C’est une première mondiale. Enchaîner tumorectomie et une séance de moins d’une minute de radiothérapie de contact: exploit au Centre Antoine Lacassagne, à Nice.

Rentrer le matin à l’hôpital, direction le bloc opératoire. En sortir le soir, après avoir subi l’ablation de sa tumeur mais aussi bénéficié d’une unique séance de radiothérapie de moins d’une minute. Et après? Rien, sinon une simple surveillance. C’est le fruit d’un travail d’équipe dont l’investigateur principal est le Pr Jean-Michel Hannoun-Levi, associé au Pr Emmanuel Barranger. Un travail porté par un radiothérapeute niçois de renom, le Pr Jean-Pierre Gérard. Au-delà de la prouesse médicale, cette avancée majeure doit être saluée pour les bénéfices psychologiques qu’elle porte.

LA FIN DES DES DÉPLACEMENTS QUOTIDIENS

« Classiquement, le traitement des petites tumeurs du sein (moins de 2 cm de diamètre sans atteinte ganglionnaire, Ndlr) est chirurgical (tumorectomie), suivi de 6 semaines de radiothérapie, à raison de 5 séances par semaine pour prévenir une rechute locale. »

Au total, 30 séances imposant aux patientes des déplacements quotidiens à l’hôpital qui souvent « installent » la maladie dans l’esprit et lui confèrent un caractère de gravité. L’idée de réduire le nombre de ces séances n’est pas nouvelle. 

« Dès 2011, a commencé à se développer la radiothérapie peropératoire, avec un appareil nommé Intrabean, relate le Pr Gérard. Une fois la tumeur retirée, le chirurgien et l’oncologue radiothérapeute positionnent au contact direct de la zone où se situait la tumeur un applicateur sphérique qui va guider le tube à rayons X. L’irradiation est alors délivrée, la patiente étant toujours sous anesthésie générale », résume le Pr Gérard.

30 MINUTES D’IRRADIATION

Quelque 17.000 femmes atteintes de cancer du sein ont déjà bénéficié de cette approche avec des résultats très encourageants. Seul facteur limitant pour le développement de la technique: le temps d’irradiation, très long, 30 minutes, voire plus. L’équipe niçoise du Centre Antoine Lacassagne a réussi à le contourner. « En coopération avec une start-up britannique, nous avons conçu un nouvel appareil (Papillon+), doté d’un système de refroidissement original qui permet de réduire le temps d’irradiation à moins d’une minute pour délivrer une dose de 20 grays ! »

Cet appareil est dérivé du Papillon 50, déjà utilisé au Centre Antoine Lacassagne pour traiter les cancers du rectum et de la peau.

Après Suzanne, une Varoise de 65 ans, opérée le 25 octobre dernier, c’est Marie, une Niçoise de 90 ans qui bénéficiait cve vendredi de cette nouvelle technique.

« Cette patiente refusait de se soigner ; c’est la seule alternative qu’elle a acceptée. » Quelque 40 patientes au total devraient participer à cette étude clinique contrôlée par la HAS (Haute Autorité de santé). Si ses bénéfices sont confirmés, l’approche pourrait bénéficier à environ 10 % des femmes atteintes par un cancer du sein. « L’objectif est d’atteindre moins de 4 % de rechutes locales et surtout plus de 95 % de patientes satisfaites », insiste le Pr Gérard.

Si c’est le cas, la technique réservée dans les textes aux femmes de plus de 60 ans, pourrait dans l’avenir concerner une population beaucoup plus large. Comment en effet ne pas favoriser ce qui aujourd’hui devient prépondérant : « la guérison sans mutilation, avec des traitements moins contraignants qui permettent de mieux surmonter l’épreuve psychologique de la maladie cancéreuse ». Probablement la plus difficile.

source – crédit photo: pixabay

1 COMMENTAIRE