C’est un rituel qui se renouvelle chaque année, depuis bientôt deux siècles. Une foule d’individus enserrant les grilles d’un magasin dès son ouverture, avec la crainte de se faire devancer une fois arrivée devant l’article rêvé. Les soldes interviennent deux fois par an pour le plus grand bonheur de nombreuses fashion victims. Symbole ultime de la société de consommation, les soldes naissent avec la grande distribution au XIXe siècle.

« Au bonheur des dames »

Le précurseur de ce commerce bradé n’a rien d’un Louis Vuitton ou d’un Christian Dior. C’est un commerçant inconnu, du nom de Simon Mannoury, qui dans son magasin, le Petit Saint Thomas, a mis en place les premiers prix cassés. Sans lui, plusieurs millions de shopping addict seraient désoeuvrées à chaque fin de saison. En 1830, Mannoury crée des ventes à distance, un système de prix fixes étiquetés. Rien n’arrête alors ce gérant qui imagine aussi pour les enfants, des promenades à dos d’âne dans les rayons de son magasin. Repris en 1852 par un de ses employés, Aristide Boucicaut, le Petit Saint Thomas devient le Bon marché, grand magasin qui a inspiré Zola pour Au bonheur des dames. La grande échoppe devient réellement le bonheur de ses dames.

Une véritable révolution

Mannoury a inventé bien plus qu’un concept. C’est une véritable révolution de la consommation qui est enclenchée. Guidé par les midinettes (des vendeuses qui mangent leur « dinette » à midi), l’acheteur devient maître de ses emplettes. Le boom des grands magasins lancé, de nombreuses enseignes fleurissent dans la capitale : le printemps en 1865, les Galeries Lafayette en 1894… Solde se dit alors au singulier et désigne un bout de tissu qui vaut un sou (soulde en vieux français). C’est avec les premières lois encadrant ce système de fixation de prix que les soldes s’expriment au pluriel. Les premiers textes officiels apparaissent dès 1906 : les marchands adeptes de ce type de vente doivent alors obtenir une autorisation du maire de leur cité. Ils ont aussi l’obligation de tenir des comptes précis sur leurs inventaires. En 1962, 1989, 2008 puis 2014, la législation a amélioré à plusieurs reprises ce texte novateur.

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