Miramas (France) (AFP) – Lessive à la cendre, meuble en carton, pâtes achetées en vrac : par une multitude de « petits gestes », Christelle et sa famille ont relevé « facilement » le défi de réduire de moitié leur production de déchets lancé par la mairie de Miramas, près de Marseille.

« Trouver des astuces pour économiser ses déchets est devenu un jeu », explique Christelle Maurin en jetant les fanes de ses légumes dans le compost situé au fond du jardin du modeste pavillon familial. En 2015, comme une quinzaine d’autres familles, les Maurin et leurs trois enfants se sont portés volontaires pour participer au programme lancé par la mairie socialiste consistant à diviser par deux le poids de sa poubelle en 8 mois.

« Nous voulons montrer que prendre soin de l’environnement n’est pas réservé à des bobos parisiens, des gens riches, mais que chacun peut le faire », défend Véronique Arfi, chargée de projet de la mairie de Miramas, une ville populaire où sont organisées jusqu’à samedi des « Rencontres internationales du zéro déchet ».

Pour Christelle, femme au foyer, son mari technicien et leurs trois enfants, deux jumelles de 10 ans et un adolescent de 15 ans, il a fallu changer ses habitudes : utiliser des serviettes en tissu au lieu du rouleau d’essuie-tout « qui faisait la semaine », acheter en vrac ou en grande quantité – comme des bidons de liquide-vaisselle de 5 litres ou des paquets de farine de 5 kg.

Outre une drastique diminution des emballages, cela a permis de réaliser « d’importantes économies », souligne Christelle qui sac sur l’épaule s’apprête à se rendre au supermarché du coin avec ses boîtes en plastique pour emporter les aliments achetés à la coupe.

« Les freins sont surtout psychologiques. Il faut changer son organisation et anticiper plus, mais je ne le vis pas comme une contrainte », poursuit la quadragénaire aux courts cheveux grisonnants. Elle n’hésite pas non plus à fabriquer sa lessive avec la cendre de son poêle, à élaborer sa moutarde ou encore à confectionner un meuble avec de vieux cartons et calendriers.

« Certes ce sont des petits gestes, mais si tout le monde fait comme nous, cela peut engendrer beaucoup de changements », veut croire Kylian, 15 ans, le fils de la famille, reconnaissant qu’au début il ne savait « pas trop à quoi il allait faire face ».

Mises bout à bout, ces actions ont permis en quelques mois aux cinq membres de la famille de passer de 20 à 8 kg de déchets résiduels par mois, alors que la production moyenne de déchets non recyclés est de 300 kg par an et par habitant en France, selon l’association Zéro Waste.

« On ne souhaite vivre dans le passé, mais consommer différemment », prévient toutefois la mère de famille soucieuse que ses enfants « ne soient pas à la marge » de la société et qui ne veut pas « sacrifier son confort ».

La machine à café fonctionne encore avec des capsules en aluminium, la climatisation peut tourner quelques heures les soirs d’été, les douches peuvent durer et les mouchoirs en papier ont toujours leur place, reconnaît ainsi la maisonnée.

Si Christelle ne vise pas les performances de Béa Johnson, figure de proue du « Zéro déchet » qui ne produit que 183 grammes de déchets en une année, elle assistera « par curiosité » à la conférence de la Franco-américaine, qui clora samedi les Rencontres internationales organisées à Miramas.

Fière d’avoir créé une « communauté de familles pionnières », la mairie, qui a également demandé aux commerçants de réduire la distribution de sacs en plastique, assure avoir réduit de 10% la production des déchets de ses 26.000 habitants et prévoit d’élargir le défi à une centaine d’autres familles.

© AFP – crédit photo: « Trouver des astuces pour économiser ses déchets est devenu un jeu », explique Christelle Maurin en jetant les fanes de ses légumes dans le compost situé au fond de son jardin, à Miramas.
© AFPTV Antoine Bouthier

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