, de plus en plus utilisée dans les hôpitaux. 

Écouter de la musique assis confortablement dans un fauteuil, un casque sur les oreilles, les yeux fermés : il est facile d’imaginer que toutes les conditions sont ainsi réunies pour se relaxer. Depuis plusieurs décennies, les scientifiques se penchent sur les bénéfices de la musicothérapie – qu’elle soit « active » lorsque le patient joue un instrument ou « réceptive » lorsqu’il écoute -, afin de proposer à ceux atteints de dépression, d’anxiété, de troubles du sommeil et de douleurs chroniques une solution alternative aux médicaments. Créée en 2009 par un docteur en psychologie clinique, la start-up Music Careest l’une des seules en France à proposer l’écoute de musiques destinées aux patients hospitalisés. Sciences et Avenir avait testé son application de musicothérapie présente dans une centaine d’établissements hospitaliers, lors du salon « Paris Healthcare Week », salon dédié aux professionnels de la santé, qui se tient Porte de Versailles du 24 au 26 mai 2016.

Une thérapie basée sur l’hypnose

Après avoir téléchargé l’application du nom de la start-up(sur smartphone ou tablette), nous sommes invités à choisir une musique. Étonnamment, un choix varié de propositions s’offre à nous, bien au-delà de la musique classique : jazz, reggae, musique celtique, ou encore issue de film, etc. Les séquences ont été composées en studio par des compositeurs de renom, dont Vin Gordon, tromboniste de Bob Marley ! Nous pouvons choisir le temps de la séance (entre 20 minutes et 1 heure) et l’un des trois modes suivant : endormant (destiné notamment aux patients en pré-opératoire), relaxant et dynamisant (utile en post-opératoire). Les variations du rythme, de la mélodie, des fréquences et l’harmonie varient pour chacun (voir schéma ci-dessous). Nous optons pour le mode « relaxant » sur de la musique celtique durant 20 minutes : un succès, partagé par une psychomotricienne qui a testé en même temps que nous l’application.

« La séquence en U, adaptée pour la relaxation, est connue des spécialistes en musicothérapie et est basée sur les principes de l’hypnose. Elle comprend trois phases : une première représentant votre état de conscience, vous amenant progressivement à une modification de celui-ci pour arriver à une phase de relaxation (deuxième phase) puis une reprise progressive de l’état de conscience (troisième phase) », nous explique Stéphane Guétin, médecin et PDG de la start-up. Pourquoi cette technique fonctionne-t-elle ? « Au niveau neurophysiologique, la musique stimule naturellement la production d’endorphines et de dopamine, neurotransmetteurs agissant directement sur la douleur« , ajoute le spécialiste.

La musicothérapie efficace dans la maladie d’Alzheimer

Une pléthore d’études a déjà démontré les multiples effets bénéfiques de la musique, jouée ou écoutée, sur la structure et le fonctionnement du cerveau : elle provoque des changements du flux sanguin cérébral, régule les émotions et augmente le sentiment de plaisir, en activant certaines zones du cerveau notamment celle nommée « le circuit de la récompense ». Stéphane Guétin a testé à plusieurs reprises la « séquence en U » chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer : avec des séances hebdomadaires, une diminution de l’anxiété et des consommations médicamenteuses est observée dès la 4e semaine. Un constat appuyé par la Haute Autorité de la Santé (HAS), qui recommandait dès 2008 la musicothérapie comme traitement non médicamenteux contre les symptômes psychologiques et comportementaux de la maladie d’Alzheimer. Ce traitement original (dont l’abonnement sur un an pour un patient est affiché par Medical Care au prix de 540 euros HT), pourrait dans un avenir proche être recommandé pour d’autres pathologies : en 2015, des chercheurs américains suggéraient que la musique soit utilisée comme traitement complémentaire aux médicaments dans la prise en charge de l’épilepsie.

crédit photo: pixabay

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