Tokyo (AFP) – Un tribunal de Tokyo a ordonné à l’opérateur de la centrale nucléaire dévastée de Fukushima de verser plus de 8 millions d’euros de dédommagements à des habitants qui ont fui la région après la catastrophe de mars 2011, a indiqué jeudi un avocat des plaignants.

Tokyo Electric Power (Tepco) est sommé de régler la somme totale de 1,1 milliard de yens à 318 anciens résidents de l’arrondissement Odaka de Fukushima, à environ 20 kilomètres de la centrale.

Cette somme représente un dixième de ce que demandaient les plaignants qui invoquaient les difficultés financières et les souffrances psychologiques subies après la catastrophe nucléaire provoquée par un puissant tremblement de terre suivi d’un tsunami.

Tepco avait déjà accepté de payer à chacun d’eux 8,5 millions de yens, mais cette décision de justice exige une somme supplémentaire de 3,3 millions de yen, selon Isamu Oki, un des avocats des habitants.

Les résidents sont en théorie autorisés à rentrer à Odaka, déclaré décontaminé par le gouvernement mais quelques dizaines de personnes seulement sont rentrées chez elles en raison de problèmes financiers et d’inquiétudes pour leur santé, a expliqué l’avocat à l’AFP.

« Ce sont surtout ceux qui ont des petits enfants qui s’inquiètent (…) tandis que les personnes âgées ne peuvent pas revenir sans un soutien familial », a-t-il ajouté.

Junichiro Hironaka, qui dirige l’équipe de défense des habitants, avait estimé mercredi que la décision du tribunal montrait qu’il reconnaissait la notion de « compensations pour la perte de sa ville d’origine ».

Mais, pour lui, les dommages supplémentaires accordés sont insuffisants, ce qui laisse entendre que les plaignants pourraient faire appel. Tepco a de son côté dit examiner la décision du tribunal avant de décider de la marche à suivre.

Quelque 12.000 personnes ayant quitté leur domicile par peur des radiations ont déposé des dizaines de plaintes contre le gouvernement japonais et contre Tepco.

En mars 2017, un tribunal de Maebashi, dans l’est du pays, avait jugé le gouvernement et Tepco responsables de la catastrophe. En juin 2017, trois ex-responsables de Tepco avaient été traduits en justice. Ils sont les seules personnes liées à la catastrophe de Fukushima à être poursuivis au pénal. Le procès est en cours.

Un violent séisme sous-marin avait soulevé le 11 mars 2011 une gigantesque vague sur les côtes du nord-est du Japon. Plus de 18.000 personnes ont péri ou ont été portées disparues. La vague a provoqué dans la centrale l’accident nucléaire le plus grave de l’histoire depuis celui de Tchernobyl en URSS en 1986.

© AFP – Un employé de Tepco marche devant le 3e réacteur de la centrale d’Okuma, dans la province de Fukushima, au Japon, le 31 janvier 2018
© AFP/Archives Behrouz MEHRI

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